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Une étiquette alimentaire qui change des vies dans les communautés montagnardes


Le consumérisme responsable gagne du terrain et change la donne pour Lalita et sa famille

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Grâce à une «étiquette narrative», qui présente la filière du produit, les ventes de haricots du district de Jumla sont en hausse et Lalita et sa famille voient se dessiner un meilleur avenir pour leur commerce. ©Organic World and Fair Future Pvt. Ltd.

25/08/2020

La vallée de Sinja, dans le nord-ouest du Népal, offre des panoramas saisissants et possède une riche histoire. Un relief aux pentes vertigineuses dissimule des grottes dans ses parois rocheuses mais aussi des ruines de palais et de temples, vestiges de la capitale de l’ancien royaume Malla, situé dans l’ouest du pays, qui connut son apogée dans cette région entre les XIIe et XIVe siècles.

Aujourd’hui, la grandeur passée de cette cité n’est plus qu’un lointain souvenir et les cultivateurs de la vallée de Sinja luttent pour survivre. Isolés et marginalisés, comme bon nombre des 350 millions de personnes qui habitent les régions montagneuses des pays en développement, leur accès aux aliments est aléatoire. Leurs écosystèmes vitaux sont menacés par le changement climatique, la dégradation des terres et les catastrophes naturelles, et la concurrence qui s’exerce sur des ressources de plus en plus rares peut entraîner conflits et migrations.

L’histoire de Lalita

Lalita Rokaya et sa famille sont des cultivateurs de la vallée de Sinja. Ils cultivent principalement le haricot de Jumla, aliment coloré d’origine locale. Ce haricot est un ingrédient essentiel de la soupe kwati, mets typique de cette région montagneuse du Népal, où elle est consommée lors des fêtes et célébrations. Cette denrée, incontournable dans le district de Jumla et pour la famille de Lalita, est depuis des siècles la première source de revenus des cultivateurs de cette zone occidentale du Népal.

Pourtant, malgré l’importance de ce haricot, les populations de Jumla éprouvaient de grandes difficultés à le commercialiser. Lalita évoque le temps où son père rentrait du marché les poches vides. Sur les deux tonnes de haricots qu’il transportait à Katmandou pour les vendre sur le marché (à plus de 800 kilomètres de la vallée de Sinja), il ne parvenait à en vendre que 300 kg. Telle était souvent la cruelle réalité. Enfant, Lalita devait souvent manquer l’école pour prêter main forte à sa famille dans les champs; celle-ci avait du mal à joindre les deux bouts et considérait la scolarisation comme un luxe qu’elle ne pouvait pas se permettre.

Les paquets de haricots de Jumla sont à présent marqués d’une étiquette restituant l’historique de leur production créée par le Partenariat de la montagne de la FAO. Cette initiative vise à augmenter les revenus des cultivateurs montagnards des zones recu

Des prix plus équitables pour les communautés montagnardes

Lalita se souvient du jour où tout a basculé pour sa famille. Son groupement coopératif local, le Sinja Valley Group, a conclu un partenariat avec la société privée à vocation écologique et sociale népalaise Organic World and Fair Future, qui est membre du Partenariat de la montagne. Les deux partenaires ont scellé un accord ayant pour objet la production, l’offre et la commercialisation de haricots de Jumla. En 2016, En 2016, cette collaboration fut à l’origine de l’octroi au haricot de Jumla d’une étiquette «produit du Partenariat de la montagne» (Mountain Partnership Products – MPP) de la FAO, qui présente la filière du produit. Le but était de donner un coup de pouce aux revenus des montagnards pratiquant cette culture dans les zones reculées.

Le label MPP, créé en coopération avec Slow Food International, organisation italienne qui promeut les produits et les filières alimentaires durables, présente la filière de produits traditionnels: origine, culture, transformation, conservation.

Le label MPP a permis de certifier l’authenticité et la qualité supérieure de ces haricots, faisant ainsi échec aux faux haricots de Jumla vendus sur le marché. Le produit a commencé à se vendre dans les supermarchés du Népal, ce qui a fortement fait monter les ventes et stimulé la production, dont le volume a été multiplié par quatre en trois ans. Les producteurs ont été en mesure d’augmenter le prix de ce haricot de plus de 25 pour cent.

Le succès du mélange de haricots de Jumla s’est traduit par une meilleure sécurité alimentaire pour la famille de Lalita et sa communauté. Lalita et de nombreux jeunes ont pu retourner à l’école, et les habitants de son village ont pu affecter une partie de ce revenu supplémentaire à des dépenses de santé. L’agriculture et l’élevage sont aujourd’hui de plus en plus pratiqués par les femmes de la communauté, pour qui ces activités représentent un nouveau moyen d’existence. 

La présentation de la filière du haricot de Jumla aux consommateurs du monde entier a donc changé la vie de Lalita. Aujourd’hui pleinement engagée dans l’agriculture durable, la jeune femme de 25 ans mobilise des jeunes de sa communauté montagnarde en les engageant à cultiver et à commercialiser des produits locaux.

Le Népal est l’un des huit pays où l’initiative MPP a aidé des petits cultivateurs de montagne à commercialiser leurs produits. ©Organic World and Fair Future

Un consumérisme écologique

Financé par la Coopération italienne pour le développement et le Ministère italien des affaires étrangères, l’Initiative des produits du Partenariat de la montagne et le label MPP aident le consommateur à prendre connaissance de la filière du produit qui lui est proposé et des travaux qui la sous-tendent et, ce faisant, à garantir un prix équitable pour ses producteurs. Outre Lalita et sa famille, l’initiative MPP a aidé environ 10 000 petits cultivateurs montagnards de huit pays à commercialiser leurs produits.

Les montagnards comme Lalita et sa famille sont les gardiens de l’un des écosystèmes les plus importants mais aussi les plus vulnérables de la planète. Près de la moitié de la population mondiale tire son eau potable, sa nourriture et de l’énergie propre de la montagne. Les étiquettes MPP sont une passerelle entre les producteurs montagnards de produits importants et les consommateurs modernes. Ce n’est qu’en confiant la présentation de la filière de production aux producteurs eux-mêmes que l’on peut créer un lien émotionnel avec le consommateur, et les étiquettes MPP aident Lalita, et d’autres comme elle, à faire connaître cette filière au monde entier.

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