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Regroupement des terres: la solution qui manquait aux agriculteurs de Macédoine du Nord


Un projet de la FAO financé par l’Union européenne mise sur la réorganisation des terres pour accroître la productivité des exploitations.

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Ljupco Angelovski, un agriculteur de Macédoine du Nord, a pu moderniser son exploitation en participant à un projet de regroupement des terres de la FAO financé par l’Union européenne. ©FAO

18/11/2020

Issu d’une famille où l’agriculture est une tradition de longue date, Ljupco Angelovski, jeune agriculteur familial du village d’Egri, en Macédoine du Nord, a voulu moderniser son exploitation lorsqu’il a succédé à ses parents à la tête de celle-ci. Or, les terres dont il était propriétaire étaient morcelées en 15 minuscules parcelles réparties à différents endroits.

«Je perdais du temps et gaspillais du carburant en me déplaçant entre des champs éloignés les uns des autres pour le labourage, l’application des engrais et la récolte», explique Ljupco. «Ce type de parcelle n’a d’intérêt que dans le cadre d’une agriculture de subsistance.»

L’exploitation agricole de Ljupco, située en Macédoine du Nord, est désavantagée par rapport à celles que l’on trouve dans d’autres pays d’Europe, et ce, en raison de la fragmentation excessive des terres et de la taille réduite des exploitations. 

«Il est tout simplement impossible d’être concurrentiel sur le marché de l’Union européenne et dans l’économie mondiale avec de petites parcelles de terres», déclare Ljupco. «Il n’y a aucune économie d’échelle.» 

Pourquoi les terres sont-elles si morcelées? 

Le morcellement des terres est un problème répandu en Macédoine du Nord, qui résulte de nombreux facteurs, notamment de la répartition historique des exploitations agricoles, de lois successorales, de réformes agraires engagées dans le pays pendant la période socialiste et de la restitution de terres faisant suite à la dislocation de l’ex-Yougoslavie.

Pour cette raison, la taille moyenne de la plupart des exploitations en Macédoine du Nord est inférieure à deux hectares, alors que la moyenne est de 16,6 hectares dans l’Union européenne. De plus, ces deux hectares sont souvent fragmentés en cinq petites parcelles ou plus dont le tracé est irrégulier et qui sont éloignées les unes des autres, ce qui fait qu’il est difficile de les cultiver. En conséquence, alors qu’ils n’y sont pour rien, les agriculteurs familiaux ont beaucoup de difficultés à augmenter leur production agricole et à évoluer vers un modèle d’exploitation commerciale.

La plupart des exploitations agricoles en Macédoine du Nord ont une taille moyenne inférieure à deux hectares et sont souvent morcelées en un grand nombre de petites parcelles au tracé irrégulier, ce qui peut compliquer leur exploitation. ©FAO

Ljupco et sa femme Kathy, qui gère l’exploitation avec lui, savaient qu’ils devaient résoudre ces problèmes et utiliser des techniques modernes pour offrir de meilleures perspectives à leur famille. Grâce aux activités de sensibilisation menées par la délégation de l’Union européenne, la FAO et le Ministère de l’agriculture de la Macédoine du Nord, Ljupco et Kathy ont découvert le projet MAINLAND, dont la finalité est d’aider les propriétaires de terrains agricoles et les communautés rurales de la Macédoine du Nord à résoudre le problème du morcellement des terres. Mis en œuvre avec l’assistance technique et financière de la FAO, ce projet vise à accroître la taille des exploitations agricoles et à améliorer l’infrastructure agricole nécessaire.

Dans le cadre de cette initiative, les terres de Ljupco et de Kathy ont été regroupées en trois parcelles au tracé régulier dont la superficie moyenne est de deux hectares, alors qu’elle n’était que de 0,4 hectare auparavant. Les terres de Ljupco et de Kathy ont également un meilleur accès à l’infrastructure agricole depuis qu’il a été entrepris, dans le cadre du projet, d’améliorer les routes agricoles, le drainage et les canaux d’irrigation. D’après Ljupco, ces améliorations mèneront à une utilisation plus efficace des terres et augmenteront les rendements de 30 à 40 pour cent. 

Dans le village de Ljupco, les propriétaires fonciers ont adopté à la majorité qualifiée, en janvier 2020, un plan de réaffectation des terres qui est devenu le premier projet de regroupement des terres fondé sur un accord majoritaire de Macédoine du Nord. Grâce à ce plan, le nombre de parcelles dans le village d’Egri a quasiment été divisé par quatre puisqu’il est passé de 874 à 260. Les 214 propriétaires fonciers possèdent toujours la même superficie, mais le tracé de leurs parcelles est maintenant régulier, ce qui permet d’améliorer les pratiques agricoles. 

Ljupco et son épouse Kathy, dont les petites parcelles sont désormais regroupées en trois lots qu’ils peuvent gérer plus facilement, modernisent leurs machines agricoles pour accroître la productivité de leur exploitation. ©FAO

Moderniser les moyens de production

Après ce regroupement de parcelles, Ljupco envisage maintenant de mécaniser son exploitation pour la rendre plus concurrentielle. Lui et Kathy se tournent vers des outils agricoles modernes pour accroître davantage la productivité de leur exploitation. 

«Depuis que j’ai succédé à mon père à la tête de l’exploitation, j’ai compris qu’il fallait des outils modernes, notamment un tracteur et du matériel de connexion, pour faciliter notre travail dans les champs, réduire les coûts et devenir plus productifs. Mais il était tout simplement impossible d’utiliser ces équipements modernes sur de minuscules parcelles disséminées à différents endroits», explique Ljupco. 

Il prépare actuellement une demande de financement auprès de l’Union européenne pour investir dans un semoir moderne, une machine de transplantation de poivrons et un broyeur pour l’entretien des rangs. 

Grâce à l’amélioration de l’accès au réseau d’irrigation, Ljupco et Kathy espèrent également développer leur système d’irrigation au goutte-à-goutte. Cette modernisation leur permettrait de diminuer leur consommation d’eau, de varier leurs cultures et d’améliorer leurs rendements. 

«L’accès à l’eau d’irrigation nous rendra moins vulnérables face au changement climatique et nous permettra d’élargir nos choix de cultures et d’améliorer la valeur de nos produits destinés au marché», déclare Kathy. Le blé et le maïs représentent environ 50 pour cent de leur production agricole, mais ils produisent également des poivrons et des melons. Katia et Ljupco s’intéressent à la culture d’herbes médicinales et d’épices, notamment la menthe et le safran. Ils ont participé à plusieurs ateliers sur la production biologique et réfléchissent à de nouvelles possibilités de diversification de leur production et de leurs revenus. 

Grâce au regroupement des terres, tout le monde est gagnant, car le développement des exploitations agricoles contribue à renforcer la sécurité alimentaire. Associée à des partenaires tels que l’Union européenne, la FAO améliore la répartition des terres des exploitants familiaux ainsi que leur accès à l’infrastructure, aux technologies et aux marchés, ce qui attire les jeunes dans le secteur et permet de faire en sorte que nos systèmes alimentaires soient viables et adaptés aux besoins futurs. 

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