Un nouvel outil de données pour explorer la répartition des dépenses d’alimentation

Le nouveau domaine de FAOSTAT sur la chaîne de valeur alimentaire permet d’analyser les flux de ressources au-delà du secteur agricole et dans toutes les composantes des systèmes agroalimentaires.

Un marché de produits frais.

©FAO/Karen Minyasan

28/11/2022
Rome – Savoir comment se répartit la création de valeur dans les systèmes agroalimentaires mondiaux nous aiderait grandement à optimiser et à transformer ces systèmes.
 
Pour contribuer à établir le corpus de données probantes nécessaire, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’emploie actuellement à mettre au point un nouvel ensemble de données pour suivre la circulation des ressources dans tous les secteurs de l’économie et évaluer la part de ces ressources qui aboutit dans le secteur agricole.
 
Le nouveau domaine consacré à la chaîne de valeur alimentaire est désormais disponible sur le portail FAOSTAT. Il vise à ventiler les dépenses d’alimentation nationales par consommateur final entre les différents stades des chaînes de valeur agricoles, selon une approche qui s’inspire de celle dite du «dollar alimentaire» inventée par le Service de la recherche économique (ERS) du Département de l’agriculture des États-Unis (USDA). La FAO, l’Université Cornell et l’ERS ont uni leurs forces pour adapter l’approche de l’USDA et en étendre la portée, dans le but de mieux comprendre l’importance du rôle joué par les processus après récolte qui entrent en jeu au sein de la chaîne de valeur alimentaire, tels que la transformation, l’entreposage, le transport et la vente en gros.
 
Le nouveau domaine de FAOSTAT, dont la couverture sera régulièrement étendue, comprend des informations concernant 65 pays pour la période allant de 2005 à 2015. Ces données montrent que 20 pour cent environ des dépenses d’alimentation à domicile vont aux agriculteurs, un quart environ au secteur de la transformation et près de la moitié au secteur du commerce de gros et de détail.
 
En revanche, seulement 6,7 pour cent des dépenses consacrées à l’alimentation à l’extérieur du domicile reviennent aux agriculteurs. Ce chiffre est même en constant recul, ce qui est un signe qu’il faut prêter attention à la dimension des chaînes de valeur alimentaires située en aval de la production agricole.
 
Par comparaison, les agriculteurs aux États-Unis d’Amérique ont perçu 14,5 centimes sur chaque dollar dépensé par les consommateurs pour des aliments produits à l’intérieur du pays, et 6 centimes sur chaque dollar dépensé pour l’alimentation hors domicile.
 
La production régulière de données de ce type est essentielle, parmi d’autres priorités, pour pouvoir effectuer une analyse stratégique de la capacité de création d’emploi dans l’ensemble du système agroalimentaire.
 
Comme l’explique M. Jose Rosero Moncayo, Directeur de la Division de la statistique de la FAO, le nouveau domaine de FAOSTAT marque un tournant important et une réorientation complexe puisqu’il s’agit de faire passer la collecte et l’analyse de données statistiques d’une approche axée sur le secteur agricole à une approche englobant les systèmes agroalimentaires au complet. Les travaux novateurs menés par l’équipe de FAOSTAT sur les émissions de gaz à effet de serre de la ferme à l’assiette sont un autre exemple de ce changement d’orientation.
 
Savoir interpréter les données
 
Lorsqu’on s’intéresse à l’alimentation hors domicile, le secteur le plus dynamique des systèmes agroalimentaires, on constate que la part des dépenses qui revient aux agriculteurs varie énormément d’un pays à l’autre, puisqu’elle va de moins de 0,5 pour cent à Singapour jusqu’à 25 pour cent en Inde.
 
«Généralement, à mesure que le niveau de richesse d’un pays s’accroît, les supermarchés et les entreprises de transformation des aliments gagnent beaucoup de terrain par rapport aux agriculteurs, et ces données en sont la parfaite illustration», indique M. Piero Conforti, Directeur adjoint de la Division de la statistique de la FAO.
 
En fait, la part revenant aux agriculteurs est un point de départ pour tirer des enseignements essentiels. Par exemple, cet indicateur peut être plus élevé lorsque le secteur agricole produit en quantités importantes des fruits et autres produits horticoles de grande valeur. Et si ce même indicateur diminue dans un pays, du fait que ce dernier connaît un développement général de son économie, il peut s’agir d’une évolution positive, qui aura sans doute pour effet d’accroître la valeur des intrants agricoles destinés à l’alimentation hors domicile étant donné que les consommateurs seront davantage disposés à payer.
 
L’ensemble de données actuel sera régulièrement actualisé et étendu à un plus grande nombre de pays, grâce à la collecte des nouvelles données qui deviennent disponibles partout dans le monde. Pour l’instant, il comprend inévitablement de larges catégories qui peuvent englober des éléments extérieurs, tels que le tabac, tandis que la plupart des mesures actuelles de la part de l’alimentation hors domicile incluent les dépenses liées à l’hébergement ou aux loisirs.
 
Bien qu’il y ait encore certaines lacunes en ce qui concerne les données prises en compte ainsi que des décalages inévitables dans le temps, le lancement de ce nouveau domaine marque une avancée importante dans l’adoption d’une perspective plus large, qui englobe tout le processus allant de la production primaire à la consommation finale des produits alimentaires.
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Christopher Emsden FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53291 [email protected]