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La beauté (et le goût!) sont à l'intérieur


Manger les fruits et les légumes abîmés, c’est bon pour l'environnement, pour l'économie et pour promouvoir un monde libéré de la faim

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Mangeriez-vous une carotte comme celle-ci ? Et si cela aidait à lutter contre le changement climatique ? 25 à 30% des carottes n’arrivent pas dans les épiceries parce qu’elles présentent des imperfections physiques ou esthétiques. ©Ralu Cohn/shutterstock.com

15/03/2018

On dit souvent que la beauté est subjective. Mais quand il s’agit des fruits et les légumes, un tiers d'entre eux n'arrive jamais dans les étalages, car ils sont jetés avant d’arriver dans les magasins. Les supermarchés ont certes un rôle à jouer, mais nous devons nous aussi faire un examen de conscience. Entre une pomme de forme ovale et de couleur mate, et une pomme parfaitement ronde et brillante, laquelle choisirions-nous? Les secondes feraient assurément une plus jolie photo sur Instagram, mais tout compte fait, elles seraient aussi bonnes l’une que l’autre et calmeraient tout autant notre faim.

Plus de 820 millions de personnes souffrent de la faim chaque jour, alors qu’un tiers des aliments produits dans le monde est gaspillé ou perdu. Dans le cas des fruits et des légumes, cette proportion est proche de la moitié (45%). Dans le monde actuel, caractérisé par une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et une accélération du changement climatique, garder les fruits les moins beaux n'est pas seulement une question d'éthique, c’est aussi économiser des ressources. Nous utilisons des ressources naturelles précieuses pour produire les aliments que nous jetons. Il faut 13 litres d'eau pour cultiver une tomate et il en faut 50 litres pour produire une orange. On utilise aussi des semences, de la terre, le travail des agriculteurs et même du carburant pour transporter les aliments. Or toutes ces ressources sont perdues lorsque le fruit de ce travail est perdu.

Le gaspillage peut se produire de multiples façons et à différents stades de la chaîne de valeur. Voyons à présent quel est le sort d'une carotte, d'une banane et d'une patate.

Le sort d’une carotte

Les carottes doivent souvent affronter de nombreux obstacles avant d'atterrir dans un supermarché. Elles doivent d'abord être conformes aux exigences strictes des négociants de fruits et légumes. Parfois, elles doivent être analysées par des capteurs photographiques pour détecter leurs défauts esthétiques. Il suffit qu’elles soient un peu tordues, d'un orange trop terne, qu’elles présentent un défaut, ou soient cassées pour être déplacées dans la pile des aliments pour animaux. Au total, environ 25 à 30% des carottes n’arrivent pas jusqu’à l’épiceries en raison de défauts physiques ou esthétiques. Sur les marchés ou dans les boutiques agricoles, les ventes de carottes peuvent contourner certaines normes esthétiques strictes imposées par les supermarchés, mais seriez-vous prêts à acheter une carotte qui n’a pas l'apparence habituelle?

À gauche: Laquelle choisiriez-vous? En choisissant des fruits et légumes imparfaits ou déjà bien mûrs, nous pouvons, en tant que consommateurs, contribuer à économiser toutes les ressources qui ont été utilisées pour les produire. ©saiko3p/shutterstock.com À droite: Si nous apprenons à aimer les fruits et les légumes qui ne sont pas beaux, nous pourrons épargner une partie des aliments que nous gaspillons uniquement à cause de leur aspect. ©Ekaterina Matronitckaia/shutterstock.com

Le sort de la banane

La banane est un fruit particulièrement fragile. Même quand elles arrivent jusqu’aux épiceries et aux supermarchés, les bananes peuvent être endommagées quand elles sont empilées sur les étalages ou emballées. Si elles sont manipulées sans précaution, leur apparence peut être abimée et elles peuvent se gâter plus vite. En outre, en général, les consommateurs tendent à bouder les fruits trop mûrs, mous, décolorés ou abîmés. Alors, un conseil: si vous comptez les manger le jour même, achetez les bananes qui sont déjà mûres. Si personne ne les choisit, au lieu de finir dans le ventre de quelqu’un, elles finiront dans une décharge.

“Tout est beauté mais tout le monde ne le voit pas.” - Confucius

Le sort de la pomme de terre

Certains aliments, comme les pommes de terre, sont perdus ou gaspillés durant leur transformation en produits plus élaborés. Par exemple, une partie des pommes de terre destinées à devenir des frites, peuvent être gaspillées au stade de la découpe. Les bâtonnets se cassent facilement durant la transformation et le conditionnement. En général on jette les morceaux cassés car cela coûte moins cher que de les réutiliser. D'autres pommes de terre endommagées aux stades du chargement et du transport peuvent être exclues avant même de passer au stade du conditionnement. Créer des marchés pour les denrées « de qualité inférieure », et pour des produits, comme les brisures de pommes de terre, qui sont nutritifs, ont bon goût et peuvent être consommés sans danger, serait un moyen de réduire les gaspillages et les pertes alimentaires dus à des erreurs lors de la transformation, du conditionnement, ou du transport. 

Le saviez-vous? Il faut 50 litres d'eau pour produire une orange. Plus de 820 millions de personnes souffrent de la faim chaque jour et le changement climatique fait de plus en plus de dégâts dans l'agriculture. En consommant les fruits et les légumes abîmés, on adopte une approche éthique, et surtout on économise les ressources. © Jiang Hongyan/shutterstock.com

La majorité de ces gaspillages peuvent être évités. Choisir des produits moins beaux, stocker de façon appropriée les fruits et les légumes et manger ce qu'il y a déjà dans le frigidaire avant de consommer les produits que l'on vient d'acheter sont parmi les choses que chacun de nous peut faire au quotidien pour parvenir à un monde libéré de la faim et lutter contre le changement climatique. Faites une place dans votre cœur pour les fruits abimés, pour qu'ils ne finissent pas dans une décharge, mais dans le ventre de quelqu’un.

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