Somalie: de nouvelles données montrent que la sécheresse dans la Corne de l’Afrique est un facteur aggravant de la faim aiguë

Une aide de vaste ampleur est nécessaire pour maintenir sur pied les familles rurales tributaires de l’agriculture et éloigner la catastrophe.

©FAO/Arete/Ismail Taxta

Des hommes s'occupent de leurs chameaux en Somalie.

©FAO/Arete/Ismail Taxta

12/04/2022

Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait état aujourd’hui de nouvelles données alarmantes sur la faim en Somalie, qui jettent un éclairage supplémentaire sur les effets délétères de la sécheresse prolongée dans la région de la Corne de l’Afrique, et font ressortir le caractère impératif d’une aide agricole à grande échelle qui maintiennent l’autonomie et l’alimentation des ménages ruraux dans leur région d’origine.


La dernière en date des évaluations du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) en Somalie indique à présent que le nombre de personnes souffrant de la faim, à des niveaux de crise, d’urgence ou de catastrophe, devrait dépasser les 6 millions d’ici le mois de juin, soit une proportion vertigineuse de 38 pour cent de la population du pays. Qui plus est, l’analyse fait entrevoir que le nombre des victimes de la faim, risquant de mourir d’inanition en certains points spécifiques du territoire particulièrement touchés par le phénomène, pourrait atteindre 81 000 personnes. 

«Ces chiffres très alarmants constituent à ce jour le meilleur indicateur de l’aggravation de la situation. Sur l’ensemble de la Corne de l’Afrique, des millions de personnes sont susceptibles de basculer dans des situations de famine encore plus graves en raison des effets en cascade que la sécheresse provoque sur leurs moyens de subsistance, leurs actifs productifs et la production alimentaire locale», a déclaré le Directeur du Bureau des urgences de la FAO, M. Rein Paulsen. 

Il s’agit de la quatrième saison de sécheresse qui frappe ces communautés, ce qui est sans précédent et s’ajoute aux autres impacts provoqués par la covid-19, les problèmes macroéconomiques et une récente recrudescence du criquet pèlerin, a précisé M. Paulsen. Cela a eu pour conséquence que les moyens dont disposent les populations de produire des aliments et de dégager un revenu se sont réduits comme peau de chagrin. 

Antérieurement à la publication des nouvelles données sur la Somalie, on estimait entre 13,1 et 14,1 millions le nombre de personnes appelées à subir des niveaux d’insécurité alimentaire aigus classés «crise» ou au-delà (au sens du Système de classification IPC) avant fin mai 2022, par le seul fait de la sécheresse. Ce nombre était la somme de 5,5 à 6,5 millions de personnes dans le sud de l’Éthiopie, 4,1 millions en Somalie et 3,5 millions au Kenya. En intégrant les nouveaux chiffres IPC de la Somalie dans cet ensemble, l’estimation régionale atteint les 15 à 16 millions de personnes.

Compte tenu de la faiblesse des premières pluies et des sombres prévisions pour le reste de la saison pluvieuse, il apparaît improbable que les pluies de printemps apportent une amélioration. 

«L’unique moyen d’éviter qu’une crise alimentaire catastrophique n’éclate et n’entraîne des déplacements de populations rurales est d’agir maintenant à grande échelle, en permettant aux agriculteurs et aux éleveurs de nourrir leurs familles, d’assurer l’hydratation des animaux indispensables et de les maintenir en bonne santé et en état de produire, et d’éviter à ces agriculteurs de devoir céder d’autres actifs productifs essentiels afin de couvrir le coût de leur prochain repas», a déclaré M. Paulsen.

Insuffisance des financements alloués à l’aide agricole, indispensable à la résilience

Le 17 janvier 2022, la FAO a lancé un appel urgent de 138 millions d’USD de financement humanitaire destiné à un éventail d’aides aux ménages d’éleveurs pasteurs et de cultivateurs dont les moyens de subsistance sont décimés par la sécheresse.

Les principaux éléments du plan d’intervention de la FAO comportent une gamme de mesures d’appui. Des activités qui consistent à maintenir le bétail des éleveurs pasteurs en vie et en état de produire, en fournissant de l’alimentation animale, de l’eau et des soins vétérinaires; distribuer aux ménages de cultivateurs du sorgho, du maïs, du niébé et d’autres haricots et légumes de variétés résistantes à la sécheresse et à maturation précoce; instaurer des programmes de remises d’espèces et de paiement des travaux en espèces afin de permettre aux plus vulnérables d’accéder à l’alimentation (pour en savoir plus). 

À ce jour, cependant, l’Organisation n’a recueilli que 50 millions d’USD de contributions. 

L’expérience de la FAO dans la région, s’agissant de son intervention face à la recrudescence acridienne survenue en 2020, a montré qu’en œuvrant à grande échelle au renforcement des communautés rurales, qui reçoivent ces chocs de plein fouet, il est possible d’éviter les crises alimentaires, selon M. Paulsen.

«À la différence de ce qui se produisait alors, quand des nuées de criquets s’abattaient du jour au lendemain sur les cultures et les pâturages, nous assistons aujourd’hui à une catastrophe d’évolution lente, qui malheureusement ne paraît pas retenir l’attention à un même degré», a-t-il déploré.

«Mais ne nous y trompons pas: l’ampleur des ravages que causent la faim et la perte des moyens d’existence, si l’on ne vient pas davantage en aide aux communautés rurales, promet d’être effroyable», a ajouté M. Paulsen. 

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