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Plus de crainte à avoir quand les vétérinaires sont à proximité


Comment l’épidémiologie et l’intervention d’urgence préservent les agriculteurs et leurs animaux des maladies

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Grandissant dans une famille d’agriculteurs, le petit garçon qu’était Manoj Kumar Shahi savait ce qu’il voulait faire plus tard: médecin vétérinaire et consacrer sa vie à soigner les animaux d’élevage au Népal. ©Manoj Shahi

29/04/2022

Lorsque le docteur Manoj Kumar Shahi est devenu vétérinaire il y a 10 ans, il a prêté serment: «Je mettrai mes compétences au service des agriculteurs et de la société.» Honorer cet engagement ne présentait pas de difficulté particulière, jusqu’à sa nomination comme vétérinaire dans le district de Darchula, à 950 kilomètres au nord de Katmandou, la capitale du Népal. Le district de Darchula, situé dans une région himalayenne au climat rigoureux, s’étage de 1 200 à 5 000 mètres d’altitude et compte certains villages parmi les plus hauts perchés du pays.

S’il est vrai que ce district offre des pâturages verdoyants qui se prêtent particulièrement à l’élevage, il reste difficile d’accès car très mal desservi par les voies de communication.

«On ne peut gagner le village du district qu’au terme de deux journées de marche. Il n’y a pas de véhicules ni de moyens de transport publics. On n’accède au plus proche des centres de soin vétérinaire qu’à l’issue d’un parcours éprouvant qui emprunte des sentiers de montagne», explique-t-il. «Mais j’avais pris la résolution d’exercer mon métier sur les animaux, malgré la distance.»

Une menace pour le bétail, un péril pour les populations

En 2013, la mort subite d’un petit nombre de chèvres inquiéta les agriculteurs de Darchula. À cette époque, le docteur Manoj était chargé de diagnostiquer, traiter et surveiller les foyers de maladies et de les signaler à l’autorité vétérinaire régionale lorsque nécessaire. Il réagit aussitôt en prélevant des échantillons sur les cadavres des chèvres avant de les transmettre au laboratoire vétérinaire régional de Dhangadhi. Le diagnostic est tombé peu après: le mal en cause était la peste des petits ruminants (PPR). La PPR, qui touche les ovins et les caprins, est une maladie animale extrêmement contagieuse qui s’attaque aux petits ruminants domestiques et sauvages; son taux de mortalité peut atteindre 80 pour cent.

«À ce moment, je me suis senti coupable et dépité car ne pouvant pas faire grand-chose pour combattre l’épidémie qui venait de se déclarer. Le sinistre prit une ampleur dramatique: plus de 500 chèvres furent perdues et le désarroi gagna les agriculteurs qui vivaient de l’élevage des caprins.»

Le Népal avait signalé son premier foyer épidémique de PPR en 1994, et la maladie s’est avérée récurrente depuis cette date. Les pouvoirs publics conduisent un programme de vaccination dans le pays. La PPR n’en demeure pas moins un péril pour les 18,76 millions de pauvres pratiquant ces élevages vivriers qui leur permettent aussi de se constituer un revenu régulier.

«Pour moi, cela a marqué un tournant», se souvient-il. «Cette expérience m’a appris que les vétérinaires doivent pouvoir prévenir les maladies animales et lutter contre leur apparition, et ne pas se contenter de réagir à leur survenue. Il nous incombe de préserver les revenus de ces agriculteurs, leurs moyens de subsistance.»

Le docteur Manoj s’entretenant avec des agriculteurs lors d’une enquête sur les maladies animales dans le district de Jumla, au centre-ouest du Népal. ©Manoj Shahi

Un des rôles du vétérinaire

Depuis 2019, le docteur Manoj suit une formation enseignée par le Programme régional de formation en épidémiologie de terrain à l’intention des vétérinaires (R-FETPV) en Asie et dans le Pacifique. Ce programme de deux ans est mis en œuvre par le Centre d’urgence de la FAO pour la lutte contre les maladies animales transfrontières, en collaboration avec le Ministère thaïlandais du développement de l’élevage et avec le concours de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et d’autres partenaires.

«Avant de m’inscrire à ce programme, je concevais le rôle de vétérinaire comme se bornant à réagir à l’apparition de nouveaux foyers de maladies et à traiter les maladies animales en procédant à des vaccinations et en administrant des médicaments. Il se trouve que notre rôle s’étend très au-delà de ces gestes», explique le docteur Manoj.

«Grâce au programme FAO-DLD, j’ai appris que par la connaissance des modalités d’apparition et de propagation de la maladie, les vétérinaires comme nous, qui sommes aux avant-postes, avons un rôle important à jouer dans la prévention des foyers des maladies et de leur propagation. Nous sommes en mesure d’enquêter sur les sources de l’infection, de cerner les facteurs de risque et de les communiquer comme il convient aux agriculteurs et aux chefs de village, tout en élaborant des recommandations destinées aux décideurs qui doivent formuler de meilleures politiques et stratégies sanitaires animales pour le pays.»

«Ce programme m’a vraiment aidé à savoir comment prévenir de nouveaux foyers infectieux et à me préparer pour la prochaine pandémie», déclare-t-il.

Par le biais du programme R-FETPV engagé en 2008, la FAO vise à instaurer un réseau de vétérinaires épidémiologistes de terrain, qualifiés et compétents, ayant pour vocation de préserver les populations humaines et animales des menaces que font peser sur elles les maladies.

Le docteur Manoj recueillant des échantillons de volailles suite à l’apparition d’un foyer de grippe aviaire à Katmandou (Népal) ©Manoj Shahi

Vers un avenir meilleur

Le docteur Manoj est aujourd’hui employé comme vétérinaire au Ministère népalais des services à l’élevage et prépare un master à l’Université Chulalongkorn de Thaïlande dans le cadre du programme R-FETPV. Il a pris part à d’importantes enquêtes sur les foyers épidémiques et à des analyses de situation relatives aux maladies animales présentes sur le territoire népalais: grippe aviaire, maladie de Newcastle, fièvre aphteuse et rage. Il a aussi aidé des vétérinaires aux niveaux provincial et local à effectuer leurs propres enquêtes sur des foyers épidémiques.

«L’épidémiologie est un savoir-faire d’importance capitale pour les vétérinaires qui travaillent au contact des agriculteurs sur le terrain. Ce sont eux qui doivent connaître et interpréter les situations épidémiques.»

Le docteur Manoj espère que tous les gouvernements reconnaîtront l’importance de disposer de vétérinaires épidémiologistes dans leur pays. «Je suis convaincu qu’en y consacrant des ressources suffisantes, on peut prévenir les maladies et améliorer la santé animale, la production alimentaire et la sécurité sanitaire des aliments pour les habitants du Népal», a-t-il conclu.

Comment la FAO apporte son aide aux vétérinaires et aux soins vétérinaires

Le Centre d’urgence de la FAO pour la lutte contre les maladies animales transfrontières planifie et dispense une assistance vétérinaire en réponse aux crises que traverse la santé animale. Par l’action du Centre, la FAO renforce les capacités des pays à prévenir, détecter et réagir aux foyers épidémiques de maladies zoonotiques et non zoonotiques à leur point d’origine. Un des principaux axes d’intervention du Centre est l’épidémiologie vétérinaire, ce qui confère une importance particulière au programme R‑FETPV. En 2022, on dénombre 189 diplômés du programme R-FETPV dans l’ensemble de la région Asie et Pacifique.

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