Food and Agriculture Organization of the United NationsFood and Agriculture Organization of the United Nations

Mettre fin à l’utilisation du plastique dans l’agriculture


Des solutions et des matériaux de remplacement durables pour lutter contre la prolifération du plastique

Share on Facebook Share on X Share on Linkedin

En 2019, 12,5 millions de tonnes de matières plastiques ont été utilisées dans la production végétale et animale et 37,3 millions de tonnes dans les emballages alimentaires. Nous avons besoin de nouvelles solutions pour bénéficier d’une grande partie des avantages du plastique de manière plus écologique. ©FAO/Giuseppe Bizzarri

05/06/2023

Nous devons nous intéresser au plastique. Le plastique se révèle très pratique dans de nombreux aspects de notre vie, et l’agriculture ne fait pas exception. Il se retrouve partout, des plaques de semis aux tuyaux d’irrigation, en passant par les bidons de pesticides et les sacs contenant l’alimentation des animaux. Cependant, sa prolifération entraîne des problèmes environnementaux croissants, qui menacent la santé des sols, la qualité de l’eau et le bien-être des populations.

Fin 2021, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport historique sur l’utilisation du plastique dans l’agriculture. D’après les auteurs du rapport, en 2019, 12,5 millions de tonnes de matières plastiques ont été utilisées dans la production végétale et animale et 37,3 millions de tonnes dans les emballages alimentaires.

«D’après nos estimations, les cultures et l’élevage représentent 10 millions de tonnes de plastique, viennent ensuite les pêches et l’aquaculture avec 2,1 millions de tonnes, puis le secteur des forêts avec 0,2 million de tonnes», explique l’un des auteurs du rapport, Richard Thompson, spécialiste des plastiques agricoles et de la durabilité à la FAO.

«La demande mondiale de films plastiques utilisés pour les serres, le paillage et l’ensilage devrait augmenter de 50 pour cent d’ici 2030», a-t-il ajouté.

Seule une petite partie des plastiques agricoles est récupérée et recyclée. La plupart sont enfouis ou jetés en plein air, ce qui nuit aux écosystèmes, à la diversité biologique et à la santé humaine. En haut, à gauche: ©FAO/Saikat Mojumder En bas, à droi

L’envers du décor

Que deviennent toutes ces matières plastiques après utilisation? D’après les données disponibles, seule une petite partie des plastiques agricoles est récupérée et recyclée. La plupart sont enfouis ou jetés en plein air, ce qui nuit aux écosystèmes, à la diversité biologique et à la santé humaine.

Sans compter que de nombreux plastiques ne sont même pas éliminés. Par exemple, les agriculteurs utilisent fréquemment des films de paillage pour couvrir le sol afin de réguler la température, conserver l’humidité et lutter contre les mauvaises herbes. Ces films peuvent être difficiles à retirer après la récolte et laissent souvent des résidus plastiques dans le sol, ce qui provoque une érosion, une moins bonne infiltration de l’eau et une baisse de l’activité microbienne.

Les plastiques abandonnés ont tendance à se dégrader en de plus petits particules, appelées microplastiques. Les microplastiques peuvent s’accumuler dans le sol et être nuisibles à des organismes utiles, tels que les vers de terre et les champignons mycorhiziens, dont la présence est essentielle à la santé des sols et à la croissance végétale. Ils peuvent aussi entrer dans les chaînes alimentaires et s’y accumuler, ce qui représente une menace pour la sécurité sanitaire des aliments, la sécurité alimentaire et potentiellement la santé humaine.

«Nous devons mieux surveiller les quantités de matières plastiques qui sont utilisées et se répandent dans l’environnement. Il faut promouvoir des modèles plus responsables dans le secteur agricole, comme la bioéconomie durable et circulaire», déclare Lev Neretin, responsable du programme relatif à la bioéconomie au service d’une alimentation et d’une agriculture durables.

Les promesses de la bioéconomie

Une bioéconomie durable et circulaire reposant sur l’utilisation efficiente et responsable de ressources biologiques renouvelables, comme les plantes, les algues, les champignons et les bactéries, ouvre des perspectives prometteuses pour réduire l’empreinte environnementale des plastiques agricoles.

En amont, il peut s’agir tout simplement de supprimer l’utilisation du plastique dans certains cas, par exemple en ayant recours aux cultures de couverture et aux résidus de végétaux tels que la paille, plutôt qu’au paillage plastique. Une autre possibilité est d’utiliser des plastiques biosourcés, lesquels sont issus intégralement ou en partie de ressources biologiques. Ces plastiques peuvent être moins nocifs et avoir une empreinte environnementale et carbone moins importante que les équivalents d’origine fossile. Néanmoins, l’utilisation de plastiques biosourcés soulève encore des questions: coût, tri des déchets, biodégradabilité et compostabilité.

C’est pourquoi l’utilisation de produits biodégradables ou compostables, qui peuvent se décomposer grâce à des microorganismes naturellement présents tels que des bactéries et des champignons, est toujours recommandée dans certains cas pour l’agriculture et la pêche. On citera en particulier les cas où le plastique ne peut être évité, remplacé par des matériaux réutilisables ou plus durables, ni facilement retiré.

En aval, la bioremédiation, à savoir l’utilisation d’organismes vivants comme les plantes et les bactéries pour lutter contre la contamination par les microplastiques et d’autres polluants, est un exemple d’application prometteuse de la bioéconomie pour limiter la pollution. En effet, plusieurs études ont confirmé que certains microorganismes et végétaux pouvaient éliminer des microplastiques et des nanoplastiques des sols ou de l’eau.

Ce que fait la FAO

Étant donné qu’une grande partie des déchets plastiques proviennent des systèmes agroalimentaires, la FAO s’emploie de plus en plus à mettre au point des solutions et à aider les États à gérer les plastiques agricoles de manière durable. On citera le projet de financement de la gestion et de la réduction de l’utilisation des produits agrochimiques (GEF FARM), financé par le Fonds pour l’environnement mondial, dans le cadre duquel la FAO accompagne le Kenya et l’Uruguay dans le renforcement de leurs politiques et cadres réglementaires afin de réduire l’utilisation et d’améliorer la gestion des produits agrochimiques et des plastiques dans l’agriculture.

Dans le secteur des pêches, le projet de partenariats GloLitter, que la FAO dirige aux côtés de la Norvège et de l’Organisation maritime internationale, aide les pays en développement, dont les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA), à prévenir et à réduire les déchets marins.

Le programme soutient le renforcement des capacités, les réformes stratégiques et institutionnelles, la gestion des déchets dans les ports, la prévention de l’abandon d’engins de pêche et le développement des partenariats public-privé et des pratiques optimales.

Les plastiques biosourcés ou des matériaux de remplacement biodégradables, tels que des déchets non comestibles de bananes, sont des solutions prometteuses pour réduire l’empreinte environnementale des plastiques agricoles. La FAO aide les pays à mettre au point un traité juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique. ©FAO/Ezequiel Becerra

Et l’avenir?

La question du plastique figurant parmi les grandes priorités environnementales, la FAO assiste les pays dans le cadre des délibérations du Comité intergouvernemental de négociation, chargé d’élaborer un traité juridiquement contraignant sur l’élimination de la pollution plastique. La FAO prend également la tête des efforts mondiaux visant à définir un code de conduite volontaire sur l’utilisation durable des plastiques dans l’agriculture.

Nous pouvons nous aussi participer. Il existe de nombreuses possibilités innovantes et créatives pour lutter contre la pollution par les plastiques et ses répercussions sur la santé humaine et environnementale. Ensemble, gagnons la bataille!

Liens utiles

Pour en savoir plus