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Quand la réalité du terrain surpasse l’imagination


Au Malawi, avec l’aide d’une école pratique d’agriculture, Jeffrey Chimenya revoit à la hausse ses ambitions d’éleveur

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Jeffrey Chimenya a changé d’avis sur les perspectives qu’offre le secteur agricole après avoir intégré l’école pratique d’agriculture de Nyadanawo, qui reçoit le soutien de la FAO dans le cadre du programme KULIMA, financé par l’Union européenne. Aujourd’hui, il sait qu’il peut faire fructifier son exploitation. ©FAO/Mike Kambalame

19/12/2022

Jeffrey Chimenya n’aurait jamais imaginé que l’agriculture lui permettrait un jour de posséder un logement décent et d’être à la tête d’une exploitation laitière florissante. Pour lui, ce secteur d’activité était synonyme de subsistance et non de prospérité. Pourtant, aujourd’hui, quatre ans après avoir intégré l’école pratique d’agriculture de Nyadanawo, Jeffrey affirme que ses rêves sont en train de devenir réalité. Sa situation financière stable lui permet de prendre soin de sa famille et, plus important encore, de fournir aux siens des aliments nutritifs.

Avant de participer à l’école pratique, une initiative appuyée par la FAO dans le cadre du programme KULIMA, financé par l’Union européenne, il raconte qu’il vivait avec difficulté de son entreprise laitière, lancée sept ans auparavant et toujours peu rentable. Il avait acheté des vaches essentiellement pour emboîter le pas à d’autres personnes et s’était contenté de les soigner et de les nourrir sans méthode.

«J’ai commencé en 2012 avec une génisse. L’élevage laitier était tout nouveau pour moi, et je ne savais pas comment m’y prendre. En 2019, je n’avais encore que trois vaches et je ne voyais pas vraiment de résultat malgré tous mes efforts», se souvient-il.

Transformer les moyens d’existence grâce aux écoles pratiques d’agriculture

Lorsque Jeffrey a rejoint l’école pratique d’agriculture de Nyadanawo en 2019, il s’est rendu compte que, si l’on faisait bien les choses, il était tout à fait possible de bien gagner sa vie en étant éleveur. Grâce aux compétences et aux connaissances qu’il a progressivement acquises en matière de gestion de l’élevage, Jeffrey a donné un nouveau souffle à son exploitation. Il possède désormais huit vaches qui lui donnent 50 à 70 litres de lait par jour, et a commencé à gagner des revenus réguliers en vendant sa production à des transformateurs et à des membres de sa communauté. Il met aussi de côté du lait pour sa famille, qui consomme ainsi régulièrement des protéines. Jeffrey a pour objectif d’agrandir son troupeau à 10 vaches laitières d’ici à 2023, ce qui, d’après son expérience récente, est faisable.

Avec l’appui et la formation reçus à l’école pratique, il s’est lancé dans l’horticulture en cultivant des tomates. Ce complément de revenus lui a permis d’acheter un terrain et d’améliorer les conditions de vie de sa famille en y construisant une nouvelle maison.

«Ma femme vient d’une culture matrilinéaire, ce qui signifie que je ne possédais pas de terres dans son village. Il m’a donc semblé important d’acquérir ma propre parcelle pour y établir ma famille et rendre notre foyer indépendant et autosuffisant. Grâce aux enseignements de l’école pratique d’agriculture, j’applique les connaissances et les compétences que j’ai acquises à la lettre, et mes efforts sont récompensés», a expliqué Jeffrey.

Grâce aux revenus supplémentaires tirés de l’horticulture et de la meilleure gestion du bétail, la famille Chimenya a gagné assez d’argent pour acheter un terrain et se construire un toit. ©FAO/Mike Kambalame

Un avenir plus autonome

À 47 ans, Jeffrey est devenu l’un des 8 303 animateurs communautaires rattachés aux écoles pratiques d’agriculture. Ces animateurs ont pour rôle de faciliter l’échange d’informations et le processus d’apprentissage au sein de leur groupe. Ils transmettent également à l’ensemble de la communauté les connaissances qu’ils acquièrent dans les écoles pratiques. Jeffrey encourage les 30 membres que compte son groupe à aller au bout de leurs ambitions. Il perçoit leur potentiel et cherche à leur faire comprendre qu’eux aussi peuvent atteindre les buts qu’ils se sont fixés. Certains des membres de la communauté se méfient de la démarche de l’école pratique, et le rôle de Jeffrey est de parler de sa réussite en termes concrets, comparables et visibles, afin de veiller à ce que le groupe garde le cap sur ses objectifs.

Selon Jeffrey, être capable de savoir comment agir lorsqu’il y a une difficulté a été l’enseignement le plus précieux inculqué par l’école pratique, et le plus émancipateur. Il se souvient des difficultés que le groupe de l’école pratique de Nyadanawo a traversées avec l’élevage de chèvres: «L’école avait reçu des chèvres dans le cadre du programme KULIMA, mais elles se sont mises à mourir les unes après les autres.» Dans ce district du Malawi, il fait froid et humide, raison pour laquelle les chèvres attrapaient des pneumonies qui leur étaient fatales.

Le groupe ne s’était en effet pas rendu compte qu’il fallait isoler l’enclos. Cependant, en appliquant les enseignements de l’école pratique en matière de suivi de l’état de santé de chaque animal, ils ont découvert la cause de la maladie et, avec l’aide d’un agent de vulgarisation, ils ont résolu le problème en équipant l’enclos de grandes bâches de plastique.

«Nous nous sommes donné les moyens, en groupe, de réfléchir à des solutions, et nous avons bien sûr sollicité l’avis de l’agent de vulgarisation de notre zone», a-t-il précisé.

Les membres de l’école pratique de Nyadanawo maîtrisent désormais les principes d’élevage des chèvres et ont accompagné la naissance de 18 petits, qui ont ensuite été répartis au sein des membres du groupe.

Jeffrey est animateur communautaire de l’école pratique d’agriculture. Son groupe compte 30 membres. Il accueille aussi des élèves venus des écoles voisines à des fins pédagogiques. ©FAO/Mike Kambalame

Donner aux agriculteurs malawiens les moyens de trouver eux-mêmes des solutions aux situations difficiles provoquées par les effets du changement climatique est l’un des objectifs des écoles pratiques. Jeffrey et les autres membres ont ainsi pu réfléchir aux stratégies de diversification et d’intégration de leurs exploitations agricoles et à l’utilisation plus durable des ressources naturelles à leur disposition.

À titre d’exemple, Jeffrey récupère les déjections des chèvres et s’en sert pour produire du compost. Ce fumier contribue à fertiliser le sol des plantations de bananes et des champs horticoles des différents membres du groupe. Le compost peut aussi améliorer la nutrition des sols des jardins. Couplé à un poulailler, le potager garantit à la famille de Jeffrey des repas nourrissants grâce à un approvisionnement en légumes, viande et œufs. Autre exemple: après la récolte du maïs, les tiges servent à nourrir le bétail lorsque le fourrage se fait rare, ce qui permet de tirer le meilleur parti de ressources autrement gâchées.

«Ce qui est formidable avec un agriculteur comme Jeffrey, c’est qu’il s’approprie les connaissances qu’on lui apporte. Les membres de la famille Chimenya assimilent ce savoir et ces compétences et travaillent ensemble pour transformer leur foyer et leur communauté», a fait observer Chifundo Staubi, agent de vulgarisation agricole et maître formateur d’une école pratique d’agriculture dans le cadre du programme KULIMA.

À ce jour, par l’intermédiaire du programme KULIMA, appuyé par la FAO, et en collaboration avec le Gouvernement malawien, 402 vulgarisateurs ont été formés pour devenir maîtres formateurs et 396 agriculteurs référents ont endossé le rôle d’animateurs communautaires. Des cours à destination des animateurs sont assurés sur 602 sites à l’heure actuelle, et 8 122 personnes y participent. L’objectif est de former 600 maîtres formateurs et 8 000 animateurs communautaires d’ici à décembre 2023, date de fin du programme.

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