La FAO s’apprête à accélérer la cartographie des éléments nutritifs des sols en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne

Contribution de 20 millions d’USD des États-Unis d’Amérique pour une plus grande efficacité d’utilisation des engrais

© FAO

Agriculteurs au travail au Guatemala

©FAO

27/07/2022

Rome - Grâce à une contribution de 20 millions d’USD de la part du gouvernement des États-Unis d’Amérique, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) donnera un élan décisif à un projet de cartographie numérique des nutriments des sols, promettant de fortes retombées en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne. Ce type de cartographie des sols peut contribuer à améliorer l’efficacité de l’utilisation des engrais et  concourir à la sécurité alimentaire et la nutrition.

«Cette contribution vient à point nommé pour nous permettre de généraliser le recours à la cartographie des sols dans les régions où elle est le plus nécessaire, et où nous voyons l’usage des engrais reculer à mesure qu’augmentent leurs prix», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, en saluant cet investissement. «Comprendre quels sont les éléments nutritifs dont les sols et les cultures ont besoin nous aidera à éviter le gaspillage d’engrais et à en faire un usage plus efficace».

Mme l’Ambassadrice Cindy McCain, Représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de la FAO et des organisations des Nations Unies ayant leur siège à Rome, a annoncé cette contribution lors d’une tournée de visites d’une semaine qu’elle effectuait au Guatemala et au Honduras. Ces fonds permettront de s’attaquer à ce qu’elle désigne comme «une crise alimentaire mondiale sans précédent» et de répondre aux besoins immédiats et à long terme de nombreux pays face à la flambée des prix des produits alimentaires et des engrais. Les incidences de la crise climatique, notamment les sécheresses fréquentes, les inondations et les hausses de température, compromettent elles aussi la sécurité alimentaire et la nutrition. Il est essentiel de gérer les sols selon un mode durable, qui permette d’accroître la résilience et de s’adapter à cette évolution, et de le faire par des décisions éclairées et une surveillance permanente de la santé des sols.

Ce financement servira principalement à cartographier de manière ciblée la teneur en nutriments des sols en vue de systématiser et d’améliorer les cartes pédologiques dont disposent déjà le Guatemala et le Honduras, ainsi que d’autres pays d’Amérique centrale et d’Afrique subsaharienne. Mme l’Ambassadrice McCain a rappelé à ce sujet que la FAO possède dans ces pays une expérience probante du renforcement des capacités et de la digitalisation des cartes pédologiques, qui ont des effets bénéfiques rapides sur les rendements et la durabilité des cultures.

La FAO prête déjà son appui à la transposition à plus grande échelle d’un projet pionnier exécuté en Éthiopie, où l’agriculture, presque exclusivement entre les mains de petits exploitants, représente 40 pour cent de l’activité économique créatrice de valeur et emploie plus de 80 pour cent de la population. Ce projet a eu recours à des technologies de cartographie numérique des nutriments des sols qui ont permis de dégager des informations en temps voulu, en particulier sur la manière d’optimiser l’utilisation des engrais, et ces activités se sont déjà soldées par des augmentations de rendement et des disponibilités de céréales de qualité supérieure dans le pays.

En accompagnant la création de bases de données nationales sur les sols et l’instauration de systèmes d’information pédologique pour en faire des biens publics au service des décideurs, du secteur privé et plus particulièrement des agriculteurs, on peut faire naître des avantages sur le long terme, mais aussi accroître la flexibilité dans le court terme, à savoir la capacité de s’adapter aux tendances des marchés des engrais et à la dynamique climatique sans compromettre les niveaux de production.

La nécessité de prêter appui à l’Amérique centrale

Près d’une personne sur six au Guatemala et au Honduras souffre de malnutrition, et la moitié environ ne peut se permettre un régime alimentaire sain, d’après le dernier rapport de la FAO sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde.

Un tiers environ des terres arables d’Amérique centrale sont constituées de sols dégradés, proportion qui correspond grosso modo à la moyenne mondiale. L’agriculture de la sous-région se concentre traditionnellement dans les zones montagneuses, où les pentes sont particulièrement sujettes aux glissements de terrain et à l’érosion par l’eau. Ces forces, accentuées par les constantes météorologiques extrêmes que catalyse le phénomène La Niña, dont les effets sont souvent amplifiés par la déforestation et d’autres facteurs anthropiques, emportent les couches arables riches en matière organique, ce qui peut entraîner des déséquilibres dans les nutriments du sol. Parmi les conséquences de cette évolution, on doit citer une pression migratoire constante, qu’il s’agisse d’exode rural ou d’émigration des villes vers l’étranger. La pauvreté et la vulnérabilité aux catastrophes, qui réduisent à néant les moyens d’existence, sont particulièrement marquées dans le couloir de la sécheresse d’Amérique centrale, périmètre peuplé de 10 millions de personnes, ce qui en fait une zone de prédilection pour les initiatives de développement de la résilience que les cartes pédologiques viendront étayer.

La FAO crée un système régional d’information sur les sols (SISLAC) servant au traitement des données pédologiques qui lui sont transmises par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

Pour en savoir plus sur le travail de la FAO sur les sols

Cette semaine, la FAO et son Partenariat mondial sur les sols accueillent le Colloque international sur les sols au service de la nutrition, où des débats sont en cours sur la fertilité des sols du monde et les moyens d’augmenter la disponibilité en nutriments des sols pour les cultures sans endommager l’environnement.

Le Partenariat mondial sur les sols de la FAO aide les pays à établir des systèmes nationaux d’informations sur les sols et à élaborer des cartes mondiales, telles que la Carte mondiale du carbone organique des sols; la Carte mondiale du potentiel de piégeage du carbone organique dans les sols; la Carte mondiale des sols salinisés et la Carte mondiale de répartition des chernozems.

Le Partenariat mondial sur les sols regroupe actuellement plus de 500 experts nationaux de 52 pays d’Amérique centrale et d’Afrique subsaharienne, et leur prête son concours en produisant des données hautement prioritaires ayant trait aux principaux facteurs qui menacent l’intégrité des sols et au potentiel des ressources pédologiques, le but de cette collaboration étant de faire face aux incidences de la crise climatique et de s’attaquer à l’insécurité alimentaire.

En collaboration avec ses Membres, la FAO travaille aussi à l’établissement de cartes mondiales des nutriments des sols et de leur bilan nutritif. L’Organisation œuvre aussi à la mise en place du Système mondial d’information sur les sols (GLOSIS) et à l’instauration du Réseau mondial des laboratoires pédologiques (GLOSOLAN) dont la vocation est d’augmenter les capacités de ces derniers, notamment par la spectroscopie des sols qui permet une caractérisation rapide, rentable et non destructive des propriétés des sols.

La Carte FAO/UNESCO des sols du monde, dont l’élaboration a débuté en 1961, et qui fait l’objet de mises à jour régulières, est une base de référence mondiale. L’intensification des travaux dans ce domaine, mobilisant souvent des technologiques géospatiales et d’apprentissage automatique, permet une plus grande précision et l’élaboration d’outils décisionnels qui tiennent compte de la nutrition, ouvrant ainsi la voie à de meilleurs retours sur investissement dans l’utilisation des intrants agricoles, dont les engrais.

Contacts

Christopher Emsden FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53291 [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]