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Zones arides: une expression qui cache bien plus que ce qu’elle suggère


Vous ne le saviez peut-être pas, mais plus de 25 pour cent des forêts mondiales poussent sur des terres arides!

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On pourrait penser que les zones arides sont seulement des espaces stériles, mais ce sont en réalité des écosystèmes à la biodiversité foisonnante. ©FAO

18/03/2021

Lorsque vous pensez à des terres arides, voyez-vous des kilomètres de désert vide et nu? Eh bien, il vous faut revoir cette idée préconçue!

Les zones arides constituent en réalité un type unique d’écosystème, caractérisé par la pénurie des ressources en eau et la faiblesse des précipitations. Les plantes et les animaux y survivent avec très peu d’eau et sont adaptés aux sécheresses et vagues de chaleur fréquentes dans ces zones.

Cependant, ce n’est pas parce que ces régions sont arides qu’elles sont stériles. En effet, les terres arides n’en sont pas moins des milieux productifs au potentiel économique et à la valeur environnementale considérables. Malheureusement, la surveillance et la régénération de leurs écosystèmes n’ont pas mobilisé la même attention que celles d’autres écosystèmes, notamment les forêts pluviales. Les zones arides sont vulnérables et pourtant négligées. Tant le changement climatique que l’utilisation non durable des terres et les pénuries d’eau de plus en plus graves contribuent à leur dégradation jusqu’à un point de non-retour, altérant les écosystèmes, érodant la biodiversité, réduisant la productivité des terres et limitant la production végétale et animale, autant de facteurs qui rendent la vie plus difficile pour les communautés vivant dans ce milieu.

Pourquoi faut-il que les zones arides deviennent une priorité?

Parce qu’un quart des forêts mondiales poussent sur des terres arides.

Cela peut vous surprendre, mais plus d’un quart des forêts mondiales poussent en milieu aride. Les arbres sont présents dans près d’un tiers des régions arides mondiales, représentant 1,1 milliard d’hectares de forêts, selon la dernière évaluation des zones arides réalisée par la FAO. Ces arbres et ces forêts revêtent une importance colossale pour la planète. Ils fournissent des habitats propices à la biodiversité, protègent les terres de l’érosion éolienne et de la désertification, fournissent de l’ombre aux cultures, aux animaux et aux êtres humains, facilitent la pénétration de l’eau dans le sol et contribuent à la fertilité.

Les autres terres arides non plus ne sont pas seulement des déserts: 25 pour cent d’entre elles sont des pâturages et 14 pour cent des terres agricoles.

Parce qu’en protégeant les zones arides, on protège la biodiversité

Plus d’un tiers des hauts lieux mondiaux de la biodiversité se situent dans des zones arides. Celles-ci sont par ailleurs des sites d’escale essentiels pour les oiseaux migrateurs.

En Afrique du Nord, parce qu’elle se trouve là où convergent la chaîne montagneuse de l’Atlas, le Nil et le désert, la région du désert saharien abrite une riche biodiversité comptant de nombreuses espèces endémiques. Dans les zones arides d’Afrique de l’Est, la végétation est variée, allant de zones boisées, où les arbres peuvent atteindre 15 mètres de haut, jusqu’à des paysages extrêmement secs où ne poussent que de rares arbustes.

14 pour cent des terres arides sont des terres agricoles utilisées par les communautés locales © FAO/Giulio Napolitano

Parce que les zones arides sont les lieux de vie de 2 milliards de personnes.

Près de 40 pour cent des habitants de la planète résident dans des régions arides. La situation socioéconomique de ces populations est nettement plus mauvaise que celle des populations de nombreuses autres zones, au point que la majeure partie de la pauvreté dans le monde est concentrée dans les zones arides.

Dans ces zones, la disponibilité des ressources en eau est inférieure d’un tiers environ au seuil nécessaire pour assurer le bien-être des êtres humains et le développement durable à un niveau minimal. Ces zones sont reculées, éloignées des services publics et des marchés et dépendantes des ressources naturelles, de sorte que leurs populations sont particulièrement exposées aux pénuries alimentaires. La surface de terres productives continuant à diminuer, les producteurs de ces zones auront de plus en plus de mal à nourrir convenablement leurs familles.

Parce que le changement climatique a déjà des effets sur ces systèmes.   

Le changement climatique a déjà commencé à dégrader les terres arides. Si nous continuons sur cette voie, les conditions caractérisant les terres arides deviendront plus extrêmes, avec davantage d’épisodes de sécheresse, des vagues de chaleur intense et des vents violents.

Que fait la FAO à ce sujet?

La FAO et ses partenaires ont mis en œuvre de nombreux projets visant à protéger les zones arides et à ralentir la désertification.

Par exemple, la FAO et Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont lancé l’Action contre la désertification pour s’attaquer aux effets sociaux, économiques et environnementaux préjudiciables de la dégradation des terres et de la désertification. L’initiative vise à aider les communautés locales, les gouvernements et la société civile au Burkina Faso, en Érythrée, en Éthiopie, en Gambie, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Nigéria, au Sénégal, au Soudan, aux Fidji et à Haïti, à remettre en état les terres dégradées et à gérer les écosystèmes fragiles d’une manière durable.

Le programme comprend notamment les activités suivantes: remettre les terres en état en plantant les espèces qui conviennent là où il faut pour améliorer la qualité des sols; promouvoir l’utilisation de semences forestières autochtones de qualité; et gérer la régénération naturelle des espèces et des zones replantées par l’intermédiaire de comités de gestion villageois. Globalement, on compte plus de 60 000 hectares en cours de régénération et plus de 500 communautés villageoises associées aux activités de régénération, avec la participation de plus de 1 million d’exploitants agricoles, dont la moitié sont des femmes.

L’initiativeAction contre la désertification appuie le projet de la Grande muraille verte, qui est mis en œuvre en Afrique sur une étendue de 780 millions d’hectares de terres arides et semi-arides située en bordure du Sahara. Cette initiative aidera les agriculteurs à protéger les forêts, les terres agricoles et les pâturages et à en gérer la régénération naturelle. Lorsque la dégradation est plus grave, l’initiative prévoit la conduite à grande échelle d’activités de préparation des terres et la plantation de végétation supplémentaire.

En République du Niger, le village de Chatoumane souffre d’une longue saison sèche, qui ne cesse de s’allonger en raison des effets du changement climatique. © FAO/Giulio Napolitano

En lien avec les projets conçus pour revitaliser les zones arides et inverser le processus de désertification, la FAO a lancé une nouvelle initiative visant à ce que chaque voix compte pour une gestion adaptative. Cette nouvelle approche met à la disposition des communautés vivant en milieu aride, partout dans le monde, une plateforme leur permettant d’échanger entre elles les enseignements qu’elles ont tirés de leur expérience en matière de régénération des terres, afin d’aider les autres communautés confrontées à des situations analogues à protéger leur environnement local. L’initiative contribue à renforcer les capacités des communautés, car celles-ci sont amenées à produire elles‑mêmes des vidéos participatives illustrant leur expérience, les problèmes qu’elles ont rencontrés et les résultats qu’elles ont obtenus.

À la fin du projet, les vidéos seront traduites dans diverses langues locales et diffusées dans d’autres pays conduisant des projets similaires. En proposant la mise en commun des connaissances locales d’une manière interactive, inclusive et enrichissante, et en encourageant les communautés à prendre les rênes de leurs projets sur leur territoire, nous pouvons faire changer les choses durablement dans les régions arides.

Un avenir meilleur passe obligatoirement par la réalisation d’investissements sociaux et économiques dans les zones arides. Combattre la dégradation des terres et la désertification signifie préserver la biodiversité, les moyens d’existence et notre planète.

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