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Au Guyana, une mère célibataire, institutrice et agricultrice travaille sans relâche et trouve son équilibre


Grâce à sa nouvelle serre d’ombrage, Patricia améliore ses revenus, son indépendance et sa résilience face au changement climatique.

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Patricia (à droite) vit dans la région sud-ouest du Guyana. Mère célibataire, institutrice et agricultrice, elle tire profit de la serre d’ombrage qui lui a été fournie dans le cadre d’un projet de la FAO consacré à l’agriculture intelligente face au climat afin de compléter son revenu d’institutrice et de répondre aux besoins de sa famille. © FAO

27/01/2021

Difficile d’être à la tête d’une exploitation agricole. Difficile d’être mère célibataire. Difficile d’être institutrice à temps plein. Alors, porter les trois casquettes à la fois, «n’en parlons pas!», s’exclame Patricia Persaud. Elle explique néanmoins trouver un certain équilibre et du réconfort dans toutes ces occupations, qui lui font oublier le stress causé par la séparation d’avec son mari: «Je suis détendue et active, et ma situation financière est stable», se réjouit-elle.

Patricia s’est lancée dans l’agriculture car son salaire d’institutrice ne suffisait pas à couvrir les dépenses familiales. Chaque jour de la semaine, de 6 h 30 à 8 heures puis à partir de 17 heures, ainsi que tous les week-ends et pendant les vacances, elle s’affaire avec ses fils à la culture commerciale de pak-choï, d’okra, de piment, de concombre et de chou.

Patricia vit à Parika Back, localité rurale du sud-ouest du pays, où la plupart des gens descendent de longues lignées de cultivateurs et vivent de la petite agriculture. Les habitants de la région ont des liens étroits avec la vie agricole. Ils ont ça dans le sang, comme on dit là-bas.

À la fin des années 1980, Parika Back ne comptait que quelques habitants, les routes étaient peu praticables et les cultures vivrières ne servaient qu’à subvenir aux besoins des foyers. Mais en 2018, les travaux d’aménagement de la route principale ont facilité l’accès aux marchés, encourageant ainsi le développement des petites exploitations dans la région.

Les serres d’ombrage sont des solutions efficaces et durables qui permettent aux petits exploitants d’atténuer certains effets du changement climatique et de renforcer la sécurité alimentaire. © FAO

En avril 2020, la FAO et l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA) ont lancé un projet destiné à promouvoir une agriculture intelligente face au climat auprès des agriculteurs des localités de Parika et de Naamryck, au Guyana. Outre le risque d’inondation qui pèse sur ces zones, la hausse des températures et le changement du régime des pluies augmentent la vulnérabilité des sols et nuisent à la croissance des cultures. Par ailleurs, à la variabilité du climat s’ajoutent les ravageurs, les maladies des cultures et la hausse de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, autant de sources de difficultés pour les petits exploitants.

Dans le cadre du projet pilote FAO-IICA, une solution abordable a été proposée: la serre d’ombrage est une installation efficace et durable à petite échelle qui permet aux petits exploitants de s’adapter aux nouvelles conditions environnementales. Les serres ne peuvent pas enrayer le changement climatique, mais elles peuvent en atténuer certains effets et contribuer à renforcer la sécurité alimentaire.

Grâce à sa serre d’ombrage, Patricia a pu planter de la laitue, du céleri et du brocoli, produits difficiles à cultiver qui nécessitent de recourir à des techniques de serriculture. Cette installation s’est révélée particulièrement utile dans le contexte de la pandémie, face aux restrictions concernant l’acheminement des produits entre les exploitations et les marchés et à l’augmentation marquée des prix du marché. En réalité, les agriculteurs comme Patricia ont tiré avantage de cette situation. Des négociants se sont présentés chez elle pour acheter les produits qu’elle cultivait dans la serre d’ombrage, et ses gains ont été aussi abondants que ses récoltes.

«L’agriculture est une bonne activité si les prix sont justes et si les bénéfices sont à la hauteur de nos efforts», affirme Patricia. Elle cultive depuis huit à dix ans, et il lui est arrivé de perdre une grande partie de ses cultures en raison de trop fortes précipitations, d’inondations ou de la sécheresse. «C’est la loterie, mais il faut être patient et continuer de planter.»

La Banque mondiale estime que trois personnes sur quatre vivent en zone rurale dans les pays en développement et que les moyens d’existence de quelque 2,5 milliards de personnes dans le monde dépendent, directement ou indirectement, de l’agriculture à petite échelle. Si les petits exploitants ruraux jouent un rôle central dans les systèmes agroalimentaires, les écarts considérables de revenus, de superficies des terres et d’actifs, auxquels s’ajoutent les inégalités entre les sexes, rendent les agriculteurs vulnérables face aux effets du changement climatique et à d’autres crises. L’adoption de nouvelles techniques telles que les serres d’ombrage aide les exploitants à mieux résister aux effets du changement climatique.

La serre d’ombrage a été particulièrement utile à Patricia dans le contexte de la pandémie, qui a entraîné une forte augmentation des prix des produits sur le marché. Elle a pu non seulement continuer de produire des aliments nutritifs pour sa famille, mais aussi vendre l’excédent à bon prix. © FAO/Shara Seelall

Patricia se réjouit d’arrêter d’enseigner, dans deux ans au plus tard. Elle souhaite profiter de la retraite pour mener à bien son projet d’agrandissement de sa serre d’ombrage et se consacrer pleinement à la culture de produits en quantités plus abondantes encore.

Patricia est véritablement une femme indépendante, et elle espère que, en racontant son histoire, elle pourra montrer aux jeunes femmes qu’elles peuvent être autonomes et financièrement indépendantes. Le Guyana compte de nombreuses familles monoparentales, surtout dirigées par des femmes, et beaucoup rencontrent des difficultés à subvenir aux besoins de leurs enfants avec un seul revenu.

Étant donné que 43 pour cent environ des femmes rurales participent à la production agricole, la FAO encourage vivement les femmes qui pratiquent l’agriculture à passer d’une production de subsistance à une production à plus forte valeur, axée sur les besoins du marché. En apportant le matériel et les compétences techniques nécessaires à la construction de serres d’ombrage, l’Organisation aide les femmes à améliorer leur production agricole et à renforcer leurs moyens d’existence.

Les programmes de la FAO au Guyana ont pour but d’aider les petits exploitants des communautés rurales à maximiser leur potentiel en augmentant et en diversifiant leur production, en améliorant la qualité de leurs produits pour les introduire plus facilement sur les marchés, en développant leur résilience face au changement climatique et en favorisant l’égalité des sexes. En outre, la FAO encourage l’utilisation durable des ressources naturelles, en particulier par les petits exploitants, qui en sont souvent fortement tributaires, afin de garantir la durabilité des moyens d’existence de ces exploitants et des générations futures.

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