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En République dominicaine, investir dans la jeunesse freine l'exode rural


Le soutien économique et la formation contribuent à créer des opportunités dans le secteur agricole

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Escarlin Méndez, David Medina et José Decena pêchent les poissons dans leur exploitation piscicole. Grâce à cette initiative, leur communauté a du poisson frais tous les jours. ©FAO / Rosa Borg

12/08/2019

On dit souvent que les jeunes sont l'avenir. Mais en réalité, quand il s'agit de la jeunesse rurale, peu de garçons et de filles envisagent un avenir dans l'agriculture ni même dans leur région natale. Le manque d'accès à la terre, à la technologie, au crédit ou aux ressources productives pousse de nombreux jeunes ruraux à considérer la migration, souvent vers les zones urbaines, comme leur seule option pour un avenir meilleur.

Pourtant, l'agriculture représente un vrai potentiel pour réduire la pauvreté, en particulier dans les pays en développement.

En République dominicaine, les jeunes âgés de 20 à 24 ans connaissent le taux de chômage le plus élevé du pays, soit 25,5%. La situation est pire dans les zones rurales, en particulier aux frontières avec Haïti.

Les noms de ces six jeunes auraient pu venir s'ajouter à la liste de ceux qui sont contraints à l'exode. Mais ils ont eu la chance de rester dans leur communauté et de devenir entrepreneurs.

Ces jeunes avaient certes des idées novatrices, mais ils avaient besoin de crédit et de soutien technique pour les mettre en place. Tous ces projets s'inscrivent dans le cadre de l'initiative visant à multiplier les possibilités d'emploi rural décent pour les jeunes femmes et les jeunes hommes aux Caraïbes (Strengthening of Decent Rural Employment for Young Women and Men in the Caribbean project), lancé par la FAO et le Fonds international de développement agricole (Fida) pour aider les jeunes entrepreneurs à élaborer leurs business plans dans leur ville natale.

Les plus gros fournisseurs de bétail de la région

Osmaro Sánchez a vécu toute sa vie dans la municipalité d'El Llano, dans la province d'Elías Piña, à la frontière dominicaine avec Haïti. Ses grands-parents possédaient une ferme et ses parents travaillaient dans l'agriculture. Ils élevaient des chèvres et des moutons dans un paysage accidenté, où tout est rare, surtout l'eau.

"Les jeunes doivent émigrer en raison du manque d'opportunités. Il n'y a pas de travail et les banques ne nous prêtent pas d'argent parce que nous n'avons aucune garantie. Il ne reste que l'agriculture, mais avec la sécheresse, ceux qui osent planter peuvent tout perdre à cause du manque d'eau ", explique-t-il.

Sur son exploitation, Osmaro a élevé 30 animaux. Puis, grâce à l'aide de la FAO et du Fida, il a acheté, avec deux autres jeunes, 22 animaux supplémentaires. Aujourd'hui, ils en ont 65. Dans la région, il y a une forte demande pour la viande car l'offre est restreinte. "Nous voulons devenir les plus gros fournisseurs de bétail de toute la région."

A gauche : Osmaro et son associé, Nercy, sur leur exploitation où ils espèrent élever 200 chèvres et moutons. A droite : Eduardito de la Rosa tient dans ses mains de l'engrais organique avec des vers de terre. ©FAO/Rosa Borg

Du poisson frais toute l'année

A El Llano, le poisson ne faisait jamais partie du menu, même pendant les fêtes. Mais trois jeunes ont décidé de changer les choses en créant une pisciculture pour offrir du poisson frais à leurs voisins.

Avec une subvention de 5 000 dollars EU, Escarlin Méndez, David Medina et José Decena ont acquis trois étangs, un puits submersible et 4 000 petits poissons pour démarrer cette activité dans laquelle ils ont fondé tous leurs espoirs.

"Notre projet a du potentiel. Il aura une grande répercussion dans la ville. On propose du poisson frais à la communauté. Et l'eau, drainée depuis les étangs, peut être réutilisée comme engrais pour les cultures ", explique Esquerlin.

La communauté en avait besoin

"Mon mari et moi avions prévu de déménager à Saint-Domingue à cause du manque d'opportunités. Maintenant, je ne veux plus partir d'ici ", explique pour sa part Jocabed Leger, qui dirige la seule entreprise agroalimentaire de son village, une communauté qui dépend principalement de l'agriculture et de l'élevage.

Grâce à la FAO et au Fida, Jocabed a ouvert cette entreprise agro-vétérinaire dont la communauté avait besoin. La demande pour leurs produits est si forte qu'à l'avenir, ils aimeraient ouvrir une succursale dans une communauté voisine.

"Ce métier, c'est ma vie, et c'est la preuve qu'on peut investir dans les jeunes", dit-elle avec enthousiasme. 

Grâce à l'appui de la FAO et du Fida, Jocabed a pu ouvrir la seule entreprise de produits agro-vétérinaires de sa région. © FAO/Rosa Borg

La lombriculture : une technologie de l'avenir

Eduardito de la Rosa est technicien agricole dans la municipalité de Comendador, à Elías Piña. A 34 ans, il a toujours travaillé dans l'agriculture. Mais jusqu'à maintenant, il n'avait pu mener à bien ses projets faute de crédit.

Eduardito a reçu 3 000 dollars EU du projet de la FAO et du Fida. Après avoir participé à deux sessions de formation consacrées à l'agriculture biologique et à l'entrepreneuriat, il a fabriqué un tas de compost sur une terre donnée par un ami et acheté les vers nécessaires à la lombriculture.

"Nos sols sont très pauvres. Ils ont été maltraités par l'utilisation de produits chimiques, ce qui a des répercussions sur l'environnement. C'est pourquoi j'ai choisi un projet de lombriculture, pour essayer de changer la façon de voir des agriculteurs. C'est la technologie de l'avenir ", dit-il.

Aujourd'hui, son objectif est de devenir le plus grand producteur d'engrais organique à base de vers de terre dans son pays. Il est convaincu qu'il s'agit de la meilleure façon de laisser une planète en meilleur état aux générations futures.

Les jeunes sont des alliés essentiels pour trouver des solutions à la pauvreté rurale. Investir dans la jeunesse rurale peut permettre d'accroître l'attrait pour l'agriculture et ainsi profiter à des collectivités entières. La FAO soutient les idées novatrices des jeunes pour leur donner la possibilité d'améliorer les conditions de vie de leurs communautés et de parvenir à un avenir #FaimZéro.

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