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L’écotourisme en montagne


Initiatives touristiques à l’appui des populations des montagnes et de leur environnement

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Le tourisme en montagne est une source de revenus déterminante, mais il faut qu’il soit durable si l’on veut protéger la beauté naturelle et le patrimoine culturel de ces milieux. ©Gribi Mohammed

10/12/2021

Depuis longtemps, les régions montagneuses du monde entier fascinent les visiteurs, séduits par les reliefs naturels, les activités de plein air, la fraîcheur estivale et la culture unique des communautés montagnardes.  

De fait, pour les personnes qui y vivent, le tourisme est une véritable planche de salut économique. Les montagnes ont beau être belles, les conditions de vie y sont parfois rudes. Ces zones isolées sont caractérisées par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, un déficit d’infrastructure et des perspectives d’emploi très limitées. Le tourisme est une source de revenus déterminante, mais il faut veiller à ce que les activités menées soient durables afin de protéger la beauté naturelle des montagnes et leur patrimoine culturel. Avec la reprise progressive des voyages, nous avons l’occasion de repenser le tourisme et de nous assurer qu’il ne portera pas préjudice à l’environnement et aux communautés locales sur le long terme.

Le Secrétariat du Partenariat de la montagne, hébergé par la FAO, et l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) publient un nouveau document qui propose des pistes de réflexion sur les façons dont les communautés montagnardes peuvent tirer parti de ce secteur, en créant à la fois des perspectives de tourisme durable et des moyens de subsistance solides.

Voici quelques-uns des lieux qui ont su le faire.

Riz rouge ancien des Philippines 

Nichées dans les cordillères des Philippines, les rizières en terrasses de Fummag sont célèbres dans tout le pays pour leur production de qualité supérieure.

«Dans les cordillères des Philippines, le riz représente la vie, la culture et l’identité. C’est la toute première culture plantée. C’est le tout premier aliment qu’on cuisine dans les foyers», explique Lita, 72 ans, qui a travaillé toute sa vie dans les rizières. 

Le riz rouge Ulikan, originaire du village de Pasil, est particulièrement réputé, et les ancêtres de Lita cultivent cette variété ancienne depuis toujours. D’après la légende, ce riz rouge a jailli de la dépouille de Likan, le grand chef de la tribu des Taguibong, disparu après une partie de chasse. Les membres de la tribu en rapportèrent des graines qu’ils plantèrent en sa mémoire. Aujourd’hui, plus de 400 producteurs de riz rouge Ulikan, pour la plupart des femmes, travaillent dans la région de Pasil.

Le Secrétariat du Partenariat de la montagne, le mouvement Slow Food et le Ministère philippin du tourisme ont lancé un projet visant à faire le lien entre les petits producteurs et les prestataires de services touristiques afin de tirer parti des possibilités offertes par les systèmes et les produits alimentaires locaux, notamment en organisant des visites guidées dans les rizières en terrasses. En 2019, le riz rouge Ulikan a également obtenu l’étiquette caractéristique des produits labellisés par le Partenariat de la montagne de la FAO, qui retrace l’histoire de produits traditionnels, de leur origine à leur mise sur le marché. Cette initiative a pour objectif d’augmenter les revenus des agriculteurs des montagnes qui vivent dans des zones reculées.

Dans la gamme du tourisme durable, on trouve aussi bien les «astroséjours» dans le massif de l’Himalaya que les visites organisées des exploitations rizicoles philippines. À gauche: ©Astrostays. À droite: ©FAO/Lena Gubler

Observer les étoiles dans l’Himalaya 

S’allonger sous le ciel nocturne pour admirer les étoiles filantes sur l’un des meilleurs sites d’observation céleste du monde, ça vous tente? C’est ce que proposent quelques communautés au cœur de l’Himalaya avec leurs services d’astrotourisme, qui comprennent des nuits d’observation et des manifestations spéciales à l’occasion des éclipses solaires et des pluies de météores. Les zones montagneuses reculées constituent des points d’observation privilégiés pour ces événements et, située à une altitude de plus de 3 000 mètres, la région indienne du Ladakh est le site idéal.

Depuis 2018, des villages de tout le Ladakh appliquent un modèle d’astrotourisme communautaire élaboré par Global Himalayan Expedition, une organisation membre de l’Union astronomique internationale et du Partenariat de la montagne. Les astrostays ou «astroséjours», pilotés et gérés par les communautés locales, comprennent des séjours chez l’habitant et des séances d’observation des étoiles à destination des touristes.

«Depuis que nous avons lancé les astroséjours dans le village de Maan, les touristes viennent y passer la nuit pour admirer les étoiles, ce qui nous a permis d’engranger des revenus supplémentaires», indique Tsering Dorjey, un villageois de 29 ans.

Trente femmes de quinze villages différents ont reçu une formation sur les fondamentaux de l’astronomie et de l’hospitalité. Une équipe de cinq habitants de Maan, eux aussi formés, organisent les séances d’observation du ciel nocturne pour les voyageurs de passage.

«Les touristes nous rendent aussi visite en plein hiver, car c’est le meilleur moment pour contempler les étoiles, ce qui nous permet de profiter des avantages du tourisme tout au long de l’année», a ajouté Tsering. 

Au cours des quatre premiers mois d’activité, en 2019, 450 visiteurs ont été accueillis au Ladakh. La communauté a réinvesti ces revenus supplémentaires dans l’installation de dix chauffe-eaux solaires et de quinze serres, qui ont joué un rôle primordial pendant la pandémie de covid‑19.

Le tourisme peut offrir aux peuples nomades la possibilité de rester vivre dans la montagne tout en préservant leur stabilité financière et en protégeant leur culture. ©Vincent Kronental

Vivre comme un nomade en Iran

Quoi de plus extraordinaire qu’une migration aux côtés d’une tribu nomade? 

Les tribus iraniennes vivent depuis toujours dans des régions montagneuses, migrant deux fois l’an pour faire paître leurs troupeaux. Cependant, l’isolement de ces populations et leur mode de vie unique sont souvent synonymes d’exclusion sociale et de pauvreté, ce qui pousse les plus jeunes à renoncer au nomadisme au profit d’emplois souvent peu qualifiés en ville. Ce phénomène ne fait qu’exacerber la pauvreté des communautés et le risque que l’identité ethnique et la culture de ces tribus nomades disparaissent progressivement. L’écotourisme, en revanche, offre aux peuples nomades la possibilité de rester vivre dans les montagnes tout en préservant leur stabilité financière et en protégeant leur culture.

L’entreprise IRANomad Tours a conçu un modèle d’écotourisme qui permet à de petits groupes de voyageurs étrangers responsables de se joindre à une famille nomade de la tribu des Bakhtiari pendant sa migration. La tribu parcourt les provinces de Bakhtiari, de Chaharmahal et de Khuzestan, dans les monts Zagros, dans le sud-ouest de l’Iran. Pendant le voyage, les touristes partagent les repas, les tâches et les tentes de la famille.

Avec l’essor du tourisme, un certain nombre de jeunes nomades ambitionnent de devenir des guides de voyage certifiés. À l’issue d'une formation de neuf mois, le Ministère iranien du tourisme leur décernera un certificat de guide local, qui leur permettra de proposer les itinéraires qu’ils auront eux-mêmes conçus.

Le tourisme ne peut se poursuivre à l’avenir que dans le respect et le soutien des communautés locales. Les voyages et les expériences durables protègent l’environnement tout en améliorant les conditions de vie des populations, ce qui continuera de faire prospérer les régions montagneuses.

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