Le monde s’active pour protéger les mangroves

Selon un nouveau rapport de la FAO, le rythme des pertes a ralenti au cours de la dernière décennie.

Légende de la photo: Fatou Diene, une ostréicultrice dans les mangroves situées près de l’Île de Dionewar, au Sénégal.

©FAO/Sylvain Cherkaoui

26/07/2023

Rome – Selon un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le monde progresse sur la voie de la lutte contre le recul des mangroves. 

Présentes sur le littoral de 123 pays à travers le monde, les mangroves auraient perdu plus de 20 pour cent de leur superficie au cours des 40 dernières années, principalement en raison des activités humaines et de leur recul naturel. 

D’après le rapport intitulé The World’s Mangroves, 2000–2020 (Les mangroves dans le monde [2000-2020]), publié aujourd’hui à l’occasion de la Journée internationale pour la conservation de l’écosystème de la mangrove, en 2020, la superficie totale des mangroves dans le monde se montait à 14,8 millions d’hectares. 

Toutefois, si 677 000 hectares de mangroves ont disparu entre 2000 et 2020, le taux de perte de leur superficie a diminué de près d’un quart (23 pour cent) au cours de la deuxième décennie. 

L’étude révèle également que, à la différence des autres forêts, les mangroves peuvent se propager très rapidement si la possibilité leur en est donnée.  

Quelque 393 000 hectares de nouvelles mangroves, soit l’équivalent de 550 000 terrains de football, ont poussé dans des zones où il n’y en avait pas en 2000, compensant ainsi plus de la moitié des pertes essuyées à l’échelle mondiale au cours des 20 dernières années. 

En Asie, qui abrite près de la moitié des mangroves de la planète, les pertes nettes de superficies de mangrove ont diminué de 54 pour cent au cours des deux dernières décennies. Elles ont également reculé en Afrique, tandis qu’en Amérique du Nord et en Amérique centrale, la tendance s’est inversée et la superficie des mangroves a progressé de façon marquée entre 2010 et 2020. En revanche, sur la même période, les pertes nettes étaient en hausse en Amérique du Sud et en Océanie. 

«Cette nouvelle étude fait état des progrès accomplis par les pays pour freiner le recul des mangroves, mais souligne également qu’il faut continuer d’accorder la priorité à leur restauration, à leur utilisation durable et à leur conservation afin de protéger les services essentiels qu’elles rendent aux populations et à la planète», a déclaré M. Zhimin Wu, Directeur de la Division des forêts de la FAO. 

«Les mangroves sont essentielles à la réalisation des objectifs de développement durable, puisqu’elles fournissent de la nourriture et des moyens d’existence aux communautés côtières, protègent les littoraux contre les catastrophes naturelles, stockent le carbone, atténuent le changement climatique et renferment une diversité biologique exceptionnelle», a ajouté M. Wu.  

Facteurs favorisant le recul ou le développement des zones de mangroves 

Livrant les informations les plus précises à ce jour sur la situation des mangroves dans le monde, l’étude de la FAO a couplé les images fournies par des satellites de télédétection et les connaissances des experts locaux pour recueillir et analyser des données dans cinq régions sur une période de 20 ans, notamment concernant les facteurs à l’origine de la perte de superficie des mangroves. 

Selon le rapport, si la plupart des pratiques aquacoles ne nuisent pas aux mangroves, la crevetticulture en bassin, considérée comme l’une des principales causes du recul des mangroves, est passée de 31 pour cent des pertes enregistrées entre 2000 et 2010 à 21 pour cent entre 2010 et 2020. 

Le recul naturel est le deuxième facteur responsable de la perte de superficie des mangroves, avec une perte de 26 pour cent sur une période de 20 ans, que l’on doit au moins en partie aux effets de plus en plus prononcés du changement climatique, notamment l’élévation du niveau de la mer et la hausse des températures. 

Les catastrophes naturelles n’ont représenté que deux pour cent de l’ensemble des pertes sur la période considérée. Toutefois, le rapport souligne que la superficie détruite par ces catastrophes a été multipliée par trois et que cette tendance devrait s’aggraver, rendant les communautés côtières encore plus vulnérables aux ondes de tempête, aux inondations et aux tsunamis. 

En ce qui concerne les facteurs à l’origine de la progression des mangroves, l’expansion naturelle a représenté 82 pour cent de la hausse totale de leur superficie au cours des 20 dernières années, les 18 pour cent restants étant attribuables à la restauration.  

Tirer parti des progrès accomplis 

Les résultats de l’étude permettront d’élaborer des stratégies plus ciblées afin d’enrayer le recul des mangroves dans différentes régions du monde. 

La publication recommande de poursuivre les efforts déployés pour lutter contre les facteurs de perte de mangroves liés à l’utilisation des terres, en veillant à ce que le développement agricole préserve les mangroves qui sont encore présentes, en promouvant leur utilisation durable et en soutenant les moyens de subsistance des communautés côtières. 

Les initiatives en faveur de la restauration doivent par ailleurs accorder la priorité aux mangroves et s’attacher à créer des conditions qui leur permettent de coloniser naturellement des habitats adéquats, de manière à tirer parti de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030) et à contribuer à sa réalisation. 

D’après la publication, les mangroves comptent parmi les écosystèmes les plus riches en carbone de la planète, puisqu’elles stockent environ 6,23 gigatonnes de carbone dans leur biomasse et leurs sols, et doivent donc être davantage prises en compte dans les stratégies relatives à l’atténuation des effets du changement climatique. 

Le rapport sera officiellement publié aujourd’hui, à l’occasion de la célébration conjointe de la Journée internationale pour la conservation de l’écosystème des mangroves par la FAO et l’UNESCO, dans le cadre de la sixième Conférence internationale sur le macrobenthos et la gestion des mangroves, à Cartagena (Colombie).

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