L’insécurité alimentaire à Sri Lanka devrait s’aggraver du fait des faibles récoltes, de la flambée des prix et de la crise économique en cours, alertent la FAO et le PAM.

Près de 30 pour cent de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë, et cette situation est appelée à s’aggraver faute d’une aide d’urgence.

© FAO/Prakash Singh

Agriculteurs travaillant dans une rizière à Kudewella, Sri Lanka.

©FAO/Prakash Singh

12/09/2022

Colombo/Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont prévenu aujourd’hui dans un nouveau rapport que, d’après leurs estimations, 6,3 millions de personnes à Sri Lanka souffraient d’insécurité alimentaire aiguë de niveau modéré à grave et que leur situation devrait s’aggraver si elles ne reçoivent pas une assistance vitale et une aide destinée à préserver les moyens de subsistance.

D’après le rapport de la Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire, deux campagnes consécutives de récoltes médiocres ont occasionné une chute de près de 50 pour cent de la production agricole, ce à quoi il faut ajouter la baisse des importations de céréales à usage alimentaire en raison des contraintes pesant sur les échanges internationaux.

Le rapport note qu’il est urgent de mettre en place des programmes d’aide alimentaire et de préservation des moyens de subsistance – y compris en s’appuyant sur les mécanismes d’aide sociale existants – pour permettre aux familles d’avoir une alimentation nutritive, en particulier celles qui sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë de niveau modéré ou grave. Si aucune aide n’est apportée, la situation en matière de sécurité alimentaire devrait s’aggraver, en particulier pendant la période de soudure allant d’octobre 2022 à février 2023, en raison des mauvaises récoltes de produits de base, notamment le riz paddy, et de la crise économique en cours.

«Pour éviter que la situation en matière de sécurité alimentaire ne continue à se dégrader et faciliter le rétablissement de la production agricole, aider les petits producteurs à préserver leurs moyens de subsistance doit rester une priorité», a déclaré le Représentant de la FAO à Sri Lanka, M. Vimlendra Sharan. «Étant donné qu’environ 30 pour cent de la population vit de l’agriculture, l’augmentation des capacités de production agricole aura pour effet, à terme, de stimuler la résilience du secteur, réduira les besoins d’importations alors que les réserves de devises s’épuisent, et évitera la montée de la faim».

«Après des mois d’une crise économique éreintante, les familles se retrouvent prises au piège et sont épuisées. Plus de 60 pour cent des familles mangent moins et achètent des denrées moins chères et moins nutritives. Et ce, au moment où les difficultés financières ont contraint l’État à revoir à la baisse ses programmes relatifs à la nutrition, s’agissant par exemple des repas scolaires et d’aliments enrichis destinés aux mères et aux enfants sous-alimentés. La première priorité du PAM est de fournir sans délai une aide alimentaire et nutritionnelle aux groupes les plus à risques pour éviter que leur état nutritionnel ne se dégrade encore», a expliqué le Représentant et Directeur du bureau de pays du PAM à Sri Lanka, M. Abdur Rahim Siddiqui.

À la demande du Gouvernement, la Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire s’est rendue dans chacun des 25 districts du pays entre juin et juillet 2022 pour analyser la production agricole de l’année 2022, notamment des principales céréales de base, ainsi que pour examiner la situation des ménages au regard de la sécurité alimentaire.

Nette diminution des récoltes

La profonde crise macro-économique que traverse Sri Lanka a provoqué de graves pénuries et fait flamber les prix de produits essentiels, notamment des denrées alimentaires, des intrants agricoles, du carburant et des médicaments, ce qui a porté un coup brutal à l’activité économique et a fortement perturbé la production agricole.

D’après le rapport de la Mission, la récolte de riz paddy, principal aliment de base, devrait s’élever à 3 millions de tonnes en 2022, soit le niveau le plus bas depuis la sécheresse de 2017, principalement en raison du faiblement rendement dû à une utilisation moindre d’engrais.

La production de maïs, denrée principalement destinée à l’alimentation animale, est inférieure d’environ 40 pour cent à la moyenne des cinq dernières années, ce qui a des conséquences négatives sur les élevages de volaille et de bétail. La production de légumes, de fruits et de denrées destinées à l’exportation, telles que le thé, le caoutchouc, la noix de coco et les épices, est également bien en‑dessous de la moyenne, ce qui se traduit par une forte baisse des revenus des ménages et des recettes d’exportation.

Le prix de la plupart des denrées alimentaires augmente régulièrement depuis le dernier trimestre 2021 et a atteint un nouveau record en août 2022, sous l’effet de l’inflation du prix des aliments, dont le taux avoisine 94 pour cent en glissement annuel.

On estime à 2,2 millions de tonnes les besoins en céréales d’importation pour l’année 2022. Au premier semestre 2022, plus de 930 000 tonnes de céréales ont été importées; il reste donc à combler un besoin de 1,27 million de tonnes. Compte tenu des difficultés macro-économiques persistantes, ce besoin risque fort de ne pas être satisfait.

Les recommandations formulées par la Mission

Les principales recommandations formulées par la Mission FAO/PAM consistent à fournir sans délai une aide alimentaire ou monétaire à des groupes vulnérables et marginalisés, dont les femmes enceintes et allaitantes, les ménages dirigés par des femmes et les personnes handicapées, pour les aider à satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels immédiats. Il est également recommandé dans le rapport de fournir au plus vite des intrants agricoles, dont des engrais, en priorité aux petits producteurs. Le rapport explique qu’il faut aider les ménages à créer des jardins potagers familiaux pour améliorer leurs apports nutritionnels, tout en fournissant la quantité de carburant nécessaire pour les semis, les récoltes et le transport et la transformation de la production agricole.

Il est également recommandé de fournir à prix subventionné des produits d’alimentation animale riches en nutriments, des vaccins et des kits vétérinaires aux propriétaires d’animaux d’élevage, notamment quand il s’agit d’animaux laitiers et de volaille, afin d’atténuer les effets des pénuries d’aliments pour animaux d’élevage. Il est également considéré comme prioritaire de soutenir la reprise et la poursuite des programmes nationaux relatifs à la nutrition, notamment des programmes de repas scolaires, qui ont pâti des difficultés financières. 

Action de la FAO en réponse à la crise à Sri Lanka

Avec ses partenaires, la FAO est en train de répondre aux besoins urgents au regard de la sécurité alimentaire à Sri Lanka et de préserver les moyens de subsistance des agriculteurs et des pêcheurs vulnérables dans les districts les plus touchés, tout en promouvant l’agriculture urbaine. Afin d’augmenter les capacités de production des petits exploitants, la FAO fournit des engrais à plus de 15 000 d’entre eux dans cinq des districts les plus pauvres du pays. Le projet d’approvisionnement de 116 800 autres petits producteurs est en cours de finalisation. Près de 7 000 petits marins-pêcheurs extrêmement vulnérables ont reçu des transferts monétaires non assortis de conditions destinés à leur permettre de répondre à leurs besoins alimentaires immédiats. Dans le cadre de l’aide axée sur les moyens de subsistance, 8 700 petits cultivateurs de soja vert sont en train d’être formés pour apprendre à augmenter le rendement de leurs cultures et vont recevoir un transfert monétaire en une fois pour pouvoir satisfaire leurs besoins de base sans avoir à adopter des stratégies préjudiciables pour survivre. La FAO encourage également l’agriculture urbaine afin de renforcer la sécurité alimentaire des personnes en situation de pauvreté dans la ville de Colombo: elle fournit ainsi à 600 ménages urbains pauvres des kits d’agriculture, des packs de nutrition et une formation complète pour créer des jardins potagers familiaux ou partagés. Des financements sont actuellement recherchés pour développer ces activités et d’autres actions similaires.

Le travail du PAM à Sri Lanka

Le PAM a débuté son intervention d’urgence en juin avec la distribution de bons d’une valeur d’environ 40 USD à des femmes enceintes vivant dans des zones défavorisées de Colombo, la capitale; le montant de ce bon équivaut à la moitié de la somme nécessaire pour nourrir sainement une famille de quatre personnes pendant un mois. Le PAM compte toucher 3,4 millions de personnes d’ici la fin de l’année, dont 1,4 million avec des transferts monétaires, des bons ou des distributions alimentaires. Cette aide ciblée sera centrée sur les groupes les plus vulnérables et les plus marginalisés, notamment les femmes enceintes et allaitantes, les personnes handicapées ou souffrant de maladie chronique, les foyers dirigés par des femmes, ainsi que les foyers à faible revenu dont plus de quatre membres sont inscrits au programme Samurdhi – programme de protection sociale national. Le PAM aidera également un million d’enfants bénéficiant du programme national d’alimentation scolaire, lequel a été perturbé par les difficultés financières de l’État. Il facilitera la poursuite du programme Thriposha, qui fournit des aliments enrichis aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’aux enfants sous-alimentés de moins de cinq ans.

Contacts

Irina Utkina FAO Actualités et Médias (Rome) +39657052542 [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]

James Belgrave Agent de liaison - PAM (+211) 922001708 [email protected]