La FAO lance un plan d’intervention d’urgence pour protéger et rétablir les moyens de subsistance agricoles en période de conflit.

Rome: L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé aujourd’hui un plan d’intervention d’urgence pour les moyens de subsistance afin de lutter contre l’insécurité alimentaire croissante au Soudan, en distribuant aux populations des semences d’urgence et des traitements pour les animaux d’élevage, ainsi qu’en leur fournissant un soutien et du matériel dans les domaines vétérinaire et halieutique. 

Ce plan s’appuie sur les activités de la FAO visant à remédier aux facteurs de vulnérabilité extrême que le conflit actuel crée au sein des populations de petits exploitants agricoles, pasteurs et pêcheurs. Il s’inscrit dans le prolongement de la campagne de distribution en urgence de semences menée par la FAO, qui s’est achevée récemment. Cette initiative a aidé les agriculteurs à maximiser la production céréalière, à éviter l’épuisement des moyens de production et à promouvoir la diversification des semences. La production attendue contribuera à satisfaire les besoins en céréales de 13 à 19 millions de personnes pour la récolte de 2023 à venir.   

«Des millions de personnes au Soudan se battent pour leur survie pendant que la crise alimentaire s’aggrave», a déclaré Hongjie Yang, Représentant de la FAO au Soudan. «Ce plan d’intervention d’urgence vise à fournir aux familles d’agriculteurs, de pasteurs et de pêcheurs les ressources qui leur sont essentielles pour maintenir la production et nourrir leurs communautés et elles-mêmes.»  

Semences, animaux et campagnes de vaccination du bétail 

Dans le cadre de ce plan, qui cible au total 10,1 millions de personnes, les ménages les plus démunis recevront des semences de qualité certifiée: haricot à œil noir, arachide, millet, gombo et sorgho pour la campagne d’été 2024, et pois chiche, concombre, pois cajan, tomate et pastèque pour la campagne d’hiver 2023. Elles bénéficieront également d’une formation aux bonnes pratiques agricoles, afin, par exemple, d’améliorer la manutention des produits agricoles après récolte.  

Les personnes vulnérables qui ont perdu des moyens de production seront aidées par la reconstitution des cheptels. Cette mesure se traduira par des améliorations immédiates de la sécurité alimentaire et de la nutrition, car les pasteurs produiront 4 à 5 litres de lait par jour.  

Surtout, dans le contexte du conflit, le plan de la FAO participera au déploiement de campagnes de vaccination de masse visant à protéger 6 millions d’ovins, de caprins et de bovins contre les maladies les plus répandues et les plus néfastes, à savoir la peste des petits ruminants, la variole ovine, la variole caprine et la fièvre aphteuse.   

De plus, la FAO veut apporter une aide à 50 000 personnes (10 000 ménages de pêcheurs) en leur fournissant des moyens de pêche (des bateaux et des engins de pêche, par exemple) et en leur dispensant des formations en la matière, afin d’assurer un apport régulier en aliments de qualité à haute teneur en protéines et de maintenir des économies locales dynamiques. 

L’assistance aux ménages d’agriculteurs et de pasteurs les plus vulnérables associera, pour l’essentiel, une aide en espèces inconditionnelle et des lots d’intrants de subsistance (semences, outils, etc.), auxquels s’ajouteront des formations. Cela permettra d’apporter une solution au fait que pendant la saison sèche, qui court de novembre à mai, les agriculteurs pratiquant l’agriculture pluviale connaissent une période de soudure et les pasteurs sont confrontés à la pénurie d’eau, à la diminution des pâturages et au déclin de la santé des animaux, ce qui entraîne des tensions économiques et une baisse de la consommation alimentaire. 

Besoins de financement pour la mise en œuvre 

Pour mettre en œuvre le plan au cours des 12 prochains mois et venir en aide aux agriculteurs, aux pasteurs et aux pêcheurs ciblés dans 17 des États soudanais les plus frappés par l’insécurité alimentaire, la FAO aura besoin de 123 millions d’USD. 

Le mois dernier, l’Organisation a alerté sur l’escalade alarmante de la crise alimentaire au Soudan. Selon les dernières prévisions effectuées à partir du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), plus de 20,3 millions de personnes, soit plus de 42 pour cent de la population du pays, sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 ou supérieure de l’IPC) entre juillet et septembre 2023, pratiquement deux fois plus qu’en mai 2022. Près de 14 millions de personnes connaissent une insécurité alimentaire de phase 3 (crise) et presque 6,3 millions de personnes, une insécurité alimentaire de phase 4 (urgence). Pour plus d’informations sur le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, consultez cette page (en anglais seulement). 

Les violences actuelles ont entraîné le déplacement de plus de 3,8 millions de personnes à l’intérieur du pays et ont forcé plus de 960 000 personnes à chercher refuge dans les pays voisins.