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El Salvador: plus d’arbres, moins de stress hydrique


Restaurer les écosystèmes permet de reconstituer des sources d’eau vitales dans le couloir sec d’Amérique centrale

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El Salvador est l’un des six pays traversés par le couloir sec d’Amérique centrale, une vaste étendue de terre particulièrement affectée par le changement climatique et les pénuries d’eau. Il est essentiel d’y restaurer les écosystèmes dégradés pour régénérer la terre et reconstituer des sources d’eau cruciales pour la vie quotidienne des populations. ©FAO/Javier Orellana

18/04/2023

Imaginez une mosaïque de fragments de forêt tropicale sèche et de terres agricoles, le tout dans six pays au cœur du continent américain. Il s’agit du couloir sec d’Amérique centrale, une étendue de 1600 kilomètres de long qui traverse le Guatemala, El Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et le Panama et abrite une population rurale de 11,5 millions de personnes qui vivent principalement de l’agriculture.

Connu pour ses précipitations irrégulières, le couloir sec d’Amérique centrale est l’une des régions du monde les plus exposées et les plus sensibles au changement climatique. Depuis plus d’une décennie, la hausse des températures et une grave sécheresse, couplées à la déforestation et à la dégradation des terres, ont conduit au manque d’eau dans le secteur agricole et menacent la sécurité alimentaire de la population.

Situé au milieu de ce couloir de la sécheresse, El Salvador est l’un des pays les plus vulnérables au monde face aux risques climatiques. Actuellement, la quantité de ressources en eau douce disponibles par habitant y est bien en dessous du seuil critique, et l’irrégularité des précipitations, les températures et la survenue d’extrêmes météorologiques devraient augmenter.

Il est essentiel de restaurer les écosystèmes dégradés en El Salvador et dans l’ensemble du couloir sec d’Amérique centrale pour régénérer la terre et reconstituer des sources d’eau nécessaires à l’alimentation, à la subsistance et au bien-être des populations. C’est l’objectif du programme de développement des mesures en faveur de la résilience climatique des agroécosystèmes du couloir sec d’El Salvador (RECLIMA) – une initiative assortie d’un budget de 127,7 millions d’USD pilotée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec le soutien du Gouvernement salvadorien, et financée par le Fonds vert pour le climat.

Les équipes du projet procèdent des trois manières suivantes pour aider les populations rurales salvadoriennes à restaurer les écosystèmes et à devenir plus résilientes face au changement climatique.

1- Réintroduire des espèces d’arbres indigènes pour lutter contre le stress hydrique

Des précipitations inférieures à la moyenne et la surexploitation des ressources en eau ont abouti à la baisse du niveau des cours d’eau et à des pénuries d’eau, ce qui représente une grande menace pour les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des agriculteurs familiaux d’El Salvador. Ces derniers représentent plus de 80 pour cent de tous les producteurs d’aliments du pays et vivent principalement d’une agriculture traditionnelle et pluviale. Ils cultivent le maïs, des haricots et du sorgho, essentiellement sur des collines sujettes à la perte d’humidité et à l’érosion.

Dans le cadre du projet RECLIMA, les populations rurales ont commencé à créer des pépinières pour restaurer les écosystèmes dégradés grâce au reboisement et à d’autres techniques, qui améliorent l’infiltration de l’eau dans les sols et réduisent l’érosion.

Les populations participantes reçoivent de jeunes arbres indigènes d’Amérique centrale à planter sur leurs terres. Ces espèces indigènes sont les suivantes: le guanacaste, connu pour ses fruits en forme d’oreille; le madre de cacao, un arbre fourrager qui stabilise les sols et empêche l’érosion; et le leucène, apprécié pour sa capacité de renforcer la fertilité des sols.

Trente-trois pépinières ont été créées à ce jour dans le cadre de l’initiative, et plus de 13 000 hectares d’écosystèmes essentiels ont été restaurés grâce à des espèces d’arbres indigènes en 2022.

Dans le cadre du projet RECLIMA de la FAO, les populations rurales restaurent les écosystèmes dégradés grâce au reboisement et à d’autres techniques, qui améliorent l’infiltration de l’eau dans les sols et réduisent l’érosion. ©FAO/Javier Orellana

2- Renforcer la résilience des agriculteurs grâce à l’agroforesterie

Pour les agriculteurs d’El Salvador et de l’ensemble du couloir sec d’Amérique centrale, associer des arbres aux cultures et aux pâturages du bétail permet d’améliorer l’infiltration de l’eau et de rétablir l’humidité des sols. Ces systèmes d’agroforesterie améliorent la production, réduisent l’érosion et contribuent au stockage du carbone.

L’agroforesterie présente des avantages sociaux, économiques et environnementaux. En plus de contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les plantes ligneuses pérennes telles que les arbres et les arbustes enrichissent les sols avec des matières organiques, ce qui aide à retenir l’humidité, à remplir les aquifères locaux et, par voie de conséquence, à préserver les sources locales d’importance capitale.

Dans l’optique de développer l’agroforesterie, la FAO et le Centre national salvadorien pour les technologies agricoles et forestières proposent à près de 23 000 agriculteurs des activités novatrices et participatives dans des écoles pratiques d’agriculture. Ce cadre informel permet aux agriculteurs de partager leur expérience et de se former à des techniques agroforestières, ce qui leur donne les moyens de prendre leurs propres décisions.

Environ 17 000 hectares de terres dégradées devraient être restaurés d’ici la mi-2024; ils profiteront directement à près de 250 000 personnes dans 50 000 exploitations familiales.

Le projet RECLIMA renforce la résilience des petits agriculteurs vulnérables face au changement climatique en misant sur différentes techniques d’adaptation et de restauration des écosystèmes. ©FAO/Javier Orellana

3- Restaurer le couvert végétal au service de la sécurité hydrique et de l’action climatique

Une gestion des terres durable profite à la fois aux populations et à l’environnement. Plus il y a de plantes et d’arbres, moins il y a de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, car il est stocké dans le sol. Les sols riches en carbone sont plus sains et plus fertiles et permettent une meilleure infiltration de l’eau et une meilleure production alimentaire.

En adoptant des pratiques agricoles durables sur plus de 20 000 hectares, les agriculteurs ont aidé à restaurer la connectivité écologique et à favoriser une plus grande circulation des espèces et des processus naturels.

L’alliance de la restauration des écosystèmes et de la gestion durable des terres renferme un formidable potentiel en matière d’action climatique: le projet RECLIMA à lui seul a déjà permis de stocker environ 2,3 millions de tonnes d’équivalent CO2, et 2 millions de tonnes supplémentaires viendront s’y ajouter d’ici la fin du projet.

Vue d’ensemble

Le projet RECLIMA compte parmi les nombreuses initiatives collaboratives visant à restaurer le couloir sec d’Amérique centrale. En tant que chefs de file de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement pilotent également l’initiative phare visant à lutter contre la dégradation des terres et la perte de biodiversité dans le couloir sec d’Amérique centrale.

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