Lors d’une réunion du G7, le Directeur général de la FAO explique pourquoi il y a lieu d’espérer réduire la faim dans le monde

M. Qu Dongyu exhorte les ministres de l’agriculture du G7 à prendre la mesure de la nécessité d’investir davantage et d’investir mieux dans les systèmes agroalimentaires durables

La réunion du ministère de l’Agriculture du G7 à Syracuse, en Italie.

©FAO/Alessandra Benedetti

27/09/2024

Syracuse (Italie) – Lors d’une réunion du Groupe des Sept (G7) à Syracuse (Italie), les ministres de l’agriculture ont réaffirmé qu’ils étaient largement acquis à l’idée de rendre les systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables afin d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde et ont clairement indiqué que les systèmes agroalimentaires durables pouvaient être mis à profit pour enrayer la crise climatique et l’appauvrissement de la biodiversité.  

Si l’augmentation des financements et la transposition des mesures à plus grande échelle ne se concrétisent pas, «le monde restera loin d’être sur la bonne voie pour atteindre les objectifs d’élimination de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030 ou d’ici à une courte échéance ultérieure», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en s’adressant aux ministres, au Commissaire européen à l’agriculture, à la Commissaire de l’Union africaine à l’agriculture et aux dirigeants des principales organisations multilatérales et internationales. 

Vendredi dernier, lors d’une séance consacrée aux systèmes agroalimentaires rentables, résilients, équitables et durables, M. Qu a présenté certaines des conclusions marquantes du dernier rapport phare de la FAO: l’édition 2024 de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde

Environ 733 millions de personnes, soit 9,1 pour cent de la population mondiale, ont souffert de la faim en 2023. Ce chiffre devrait reculer, mais s’élèverait toujours à hauteur de 582 millions de personnes d’ici à 2030, ce qui est bien loin de l’objectif d’élimination de la faim fixé à cet horizon, comme l’a indiqué le Directeur général.  

Et pourtant, M. Qu a expliqué «pourquoi il y avait lieu d’espérer» et a fait remarquer que des progrès encourageants avaient été accomplis dans de nombreuses sous-régions du monde, en particulier en Amérique latine. Il a ajouté que le pourcentage de la population souffrant de la faim en Afrique, qui est plus élevé qu’ailleurs dans le monde, avait néanmoins encore augmenté d’un demi-point entre 2022 et 2023. 

Les progrès étant très inégaux, le Directeur général a indiqué que la FAO surveillait désormais un indicateur stratégique essentiel, à savoir l’accès économique à une alimentation saine. Si l’on avait observé, après la pandémie de covid-19, un léger recul à l’échelle mondiale du nombre de personnes n’ayant pas les moyens de s’alimenter sainement en 2022, ce nombre avait considérablement augmenté en Afrique et avait dépassé les niveaux d’avant la pandémie dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. 

La FAO prête un appui aux délibérations du G7 et du G20 sous la forme d’avis en matière de politique fondés sur des données factuelles, de contributions techniques, de rapports thématiques et de propositions d’actions visant à faciliter la fourniture de biens publics mondiaux dans les domaines de la sécurité alimentaire et de l’agriculture durable. Lors de cette édition de la réunion du G7 sur l’agriculture, une attention particulière a été accordée à l’Afrique, qui a été classée au rang des priorités essentielles par l’Italie, présidente en exercice du Groupe des Sept. Elle a également été concentrée sur les migrations, le nexus climat-énergie et la sécurité alimentaire, ainsi que sur la nécessité de mettre en place des mécanismes de gouvernance de l’intelligence artificielle tendant à donner accès à chacun aux innovations qui en découlent. 

Accroissement des investissements 

La question de l’accroissement des investissements, ainsi que de leur qualité au profit de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, a été au centre des débats de la réunion.  

«Il est temps de mettre en œuvre un changement profond», a déclaré le Directeur général, qui a souligné que, selon l’édition 2024 du rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, près des deux tiers des 119 pays à revenu faible ou intermédiaire avaient une capacité d’accès au financement limitée ou modérée. Il a ajouté que la prévalence de la sous‑alimentation était plus élevée dans les pays ayant la capacité d’accès au financement la plus faible. 

M. Qu a précisé qu’en outre, 74 pour cent des pays analysés étaient touchés par l’un ou plusieurs des facteurs principaux de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, à savoir les conflits, la variabilité et les extrêmes climatiques, ainsi que les ralentissements et les fléchissements économiques. De ce fait, il était nécessaire et envisageable d’intégrer les objectifs en matière de sécurité alimentaire et de nutrition dans le financement de l’aide humanitaire, de l’action climatique et du développement. 

Le Directeur général a déclaré qu’il fallait parvenir à améliorer l’accès au financement des pays les plus démunis en exploitant les instruments financiers existants de manière plus innovante, plus inclusive et plus équitable. Le rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2024 examine de manière approfondie les solutions envisageables, notamment l’établissement de liens entre les modalités d’imposition et les résultats en matière de sécurité alimentaire et de nutrition, ou encore la promotion de partenariats dans le cadre de financements mixtes.  

M. Qu a également demandé au G7 d’appuyer les mécanismes d’assurance visant à protéger les petits exploitants des aléas climatiques. 

Indications géographiques 

La promotion des indications géographiques – gages de qualité ou de réputation d’un bien commercialisable en raison d’une origine géographique particulière – s’avère utile pour renforcer la durabilité du développement rural et des systèmes agroalimentaires.  

Depuis plus de 15 ans, la FAO et ses partenaires dans plus de 30 pays s’emploient à mettre à profit les indications géographiques en vue de contribuer à accroître les revenus de tous les acteurs des filières locales, de produire des effets environnementaux positifs et de soutenir et de renforcer l’équité sociale et l’équité femmes-hommes.  

Les indications géographiques peuvent également contribuer grandement «à la protection du savoir-faire traditionnel et à la préservation de l’identité et du patrimoine culturels régionaux dans de nombreux pays», a déclaré M. Qu lors d’une conférence sur les indications géographiques italiennes, qui a été organisée par l’Italie le 26 septembre, en marge de la réunion du G7. Le Directeur général a ajouté que les indications géographiques recelaient «un énorme potentiel inexploité» dans de nombreux pays africains. 

En collaboration avec le Ministère italien de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et des forêts, la FAO organisera et accueillera une Conférence internationale sur les perspectives mondiales relatives aux indications géographiques du 18 au 21 février 2025. 

En savoir plus sur ce thème

Developing a roadmap towards increased sustainability in geographical indication systems (Élaboration d’une feuille de route pour accroître la durabilité des systèmes d’indication géographique) 

Contacts

Christopher Emsden FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53291 [email protected]

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