G20: selon la FAO, les problèmes internationaux auxquels sont confrontés les systèmes agroalimentaires demandent une réponse complexe

Le Directeur général de la FAO insiste sur le fait que des investissements, des changements stratégiques et une meilleure utilisation des ressources sont essentiels

©FAO/Max Valencia

Pour relever les défis complexes, M. Qu Dongyu a déclaré que la communauté internationale devait mettre en œuvre un ensemble de mesures

©FAO/Max Valencia

10/07/2022

Rome/Labuan Bajo (Indonésie) – M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré aujourd’hui lors d’une réunion importante du G20 que les problèmes pesant sur la sécurité alimentaire mondiale demandaient une réponse complexe passant par des investissements, des changements stratégiques et une meilleure utilisation des ressources.

«Les derniers événements de portée mondiale, qu’il s’agisse de la pandémie de covid-19 et de la crise climatique, des multiples conflits qui font rage dans le monde, ou encore de la guerre en Ukraine, ont tous fortement nuit aux systèmes agroalimentaires de diverses manières», a affirmé M. Qu lors de la réunion des sherpas du G20 rassemblant des représentants gouvernementaux de haut rang.

M. Qu a cité l’édition 2022 du rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, publiée récemment, dans laquelle il est confirmé que la faim dans le monde a encore progressé en 2021, ce qui reflète les inégalités croissantes aux niveaux international et national. Il y est indiqué que 828 millions de personnes ont souffert de la faim en 2021, soit 46 millions de plus qu’en 2020 et 150 millions de plus qu’en 2019 avant la pandémie.

Le conflit en Ukraine accentue les difficultés.

La guerre en Ukraine est venue aggraver une situation déjà délicate. Selon les estimations de la FAO, elle pourrait faire grimper de 13 millions cette année le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique et de 17 millions en 2023.

L’inflation grandissante est également un défi mondial: les prix des denrées alimentaires augmentent au niveau international depuis la mi-2020 en raison de nombreux facteurs. L’Indice FAO des prix des produits alimentaires était de 160 points en mars 2022, un niveau jamais enregistré auparavant.

M. Qu a fait observer que le mois dernier l’Indice, qui permet de suivre les variations mensuelles des cours internationaux d’un assortiment de produits alimentaires de base, affichait une valeur moyenne de 154,2 points, soit 2,3 pour cent de moins qu’en mai, mais restait 23,1 pour cent plus élevé qu’en juin 2021.

D’après les calculs de la FAO, en 2022, l’augmentation du coût des importations de denrées alimentaires se chiffre à 24,6 milliards d’USD pour les 62 pays les plus vulnérables et pèse sur 1,79 milliard de personnes. 

Face à ce problème de plus en plus sensible, la FAO a élaboré un mécanisme mondial de financement des importations alimentaires, qui a pour objectif d’aider les pays à financer leurs achats alimentaires afin de limiter autant que possible les risques de troubles sociaux. «Cette proposition devrait être concrétisée par le Fonds monétaire international dans le cadre de son mécanisme financier lié à la balance des paiements», a plaidé le Directeur général de la FAO. 

Parmi les autres difficultés à surmonter, on compte l’augmentation considérable des prix moyens des engrais, lesquels ont presque triplé depuis la mi‑2021, ainsi que les prix croissants de l’énergie. La modification des routes commerciales et les contraintes actuelles vont accentuer la montée des prix des engrais au niveau mondial. Si les pays produisant les principaux aliments de base, comme le riz, ne peuvent pas se procurer suffisamment d’engrais pour la prochaine période de semis, cela pourrait se répercuter sur l’approvisionnement en denrées alimentaires au niveau mondial.

Le Directeur général s’est dit fortement préoccupé par la réduction des échanges et les ruptures de la chaîne d’approvisionnement. À la fin du mois de mai, on comptait 39 mesures restrictives en matière d’exportations dans 22 pays, qui allaient de l’interdiction à la taxation des exportations et concernaient près de 16 pour cent des exportations agricoles, exprimées en kilocalories.

Mesures à prendre

D’après M. Qu, la communauté internationale doit prendre une série de mesures pour relever ces défis, à savoir:

- Investir dans les pays qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire ceux qui sont le plus durement frappés par la hausse des prix des produits alimentaires. Il ne faut pas seulement fournir une aide alimentaire en temps utile, nous devons aussi nous atteler à stimuler la productivité en nous intéressant davantage à la production locale d’aliments nutritifs. Actuellement, seulement 8 pour cent de l’ensemble des fonds consacrés à la sécurité alimentaire dans les situations d’urgence servent à soutenir la production agricole. Investir dans l’agriculture et les moyens d’existence ruraux est stratégique et 7 à 10 fois plus rentable que l’assistance traditionnelle.

- Mettre en place des politiques qui font grimper la productivité tout en protégeant les ressources naturelles et sont adaptées aux besoins régionaux. Pour transformer les systèmes agroalimentaires de sorte qu’ils fournissent des aliments sains et nutritifs et donnent des résultats plus équitables, il faudra réaliser un investissement financier important, que l’on évalue à 8 pour cent de la taille du marché agroalimentaire. Nous devons également accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine en accélérant les travaux normatifs en matière de sécurité sanitaire des aliments et en réduisant les obstacles tarifaires et non tarifaires. Il faut que les échanges intrarégionaux et les investissements s’accélèrent également dans toutes les régions du monde.

- Veiller à une utilisation plus judicieuse et plus efficace des extrants et des intrants pour produire plus avec moins. À cet effet, nous devons nous attaquer notamment au problème de l’eau car la lutte contre le stress hydrique reste une priorité: 1 milliard d’hectares de terres agricoles sont soumis à de fortes contraintes en ce qui concerne l’eau; 800 millions d’hectares de terres cultivées sans irrigation et de pâturages souffrent fortement de sécheresses récurrentes. Nous devons utiliser les meilleures technologies et règles disponibles pour utiliser l’eau de manière plus efficiente dans l’agriculture. Il est capital de lutter contre les pertes et le gaspillage alimentaires car, à l’heure actuelle, ils représentent des volumes élevés qui pourraient permettre de nourrir environ 1,26 milliard de personnes chaque année. Les engrais doivent également être utilisés plus efficacement grâce à la technologie et aux découvertes scientifiques qui modifient leur utilisation tout au long du cycle de production, sans oublier l’établissement rapide de cartes détaillées des sols afin d’aider les pays les plus vulnérables dans cette démarche.

Le Directeur général de la FAO a déclaré que les principaux accélérateurs pour tous ces aspects étaient l’innovation, la science et la technologie. L’investissement dans la recherche-développement représente la plus forte utilité marginale des bénéfices.

L’innovation technologique et sociale peut limiter les dysfonctionnements des marchés et même améliorer le fonctionnement de ceux-ci.

Les systèmes agroalimentaires numériques doivent être développés pour aider à la transformation des exploitations familiales. La coordination de l’action au sein du G20 et au‑delà est «essentielle pour assurer le bon fonctionnement des marchés alimentaires mondiaux et garantir la disponibilité de denrées alimentaires pour tous», a déclaré M. Qu.

 

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