Il ne sera bientôt plus possible d’éviter la famine en Somalie: les hauts responsables siégeant au Comité permanent interorganisations donnent l’alerte

Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, est signataire de la déclaration commune

© UN photo/ Fardosa Hussein

Plan d’ensemble du camp de déplacés internes (PDIP) de Raama Cadeey à Baidoa, en Somalie

©UN photo/ Fardosa Hussein

05/09/2022

La Somalie a atteint un point de rupture. La vie de centaines de milliers de personnes est en danger immédiat, selon les dernières analyses en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. La famine [1] sévit dans deux zones de la région de Bay (les districts de Baidoa et de Burhakaba), dans le centre-sud de la Somalie, et se prolongera probablement jusqu’en mars 2023 en l’absence d’une augmentation significative et immédiate de l’aide humanitaire.

Des millions d’autres personnes sont confrontées à des niveaux de faim extrêmes. Les femmes, en particulier les femmes enceintes et allaitantes, et les enfants de moins de 5 ans sont parmi les plus vulnérables. Ils ont besoin d’une aide urgente pour que le pire soit évité.

Des décès par famine sont probablement déjà survenus. Lors de la crise de 2011, environ 50 pour cent des plus de 250 000 victimes ont perdu la vie avant la déclaration officielle de la famine. Au moins la moitié étaient des enfants.

Au total, dans la Corne de l’Afrique, 20,5 millions de personnes sont confrontées à une crise alimentaire grave et totalement évitable. Cette situation est inacceptable.

La proclamation d’une famine ne doit pas être le seul élément déclencheur de mesures significatives. Depuis plus d’un an, les autorités locales, des gouvernements, des organismes des Nations Unies et des ONG émettent des avertissements clairs sur les niveaux de faim alarmants qui ont été atteints. Ces avertissements ont été largement négligés et, malgré les engagements de la communauté internationale à anticiper les crises, les fonds alloués à ces opérations vitales n’ont pas atteint le niveau nécessaire.

Un renforcement rapide de l’aide humanitaire depuis début 2022 a sans aucun doute permis de sauver de nombreuses vies. Cependant, les ressources disponibles seront rapidement insuffisantes face à l’explosion des besoins.

Nous exhortons tous les acteurs concernés à faciliter un accès immédiat et sûr aux opérations humanitaires.

Nous appelons les donateurs à fournir sans délai des fonds d’utilisation souple pour permettre aux organisations humanitaires sur le terrain, en particulier les ONG locales et internationales, de passer rapidement à la vitesse supérieure pour empêcher de nouvelles pertes en vies humaines, protéger les moyens de subsistance et éviter que cette situation catastrophique ne s’aggrave encore. Il est essentiel que l’aide parvienne aux communautés rurales avant que celles-ci ne soient obligées, pour trouver de la nourriture, d’abandonner leurs foyers.

Ensemble, nous avons déjà réussi à éviter des famines. Nous pouvons et devons y parvenir à nouveau.

Dans un monde aux richesses colossales, il est inacceptable que des gens meurent de faim. Nous devons agir maintenant.

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Signataires

  • M. Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence (OCHA)
  • M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
  • Mme Shahin Ashraf, Présidente par intérim du Conseil international des agences bénévoles (CIAB) (Responsable du plaidoyer mondial - Islamic Relief Worldwide)
  • M. Ignacio Packer, Directeur exécutif du Conseil international des agences bénévoles (CIAB)
  • M. Samuel Worthington, Directeur général d’InterAction
  • Mme Janti Soeripto, Présidente et Directrice générale de Save the Children United States
  • Mme Tjada D’Oyen McKenna, Directrice générale de Mercy Corps
  • M. António Vitorino, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)
  • Mme Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme par intérim (HCDH)
  • M. Andrew Morley, Président du Comité directeur pour l’action humanitaire (SCHR) (Président de World Vision International)
  • Mme Sofia Sprechmann Sineiro, Vice-présidente du SCHR (Secrétaire générale de CARE International)
  • M. Gareth Price-Jones, Secrétaire exécutif du SCHR
  • Mme Cecilia Jimenez-Damary, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays
  • M. Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
  • Mme Natalia Kanem, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)
  • Mme Maimunah Mohd Sharif, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat)
  • M. Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)
  • Mme Catherine Russell, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF)
  • M. David Beasley, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM)

[1] La définition technique du terme famine repose sur des seuils précis: au moins 20 pour cent de la population est touchée, environ 1 enfant sur 3 souffre de malnutrition aigüe et chaque jour, sur une population de 10 000 habitants, deux personnes meurent d’inanition ou de la conjonction de la malnutrition et de la maladie.

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