L’accès à la nourriture en danger dès aujourd’hui dans le monde, tandis que la saison prochaine risque d’être marquée par une crise des disponibilités alimentaires

Le Directeur général de la FAO prend la parole au Forum politique de haut niveau des Nations Unies pour le développement durable

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Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, prend la parole au Forum politique de haut niveau.

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05/07/2022

Rome/New York – La pandémie, l’interruption des chaînes d’approvisionnement à l’échelle planétaire, la hausse des coûts des principaux produits alimentaires, les conflits et les crises humanitaires menacent le fonctionnement des systèmes agroalimentaires mondiaux, a prévenu aujourd’hui M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

«Il y a un risque important que nous soyons confrontés à une crise d’accès aux aliments dès aujourd’hui et à une crise des disponibilités alimentaires pendant la prochaine saison. Cette situation compromet l’action que nous menons pour atteindre les ODD», a-t-il déclaré à l’ouverture de l’édition 2022 du Forum politique de haut niveau des Nations Unies pour le développement durable à New York.

Le Forum est la principale plateforme des Nations Unies consacrée au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (le Programme 2030) et de la réalisation de ses objectifs de développement durable (ODD) à l’échelle mondiale. 

«Nous devons empêcher l’accélération de la tendance observée en matière d’insécurité alimentaire aiguë au cours des mois et des années à venir», a poursuivi M. Qu.

Le Directeur général de la FAO a énuméré les mesures que doit prendre la communauté internationale pour faire face à cet état de fait:

  • il faut développer la production alimentaire au niveau national;
  • il faut fournir de l’argent et des ressources essentielles à la production de céréales et de légumes et protéger les animaux d’élevage grâce à des traitements, des vaccins, des produits d’alimentation animale et de l’eau;
  • les chaînes d’approvisionnement et les chaînes de valeur agroalimentaires doivent être renforcées avec la participation des secteurs public et privé, à l’appui des petits agriculteurs et des ménages;
  • en outre, les moyens de subsistance, les économies et les systèmes agroalimentaires doivent être protégés des chocs futurs.

Pour atténuer les effets des conflits sur l’insécurité alimentaire, il est indispensable d’augmenter durablement la productivité, de renforcer les capacités visant à fournir des services et des produits et d’améliorer l’accès aux nouveaux produits financiers et aux services numériques.

Pas de temps à perdre

Plus tard dans la journée, lors de son allocution à la manifestation de la FAO en marge du Forum sur la transformation des systèmes agroalimentaires au service d’un monde résilient pour faire face aux crises mondiales, M. Qu a affirmé: «Nous n’avons que huit ans avant d’atteindre l’échéance convenue pour mettre en œuvre le Programme 2030 et les ODD. Nous n’avons pas de temps à perdre».

M. Qu a récapitulé l’ampleur de la tâche à accomplir en rappelant les effets de la pandémie et des conflits et la perte cumulée de l’économie mondiale, qui s’élève à plus de 12 000 milliards d’USD en 2020 et en 2021, sapant les progrès réalisés sur la voie des ODD.

Il a mis en évidence quatre grands domaines auxquels il faut porter une attention accrue pour surmonter ces difficultés: les investissements dans les pays qui en ont le plus besoin, les mesures visant à améliorer la productivité et à protéger les ressources naturelles, l’utilisation plus efficace des intrants et des extrants disponibles, et les trois éléments importants que sont l’innovation, la science et la recherche.

Investir dans l’agriculture est rentable

Il faut se hâter d’apporter une aide alimentaire mais aussi favoriser davantage la production d’aliments nutritifs au niveau local, préconise la FAO. Seulement 8 pour cent des financements consacrés à la sécurité alimentaire dans les situations d’urgence servent à soutenir la production agricole, alors que le rapport coût-efficacité des investissements dans l’agriculture et les moyens de subsistance ruraux est sept à dix fois supérieur à celui de l’aide traditionnelle.

Infrastructure

«Nous devons mettre en place des politiques visant à la fois à accroître la productivité et à protéger les ressources naturelles», a ajouté M. Qu.

D’importants investissements financiers (estimés à 8 pour cent de la valeur du marché agroalimentaire) sont nécessaires pour transformer les systèmes agroalimentaires et ainsi favoriser une alimentation saine et nutritive et parvenir à une situation équitable.

Lutte contre le gaspillage

M. Qu a aussi indiqué qu’il était nécessaire d’améliorer et de rendre plus efficace l’utilisation des intrants et des extrants disponibles. Il a évoqué dans ce cadre les problèmes de stress hydrique à l’échelle mondiale puis les pertes et le gaspillage de nourriture, et a incité à rationaliser la consommation d’engrais.

Un milliard d’hectares de terres environ manquent cruellement d’eau tandis que 800 millions d’hectares de terrains agricoles et de pâturages non irrigués subissent les graves effets d’épisodes récurrents de sécheresse.

Pour utiliser l’eau au mieux dans le secteur de l’agriculture, il est fondamental de mieux tirer parti des technologies et des réglementations les plus pertinentes.

Le Directeur général de la FAO a également mis en avant la question des pertes et du gaspillages de denrées alimentaires.

Les quantités ainsi perdues ou gaspillées pourraient servir à nourrir environ 1,26 milliard de personnes chaque année.

Enfin, il a souligné qu’il fallait se servir des outils technologiques pour rendre plus efficace la consommation d’engrais.

Innovation, science et recherche

Le Directeur général de la FAO a fait remarquer qu’à elles trois, l’innovation, la science et la recherche constituent un accélérateur essentiel pour travailler sur tous ces points. 

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Sean Sampson FAO Actualités et médias (Rome) [email protected]

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