Journée mondiale des sols 2022: la FAO publie le premier rapport mondial sur les sols noirs

Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a célébré aujourd’hui la Journée mondiale des sols 2022 en publiant son premier rapport mondial sur les sols noirs, qui sont plus menacés que jamais par la crise climatique, l’appauvrissement de la biodiversité et le changement d’affectation des terres.

Les aliments que nous consommons proviennent à 95 pour cent directement ou indirectement de nos sols, qui possèdent l’extraordinaire capacité de stocker, transformer et recycler les nutriments dont nous avons tous besoin pour subsister, permettant ainsi à la vie de continuer. Sur les 18 nutriments indispensables aux végétaux, 15 sont fournis par les sols, pour autant que ceux-ci demeurent sains. Toutefois, près d’un tiers des sols du monde entier sont déjà dégradés et la perte de fertilité des sols fait que la terre est moins productive et qu’une multitude de céréales, de légumes et de fruits ne sont plus aussi riches en vitamines et en nutriments qu’il y a 70 ans.

Cette année, la manifestation organisée à l’occasion de la Journée mondiale des sols, qui s’est tenue au Siège de la FAO, à Rome, selon des modalités hybrides, a porté sur le rôle des sols dans la sécurité alimentaire et le fait que la perte de fertilité des sols entraîne de faibles rendements agricoles et de mauvaises récoltes, ce qui conduit les populations locales à souffrir de la faim, de la malnutrition et de la pauvreté.

Le rapport intitulé The Global Status of Black Soils (La situation mondiale des sols noirs) et le Soil Atlas of Asia (Atlas des sols d’Asie) ont été présentés aux participants, parmi lesquels figuraient M. Janusz Wojciechowski, Commissaire européen à l’agriculture, M. Seong-ho Lee, Représentant permanent de la République de Corée auprès de la FAO, et M. Victor Vasiliev, Représentant permanent de la Fédération de Russie. La manifestation a également été l’occasion de remettre le Prix mondial des sols Glinka 2022 à M. Ashok Patra Kumar, pédologue de renom de l’ICAR-Institut indien des sciences du sol (IISS) à Bhopal, ainsi que le Prix Roi Bhumibol de la Journée mondiale des sols 2022 à l’Université nationale autonome du Mexique. La Médaille pour services distingués de l’Union internationale des sciences du sol (UISS) 2022 a été décernée au Partenariat mondial sur les sols en signe de reconnaissance pour sa contribution aux sciences du sol depuis sa création il y a 10 ans.

En raison de la crise alimentaire et de la crise des engrais actuelles, les petits agriculteurs, en particulier dans des pays vulnérables en Afrique, en Amérique latine et en Asie, n’ont pas accès à des engrais organiques ni inorganiques et se trouvent confrontés à une hausse de 300 pour cent des prix des engrais. Ces crises nous rappellent que la gestion durable et la restauration de nos précieuses ressources jouent un rôle crucial dans la préservation de la santé et de la fertilité des sols.

«Aujourd’hui, la réduction des disponibilités et l’envolée des prix des engrais entraînent une hausse des prix des denrées alimentaires et de l’insécurité alimentaire», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, dans son discours d’ouverture. «Nous devons œuvrer ensemble à la production d’aliments sains, nutritifs et riches en micronutriments d’une manière durable qui évite la dégradation des sols, limite les émissions de gaz à effet de serre et réduit la pollution des systèmes agroalimentaires.»

Trésor noir

Les sols noirs se caractérisent par un horizon épais de couleur foncée et riche en matières organiques. On en trouve en Russie (327 millions d’hectares), au Kazakhstan (108 millions), en Chine (50 millions), en Argentine (40 millions), en Mongolie (39 millions), en Ukraine (34 millions), aux États-Unis d’Amérique (31 millions), en Colombie (25 millions), au Canada (13 millions) et au Mexique (12 millions).

Leur fertilité inhérente en fait le grenier de nombreux pays et ils sont considérés comme indispensables à l’offre alimentaire mondiale.

Les sols noirs possèdent une autre qualité essentielle: ils ont une importance cruciale pour l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets car ils renferment 8,2 pour cent des stocks mondiaux de carbone organique et peuvent fournir 10 pour cent du potentiel mondial de stockage du carbone organique. Le stockage du carbone organique dans le sol procure une multitude d’avantages aux humains et à l’environnement et constitue une des options les moins coûteuses et les plus efficaces en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets ainsi que dans la lutte contre la désertification, la dégradation des terres et l’insécurité alimentaire.

Le rapport sur la situation mondiale des sols noirs montre que ce trésor est en danger. En raison du changement d’affectation des terres (environ 31 pour cent des sols noirs du monde entier sont cultivés), des pratiques de gestion non durable et du recours excessif aux produits agrochimiques, la majorité des sols noirs ont déjà perdu au moins la moitié de leurs stocks de carbone organique, subissent une érosion modérée à forte et souffrent de déséquilibres en nutriments, d’acidification et d’un appauvrissement de la biodiversité.

Le document définit deux grands objectifs: la préservation de la végétation naturelle sur les sols noirs comme les herbages, les forêts et les zones humides, et l’adoption d’approches de gestion durable sur les sols noirs cultivés. Il présente également des recommandations sur mesure aux agriculteurs, aux gouvernements, aux établissements de recherche et aux universités ainsi qu’au Réseau international des sols noirs.

Atlas de l’Asie

La Journée mondiale des sols s’est également prêtée au prélancement de l’Atlas des sols d’Asie, fruit de la collaboration entre le Partenariat mondial sur les sols de la FAO et la Commission européenne par l’intermédiaire de son Centre commun de recherche, avec le soutien financier de l’Administration coréenne de développement rural et des pays participants. Cet Atlas vise à sensibiliser un large éventail de parties prenantes à la santé des sols. Grâce aux contributions émanant d’une centaine de pédologues de 45 pays, l’ouvrage dépeint la grande diversité des sols de la région.