De nouveaux travaux de recherche appellent d’urgence une action fondée sur les données en faveur de la transformation des systèmes agroalimentaires

Les données mettent en évidence la nécessité urgente d’apporter une amélioration, ainsi que la possibilité de partager les enseignements tirés de l’expérience

Alessandra Benedetti

L’Initiative du compte à rebours 2030 concernant les systèmes alimentaires destinée au suivi mondial de la transformation de l’agriculture et des systèmes alimentaires.

©FAO/Alessandra Benedetti

19/12/2023

Rome/Londres – «The state of food systems worldwide in the countdown to 2030» (L’État des systèmes alimentaires dans le monde dans le compte à rebours jusqu’en 2030), publié aujourd’hui dans le cadre de l’Initiative du compte à rebours 2030 concernant les systèmes alimentaires (ci-après «l’Initiative»), présente le premier suivi axé sur la science visant à guider les décideurs qui cherchent à opérer une transformation en profondeur des systèmes agroalimentaires mondiaux. Une telle transformation est nécessaire de toute urgence pour réduire l’impact de ces systèmes sur l’environnement et atténuer les effets qu’a sur eux le changement climatique. L’objectif général est que toutes les personnes – en particulier les plus vulnérables – aient un accès équitable à une alimentation saine grâce à des systèmes agroalimentaires durables et résilients.

Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires a catalysé l’action relative aux systèmes agroalimentaires, bien que les données nécessaires à la prise de décisions essentielles fassent souvent défaut aux décideurs. L’Initiative comble cette lacune, puisqu’elle a donné lieu à l’élaboration d’un cadre composé de 50 indicateurs qui permettent de suivre les systèmes agroalimentaires au niveau mondial, et se fonde sur les données existantes pour rendre possible une action immédiate. Grâce à une redéfinition de l’utilisation des données existantes, au lieu de la réalisation de nouveaux travaux de recherche qui seraient chronophages, les décideurs peuvent accéder rapidement aux informations utiles.

En s’appuyant sur ces premières informations de référence mondiales, l’Initiative suivra les systèmes agroalimentaires chaque année jusqu’en 2030, et actualisera le cadre selon qu’il conviendra lorsque de nouveaux indicateurs ou de meilleures données seront disponibles.

M. Lawrence Haddad, Directeur exécutif de l’Alliance mondiale pour l’amélioration de la nutrition, a déclaré: «Le premier rapport annuel établi au titre du compte à rebours montre qu’aucune région n’a toutes les réponses. L’Europe et l’Amérique du Nord obtiennent de bons résultats en ce qui concerne la sous-nutrition, mais des résultats insuffisants s’agissant des indicateurs de mauvaise alimentation. En revanche, l’Afrique et l’Asie du Sud s’en sortent relativement bien pour ce qui est de certains indicateurs environnementaux, mais moins bien en ce qui concerne les indicateurs relatifs aux moyens de subsistance. Il ressort très clairement des données que chaque région peut largement faire mieux.»

Les systèmes agroalimentaires jouent un rôle essentiel dans la réalisation de chacun des 17 objectifs de développement durable (ODD), mais les ODD ne suffisent pas à assurer le suivi de ces systèmes. L’Initiative permet de remédier à cette lacune.

Il est absolument essentiel de transformer les systèmes agroalimentaires pour que les pays puissent tenir les engagements pris au titre de leurs contributions déterminées au niveau national. Cependant, ce sujet de débat est encore nouveau: les systèmes agroalimentaires n’ont joué qu’un petit rôle dans les négociations relatives au climat à la COP27 (27e session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques). Ils ont occupé une place plus importante lors de la récente COP28, au cours de laquelle plus de 150 pays ont signé la Déclaration des Émirats arabes unis sur l’agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l’action climatique et se sont engagés à intégrer les systèmes agroalimentaires dans leurs plans relatifs au climat d’ici 2025 – progrès très encourageants.

M. Mario Herrero, Professeur et Directeur du programme portant sur les systèmes alimentaires et le changement mondial, à l’Université Cornell, a déclaré: «On ne peut gérer ce qu’on ne peut mesurer. C’est la raison pour laquelle il faut un système de suivi qui mette en évidence les forces et les faiblesses aux niveaux national, régional et mondial, dans tous les segments des systèmes agroalimentaires. Une telle vue d’ensemble met en avant des exemples de réussites qui constituent des enseignements précieux pour les autres.»

Le cadre d’indicateurs de l’Initiative doit permettre d’effectuer un suivi mondial de la transformation des systèmes agroalimentaires. Il offre également un ensemble d’indicateurs pouvant servir à concevoir des politiques et des mesures, et à étayer des systèmes de suivi sur mesure pour répondre aux besoins des pays.

M. José Rosero Moncayo, Directeur de la Division de la statistique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré: «Nous sommes au début du processus et il nous reste des lacunes à combler dans les données pour assurer un suivi efficace des progrès accomplis dans toutes les dimensions des systèmes agroalimentaires. Remédier à ces lacunes est une priorité de premier rang pour nous-mêmes, ainsi que pour les responsables des sciences et des politiques qui sont soucieux de l’avenir des systèmes agroalimentaires.»

Mme Kate Schneider, Chargée de recherche à l’École d’études internationales avancées de l’Université Johns Hopkins, et autrice principale de l’article, a déclaré: «Nous avons besoin de toute urgence de meilleures données pour suivre les progrès accomplis concernant la sécurité sanitaire des aliments, les moyens de subsistance non agricoles liés à l’agriculture et aux systèmes alimentaires, les pertes et les gaspillages alimentaires, les contributions économiques des systèmes agroalimentaires, la gouvernance, la résilience des systèmes agroalimentaires.»

«The state of food systems worldwide in the countdown to 2030» présente un suivi des systèmes agroalimentaires organisé selon cinq thèmes: l’alimentation, la nutrition et la santé; l’environnement, les ressources naturelles et la production; les moyens de subsistance, la pauvreté et l’équité; la gouvernance; et la résilience. Chaque thème comporte trois à cinq domaines indicateurs, qui, ensemble, donnent une vue globale des systèmes agroalimentaires.

Mme Jessica Fanzo, Professeure de climatologie et Directrice de l’initiative Des aliments pour l’humanité, à l’École Columbia du climat, a conclu: «Il est de plus en plus urgent de transformer les systèmes agroalimentaires pour favoriser de manière durable et équitable une alimentation saine et protéger l’environnement. Nos travaux de recherche posent les jalons d’une approche fondée sur les données afin de relever les défis et de saisir les occasions de créer un avenir plus sain, plus équitable et plus durable pour tous.»

À propos de l’Initiative

L’Initiative est une action collaborative qui a pour but de permettre un suivi des systèmes alimentaires mondiaux. Se fondant sur un ensemble d’indicateurs couvrant les systèmes alimentaires, elle établit une analyse annuelle destinée à éclairer les priorités et les mesures politiques, mais aussi celles des entreprises et des organisations non gouvernementales. Elle appuie la transformation des systèmes alimentaires en vue de rendre ceux-ci équitables, durables et résilients, et afin qu’ils contribuent à la réalisation des ODD et d’autres objectifs mondiaux à l’horizon 2030.

L’Initiative est dirigée par Mme Jessica Fanzo, de l’École Columbia du climat de l’Université Columbia; M. Lawrence Haddad, de l’Alliance mondiale pour l’amélioration de la nutrition; M. José Rosero Moncayo, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO); et M. Mario Herrero, de la Faculté d’agriculture et des sciences de la vie de l’Université Cornell, et du Centre Cornell Atkinson pour la durabilité. Mme Kate Schneider, de l’École d’études internationales avancées de l’Université Johns Hopkins, a dirigé l’équipe chargée des données et a assuré la coordination conjointement avec plusieurs étudiants diplômés de l’Université Johns Hopkins. L’Initiative bénéficie de la participation de dizaines de collaborateurs de la société civile, du monde universitaire et du système des Nations Unies sur presque tous les continents.

https://www.foodcountdown.org/ (en anglais)

Note de la rédaction:

Le terme «système alimentaire» est employé conformément à la terminologie du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires. Cependant, le cadre d’indicateurs de l’Initiative donne aux systèmes agroalimentaires un sens plus large, englobant des activités et des processus ayant trait à des produits agricoles non alimentaires (foresterie, fibres, biocarburants, par exemple) qui ont des liens d’interdépendance avec les aliments destinés à la consommation humaine. De nombreux indicateurs ne font pas la distinction entre les composantes alimentaires et non alimentaires de la production; or, la valeur ajoutée et les composantes non alimentaires ont des incidences importantes sur l’environnement, les résultats sociaux et les aliments consommés en dernier lieu par les populations.

Contacts

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]