Soudan du Sud: La FAO intensifie ses efforts pour accroître la résilience des systèmes agroalimentaires face aux périls et aux crises

Il est indispensable de libérer le potentiel agricole du pays pour passer de la dépendance à l’autosuffisance alimentaires

© FAO/IFAD/WFP/Eduardo Soteras

Un agriculteur vide un sac de terre pour construire des digues sur le site du projet rizicole d’Aweil, au Soudan du Sud.

©FAO/IFAD/WFP/Eduardo Soteras

02/08/2023

Djouba/Rome En contrepoint de la visite au Soudan du Sud des chefs des organismes des Nations Unies ayant leur siège à Rome (FAO, PAM et FIDA), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) intensifie ses efforts pour accroître la résilience des systèmes agroalimentaires du pays face aux chocs et aux crises et réduire sa dépendance à l’égard des importations alimentaires et de l’aide extérieure, alors que la faim et la malnutrition ne cessent de s’accentuer à l’échelle nationale. 

L’insécurité alimentaire dramatique que connaît le Soudan du Sud résulte des effets cumulés des chocs climatiques, en particulier des inondations et des épisodes de sécheresse, de la médiocrité des infrastructures agricoles, des conflits et des difficultés économiques. La production et la productivité agricoles s’en ressentent, les moyens de subsistance en sont perturbés et l’accès de l’aide humanitaire en est entravé.  

Cette situation est encore aggravée par la dépréciation continue de la monnaie et l’inflation des prix des denrées alimentaires et d’autres produits essentiels, qui s’explique principalement par la flambée des prix des denrées alimentaires causée par la covid-19 et la guerre en Ukraine, à quoi s’ajoute la crise récente qui a frappé le Soudan, laquelle a eu des répercussions sur les marchés et a provoqué un afflux de réfugiés et de rapatriés. 

Selon la dernière analyse en date utilisant le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, l’insécurité alimentaire grave touche plus de la moitié de la population, avec 7,76 millions de personnes (près de 63 pour cent la population du pays) appelées à connaître le niveau «Crise» (phase 3 de l’IPC) ou de pires niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, et on estime que 43 000 d’entre elles sont appelées à connaître le niveau «Catastrophe» d’insécurité alimentaire aiguë (phase 5 de l’IPC).  

Dans le but d’inverser cette tendance, la FAO axe ses interventions sur la mise en place de systèmes agroalimentaires résilients, inclusifs et autosuffisants. Dans le cadre de son programme d’intervention d’urgence et d’appui aux moyens d’existence, la FAO est parvenue à toucher en moyenne 400 000 ménages par an en leur fournissant des semences et des outils qui ont aidé les agriculteurs à produire l’équivalent de 5,3 mois de céréales par ménage, en outre, les équipements de pêche fournis permettent une production de 7 kg de poisson par jour. Par ailleurs, la FAO protège environ 4,1 millions de têtes de bétail par an grâce à la vaccination et à d’autres traitements.  

«Nous restons déterminés à faire en sorte que chacun puisse manger à sa faim et que la sécurité alimentaire connaisse une amélioration sensible dans le pays. Dans cette optique, il faut aider le Soudan du Sud à exploiter pleinement son vaste potentiel dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche pour passer de la dépendance à l’autosuffisance alimentaires», a déclaré M. Meshack Malo, Représentant de la FAO au Soudan du Sud.  

Lors de leur visite officielle au Soudan du Sud cette semaine, le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), M. Alvaro Lario, et la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Cindy McCain, ont rencontré de hauts responsables du gouvernement et ont rendu visite à des communautés vulnérables en appelant à accroître les investissements dans le secteur agricole du pays afin d’éviter une crise alimentaire catastrophique. 

Les premières priorités de la FAO 

La FAO a élaboré un Cadre de programmation par pays (CPP) qui définit les principaux domaines prioritaires de la FAO au Soudan du Sud et recense les programmes en cours et les avancées obtenues à ce jour. Ces priorités consistent à améliorer les choix politiques reposant sur des éléments factuels, les cadres stratégiques et les institutions de l’agriculture, de la pêche, des forêts, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de l’accompagnement institutionnel, et à renforcer les capacités des organisations d’agriculteurs.   

Dans le cadre des projets financés par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, la FAO soutient et renforce les institutions gouvernementales de l’échelon national à l’échelon infranational par la production de matériaux didactiques, la mobilité du personnel de recherche et de vulgarisation, la construction de laboratoires de semences et d’entomologie et l’instauration de systèmes de communication et de surveillance.  

Au titre du programme de transfert des compétences à l’échelon local, la FAO joue un rôle de premier plan dans l’enseignement de formations à des organisations non gouvernementales en matière de gestion de projets, de gestion financière et d’établissement de rapports. 

Un autre domaine important est l’augmentation de la production et de la productivité agricoles durables dans le pays. Par le biais de divers projets de développement et de soutien aux organisations d’agriculteurs, la FAO a dispensé une formation aux bonnes pratiques agricoles, notamment à l’agriculture intelligente face au climat et aux modalités de lutte intégrée contre les ravageurs. Certains agriculteurs, par exemple dans l’État d’Équatoria-Occidental, ont réussi à vendre leurs excédents au programme d’achat local du PAM. 

La FAO a prêté son appui à plus de 2 000 groupements de semenciers dans leurs activités de production de semences, produisant environ 2 000 tonnes de semences qui ont été écoulées auprès d’entreprises semencières locales et dans des foires aux semences organisées par la FAO. De même, la formation à la gestion post-capture du poisson et l’introduction de techniques efficaces de transformation du poisson ont permis à des pêcheurs et des transformateurs, principalement des femmes, de proposer leurs produits sur les marchés locaux et régionaux. 

Par le biais de l’Initiative Main dans la main, la FAO collabore au plan d’investissement des pouvoirs publics dans trois filières: le poisson, le sésame et le sorgho. 

En outre, la FAO pilote la modernisation et la transformation numérique des systèmes agroalimentaires par le biais d’une plateforme centrale de répertoires électroniques qui sera reliée au commerce électronique, à l’évaluation des semences, à la vulgarisation par voie électronique et à des bulletins d’informations météorologiques, au suivi de la production et à des services financiers numériques. 

Le budget de 270 millions d’USD alloué au CPP n’est financé qu’à 50 pour cent, son déficit de financement s’élevant à 138 millions d’USD. 

Un nouveau financement de la FAO pour le Soudan du Sud 

La FAO vient d’annoncer un financement supplémentaire de 500 000 USD destiné à fournir une aide agricole d’urgence, de nature stratégique et ponctuelle, aux populations du Soudan du Sud subissant les contrecoups de la crise au Soudan, une partie de cette enveloppe étant allouée à la plateforme Main dans la main.  

Les 300 000 USD destinés à l’aide d’urgence aux moyens de subsistance auront pour bénéficiaires 10 000 rapatriés, les populations récemment déplacées et les communautés d’accueil touchées par la crise au Soudan. La FAO achètera et distribuera des semences à 6 000 ménages, des équipements de maraîchage à 5 000 ménages et du matériel de pêche à 5 000 autres ménages.   

Les 200 000 USD de financement octroyés à la plateforme Main dans la main contribueront à répondre aux priorités des autorités en matière de croissance et de diversification économique durable en épaulant les programmes menés par le pays. Avec ce financement, la FAO prêtera son appui à dix chercheurs dans le secteur public ainsi qu’à 1 000 agriculteurs et 500 pêcheurs dans le renforcement de leurs connaissances et compétences en matière de production de sorgho et de sésame, notamment dans les pratiques de gestion des sols et de l’eau, et, en ce qui concerne la pêche, dans la manutention du poisson et sa conservation après capture.

Contacts

Irina Utkina FAO Actualités et Médias (Rome) +39657052542 [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]