Des indicateurs mondiaux relatifs au coût d’une alimentation saine et au nombre de personnes ne pouvant se procurer une telle alimentation

Selon des données du portail FAOSTAT de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, c’est en Amérique latine et dans les Caraïbes que l’alimentation saine coûte le plus cher.

Un marché alimentaire au Nigeria.

©FAO/Andrew Eseibo

01/03/2023

Rome  –  L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mis aujourd’hui à la disposition du public des indicateurs spécifiques à chaque pays sur le coût d’une alimentation saine, y compris par groupes d’aliments, et sur le nombre de personnes ne pouvant se permettre une telle alimentation. Ces données montrent qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir pour nourrir durablement toutes les populations partout dans le monde, malgré les progrès accomplis pour qu’elles bénéficient d’un apport calorique suffisant. 

La FAO a récemment réalisé une analyse approfondie sur le nombre de personnes pouvant se permettre une alimentation saine composée de denrées variées et riches en nutriments, en accord avec les recommandations nutritionnelles. 

Les résultats de ces travaux donnent à réfléchir, car des milliards de personnes dans le monde n’ont pas les moyens de s’alimenter sainement. 

Aujourd’hui, les indicateurs mis au point par l’Organisation avec le précieux concours de chercheurs de l’Université Tufts et de la Banque mondiale montrent, par exemple, que c’est en Amérique latine et dans les Caraïbes que l’alimentation saine coûte le plus cher (3,89 dollars des États-Unis par personne et par jour en 2020) par rapport aux autres régions du monde, où ce coût est moindre (3,72 dollars en Asie, 3,46 dollars en Afrique, 3,19 dollars en Amérique du Nord et en Europe, et 3,07 dollars en Océanie). 

Entre 2019 et 2020, les plus fortes hausses du coût d’une alimentation saine ont été enregistrées, par ordre décroissant, en Asie (4,0 pour cent), en Océanie (3,6 pour cent), en Amérique latine et dans les Caraïbes (3,4 pour cent), en Amérique du Nord et en Europe (3,2 pour cent), et enfin en Afrique (2,5 pour cent). 

Près de 3,1 milliards de personnes ne pouvaient pas se permettre une telle alimentation en 2020, soit une augmentation de 112 millions par rapport à 2019, qui s’explique par l’enchérissement d’une alimentation saine en 2020. Cette augmentation a été particulièrement marquée en Asie, où l’alimentation saine est devenue inabordable pour 78 millions de personnes supplémentaires, venant ensuite l’Afrique (25 millions de personnes supplémentaires) et, dans une moindre mesure, l’Amérique latine et les Caraïbes (8 millions) et l’Amérique du Nord et l’Europe (1 million).   

Dans 12 pays – tous en Afrique –, plus de 90 pour cent de la population n’a pas les moyens de se procurer régulièrement une alimentation saine.  

Plus de la moitié de la population est dans la même situation dans 53 autres pays pour lesquels des données sont disponibles. Dans 26 pays, cette proportion est inférieure à 1 pour cent de la population.   

Des indicateurs mis à la disposition de tous 

La série d’indicateurs rendus publics est à présent consultable et téléchargeable sur la plateforme de données de la FAO dénommée FAOSTAT. Simple d’utilisation, FAOSTAT est la plus grande base de données au monde sur l’alimentation et l’agriculture. Elle comprend environ 20 000 indicateurs couvrant plus de 245 pays et territoires.  

La FAO dispose désormais des moyens permettant de calculer les indicateurs de coût et d’abordabilité d’une alimentation saine (CoAHD) aux niveaux mondial, régional et national, d’en assurer le suivi et d’établir des rapports à leur sujet, et elle en assurera l’actualisation régulière. Ces données constitueront un nouveau point de référence d’une grande utilité, qui permettra de mesurer les progrès accomplis au niveau mondial pour ce qui est de rendre l’alimentation saine abordable pour tous.  

Les indicateurs CoAHD sont basés sur une série intégrée de données qui sont établies à partir de variables, telles que le prix au détail de denrées alimentaires disponibles localement, les recommandations nutritionnelles fondées sur le choix des aliments, les répartitions des revenus des ménages par pays et les formules requises pour le calcul de la parité de pouvoir d’achat.  

«Vaincre la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes (dénutrition, carences en micronutriments, surpoids et obésité) ne signifie pas simplement avoir assez de nourriture pour survivre: les aliments consommés doivent également être nutritifs», a déclaré M. David Laborde, Directeur de la Division de l’économie agroalimentaire de la FAO. «Or, pour un grand nombre de personnes dans le monde, le coût élevé des aliments nutritifs et le caractère inabordable d’une alimentation saine constituent des obstacles importants.»   

«Le suivi du coût et de l’accessibilité économique d’une alimentation saine permet d’accomplir un grand pas en avant et de prendre conscience du fait qu’il faut procurer une alimentation suffisante non pas seulement du point de vue calorique, mais aussi du point de vue nutritionnel», a précisé Mme Lynnette Neufel, Directrice de la Division de l’alimentation et de la nutrition de la FAO. «Cette nouvelle méthodologie nous donne aussi les clés nous permettant de produire des éléments factuels qui sont adaptés aux contextes locaux et qui serviront à orienter les politiques et les programmes visant à faire en sorte que les régimes alimentaires sains soient abordables pour tous et à tout moment.» 

L’initiative de la FAO relative aux indicateurs CoAHD s’inscrit dans une série de travaux de plus grande envergure qui contribueront à la réalisation de l’une des quatre améliorations visées au titre du Cadre stratégique de l’Organisation pour 2022-2031, à savoir l’amélioration de la nutrition.  

«Il est éminemment important et urgent de déterminer le coût et l’accessibilité économique des régimes alimentaires sains, d’en faire un suivi constant et de réaliser des progrès permettant d’assurer l’abordabilité d’une alimentation saine. La FAO s’emploie à intensifier ses efforts pour relever ce défi», a déclaré M. José Rosero Moncayo, Directeur de la Division de la statistique de la FAO.   

La méthodologie 

La FAO procède au calcul de huit indicateurs relatifs au coût et à l’abordabilité d’une alimentation saine.  

Une alimentation saine garantit non seulement un apport suffisant de calories, mais aussi la consommation de denrées riches en nutriments provenant de divers groupes d’aliments, en accord avec les recommandations nutritionnelles fondées sur le choix des aliments. Dans un régime alimentaire de référence, on estime qu’une personne adulte «représentative» consomme 2 330 kcal/jour, comme cela est généralement établi dans les recommandations nutritionnelles fondées sur le choix des aliments. Une alimentation saine de référence est composée des produits les moins chers disponibles localement, selon les portions recommandées, dans six groupes d’aliments (produits de base, légumes, fruits, produits d’origine animale, légumineuses, fruits à coque et graines, et huiles et graisses). 

Les prix à la consommation de ces aliments sont établis dans le cadre du Programme de comparaison internationale de la Banque mondiale (PCI) et sont actualisés à partir d’indices nationaux. Aux fins de comparaison au niveau mondial, les prix sont convertis en dollars internationaux à l’aide de taux de change en parité de pouvoir d’achat (PPA) et des répartitions des revenus dans les pays. Une alimentation saine est considérée comme inabordable lorsque son coût dépasse un plafond fixé à 52 pour cent des dépenses moyennes des ménages. 

Les perspectives d’avenir 

La disponibilité de ces indicateurs aux niveaux mondial, régional et national offre désormais un cadre propice à une responsabilisation accrue fondée sur des données à jour concernant les prix au détail des aliments nutritifs dans tous les pays du monde. Les prochains travaux viseront à accélérer le rythme de mise à jour des données sur les prix.  

Cette initiative s’inscrit dans un engagement plus large de la FAO à fournir des données factuelles qui permettent d’orienter les pays dans leurs politiques d’alimentation et de nutrition. L’Organisation encourage ses membres et toutes les parties prenantes à étendre le calcul et la communication de ces indicateurs à l’échelon infranational afin de contribuer à l’établissement de politiques et de programmes plus ciblés qui auront de plus grandes retombées sur le terrain. La FAO travaille déjà en ce sens avec le Gouvernement du Pakistan.  

La prochaine édition du rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde sera publiée en juillet 2023. 

En savoir plus sur ce thème

URL du domaine de FAOSTAT Methods and options to monitor the cost and affordability of a healthy diet globally (Méthodes et options de suivi du coût et de l’abordabilité d’une alimentation saine dans le monde) 

 

Contacts

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Christopher Emsden FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53291 [email protected]