Un rapport de l’ONU met en garde contre l'accélération de l'insécurité alimentaire dans la région arabe à cause des crises mondiales

L'aperçu 2022 souligne la nécessité de se focaliser sur le commerce en tant que catalyseur de la sécurité alimentaire et de la nutrition

Le rapport révèle qu'environ 53,9 millions de personnes ont souffert d'insécurité alimentaire grave dans la région arabe en 2021, ce qui représente une augmentation de 55 % depuis 2010.

©FAO/Jafaar Al Merei

29/03/2023

Le Caire, Égypte – Alors que l'accès aux aliments de base a été affecté par la pandémie COVID-19 et la guerre en Ukraine, la faim et la malnutrition ont atteint des niveaux critiques dans la région arabe, selon un rapport des Nations Unies publié aujourd’hui.

Produit par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Programme alimentaire mondial (PAM), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), et la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale (CESAO), l'Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord 2022: le commerce comme catalyseur de la sécurité alimentaire et de la nutrition, examinant l'état de la sécurité alimentaire régionale et fournissant une analyse et des recommandations sur les moyens de remédier à la situation.

Le rapport révèle que 53,9 millions de personnes environ souffraient d'insécurité alimentaire grave dans la région arabe en 2021, soit une hausse de 55% depuis 2010, et une augmentation de cinq millions de personnes par rapport à l'année précédente. L'insécurité alimentaire modérée ou sévère a poursuivi sa tendance haussière affectant près de 154,3 millions de personnes en 2021, soit une augmentation de 11,6 millions de personnes par rapport à l'année précédente, selon le rapport.

Plus de la moitié de la population des États arabes, soit 162,7 millions de personnes, n'avait pas les moyens de s'offrir un régime alimentaire sain en 2020. Le coût d'une alimentation saine dans la région arabe augmente chaque année depuis 2017. Il avait atteint 3,47 USD par personne et par jour en 2020.

La région arabe continue de souffrir de multiples formes de malnutrition. Alors que la prévalence du retard de croissance (1) (20,5%) touche un enfant de moins de 5 ans sur cinq et est inférieure à la moyenne mondiale, le rapport indique que les indicateurs régionaux relatifs à l'émaciation (2) (7,8%), sont supérieurs à la moyenne mondiale de 6,7%. La prévalence du surpoids chez les enfants de moins de 5 ans est en augmentation constante depuis 2000 et avait atteint 10,7% en 2020.

Le rapport souligne, aussi, que 28,8% de la population adulte (18 ans et plus) de la région arabe est obèse, ce qui représente plus du double de la moyenne mondiale, selon les dernières estimations disponibles. 

La région arabe n'est pas sur la bonne voie pour atteindre la faim zéro et les objectifs de développement durable (ODD) liés à la nutrition. Une situation exacerbée davantage par l’effet de la pandémie et la guerre en Ukraine ; celles-ci ont donné lieu à des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement et ont fait grimper les prix des céréales, des engrais et de l'énergie. Ces crises ont touché les pays arabes de manière disproportionnée et ont aggravé l'insécurité alimentaire et la malnutrition dans la région, surtout que celle-ci dépend fortement des importations de denrées alimentaires pour répondre à ses besoins en matière de sécurité alimentaire

Outre ces événements mondiaux, le changement climatique, les conflits et les problèmes structurels tels que la pauvreté et l'inégalité alourdissent, encore plus, le fardeau de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans la région. C'est pourquoi, les partenaires des Nations unies ont conclu qu'il était peu probable que la région arabe parvienne à l'objectif « faim zéro » (ODD 2) d'ici à 2030.

L'aperçu souligne, par ailleurs, que le commerce est un outil essentiel pour garantir les quatre dimensions de la sécurité alimentaire et de la nutrition (disponibilité, accès, utilisation et stabilité) en augmentant la quantité et la variété des aliments et en réduisant leur prix pour les pays importateurs nets de denrées alimentaires. La plupart des pays de la région n'ont pas, encore, intégré le commerce dans les politiques de sécurité alimentaire. Celles-ci doivent, ainsi, être révisées et les systèmes agroalimentaires de la région transformés pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résistants et plus durables.

Le rapport recommande aux décideurs politiques de se focaliser sur des politiques susceptibles de fluidifier le commerce alimentaire, telles que la réduction des barrières commerciales, le développement de nouvelles zones de libre-échange, la promotion des technologies numériques, la réduction des barrières non-tarifaires, l'homogénéisation des pratiques réglementaires, le renforcement de la gouvernance et la promotion de la collaboration et de la cohérence entre les pays et la communauté internationale. 

Le commerce international n'est pas seulement vital pour la disponibilité des denrées alimentaires, il joue également un rôle majeur dans le renforcement des technologies à travers la diffusion des connaissances qui peuvent optimiser la productivité, accroître les opportunités d'emploi et augmenter les revenus, note le rapport.

L'aperçu appelle également les pays arabes à tirer parti du commerce intrarégional et à s'appuyer davantage sur leurs capacités respectives, car le commerce régional contribue à réduire les pénuries alimentaires au cours des cycles normaux de production agricole et constitue un mécanisme important pour faire face aux déficits de production ou aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement causés par des événements mondiaux défavorables et imprévisibles.

Dans le cadre de la Décennie d'action pour la nutrition 2016-2025 des Nations unies, la réalisation de l'ambitieux programme de développement nécessite une action accélérée pour éliminer la faim et la malnutrition sous toutes ses formes en veillant à ce que des quantités suffisantes d'aliments sains, nutritifs et abordables soient disponibles pour tous. Par conséquent, la région arabe doit améliorer les systèmes agroalimentaires d’un côté afin d'assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition pour tous, et de l’autre pour que ces systèmes soient économiquement durables, inclusifs et aient un impact positif sur le climat et l'environnement.

Les principales conclusions du rapport ont été présentées aujourd'hui, lors d'un événement au Caire. Le rapport complet est disponible en ligne ici.

Notes:

(1) Le retard de croissance est un trouble de la croissance et du développement qui touche les enfants en raison d’une mauvaise alimentation, des infections répétées et d’une stimulation psychosociale inadéquate. Les enfants sont considérés comme souffrant d'un retard de croissance si la taille (en cm) rapportée à l'âge (en mois) est inférieure d'au moins deux écarts types à la valeur médiane des normes OMS de croissance de l'enfant.

(2) Selon l'OMS, l'émaciation est définie comme un faible poids par rapport à la taille. Elle indique souvent une perte de poids récente et sévère, bien qu'elle puisse également persister pendant une longue période. Elle survient généralement lorsqu'une personne n'a pas eu une alimentation de qualité et en quantité suffisante et/ou qu'elle a souffert de maladies fréquentes ou prolongées.

Note de l'éditeur:
Le rapport 2022 sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans la région du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord : le commerce comme catalyseur de la sécurité alimentaire et de la nutrition examine la situation de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans la région des pays arabes, du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord. Il expose le rôle du commerce international dans le renforcement de la sécurité alimentaire et la nutrition dans une région qui subit toute une série de chocs externes. Le rapport fournit, également, des recommandations sur les moyens par lesquels la région peut améliorer les systèmes agroalimentaires pour assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition pour tous, tout en étant économiquement durables, inclusifs et en ayant un impact positif sur le climat et l'environnement.

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Mariam Hamed Hassanien Communications officer (+2) 01007335492 [email protected]