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Tous pour les arbres, des arbres pour tous


La FAO et les communautés locales organisent des «cartathons» afin de suivre la restauration des forêts au moyen d’outils géospatiaux.

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Alors que s’ouvre la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, il est essentiel d’approfondir nos connaissances sur les terres et les forêts pour les protéger et les restaurer. ©FAO

30/06/2021

Chargé de compter les arbres au moyen d’une technologie géospatiale dans une région reculée du nord‑est du Nicaragua, Rene Zamora, économiste des forêts à l’Institut des ressources mondiales, avait trois priorités.

Il a tout d’abord trouvé un espace inoccupé dans une école locale de la ville de Bonanza, puis il a fait appel à un fournisseur de services internet par satellite et, enfin, il a fait savoir aux populations locales qu’elles pouvaient aider. La plupart de ses recrues travaillaient dans l’élevage intensif et l’agriculture et n’avaient jamais utilisé d’ordinateur auparavant, mais elles tenaient à essayer de le faire.

Le résultat final a pris la forme d’un «cartathon» FAO-Institut des ressources mondiales, au cours duquel les populations locales ont tout d’abord acquis les compétences indispensables en informatique et appris les techniques de collecte de données nécessaires, avant d’appliquer leurs connaissances pendant le reste de la semaine, l’objectif de tous étant de créer une carte en haute résolution de la localisation des arbres de la région.

Les participants au «cartathon» sont formés à passer au crible de petites zones géographiques dans le territoire où ils résident, afin de recenser chaque arbre. Ce recensement est réalisé à l’aide d’un outil Open Foris de la FAO, Collect Earth, qui utilise des images mises à disposition gratuitement par la NASA, l’Agence spatiale européenne et Google Earth et des données de l’entreprise Planet fournies par l’initiative norvégienne internationale sur le climat et les forêts. Cette imagerie détaillée permet de voir des objets de petite taille, jusqu’à 50 cm, et de remonter le temps pour constater d’éventuelles modifications des terres.

Grâce à l’outil Collect Earth, les spécialistes et les locaux ont pu mettre à jour de précédentes enquêtes et suivre le processus de restauration du couvert forestier. 

Le «cartathon» coorganisé par la FAO et l’Institut des ressources mondiales au Nicaragua n’est qu’un exemple de la façon dont Open Foris, un logiciel libre et gratuit conçu pour collecter efficacement des données, les analyser et faire rapport, peut aider les communautés et les gouvernements à évaluer et à restaurer leurs écosystèmes.

La participation de la communauté au «cartathon» organisé au Nicaragua a été cruciale pour la régénération de ses forêts et a, dans le même temps, renforcé le sentiment de confiance et d’adhésion au niveau local à l’égard des activités de restauration. ©I

Aux quatre coins du monde

De fait, la FAO et l’Institut des ressources mondiales aident actuellement des dizaines de gouvernements, d’institutions de recherche, d’organisations de la société civile et de communautés locales dans le monde entier à produire leurs propres données exploitables, tout comme au Nicaragua. Récemment, l’Union européenne (UE) a également lancé une série d’initiatives qui s’appuient sur des «cartathons» dirigés par la FAO, afin de produire de nouvelles observations sur sa propre géographie urbaine, naturelle et agricole.

Les données validées compilées dans Collect Earth sont ensuite envoyées sur une autre plateforme d’Open Foris, le Système d’accès, de traitement et d’analyse des données d’observation de la Terre (SEPAL), qui est la plateforme de traitement de données géospatiales en nuage de la FAO. Le système crée des cartes sur mesure qui donnent des informations sur l’ensemble du paysage.

Une personne formée peut analyser jusqu’à 80 parcelles par jour. Le chiffre est impressionnant, mais pour travailler à cette échelle il faut non seulement du temps, mais également faire appel à des locaux qui sont familiarisés avec la terre et savent comment elle est utilisée.

«Les locaux savent vraiment où sont les arbres», d’après M. Zamora, qui a dirigé le projet. «Ils font moins d’erreurs.»

C’est essentiel, car il est en général plus difficile de compter les arbres dans des zones agricoles et dégradées que dans des forêts. Les connaissances locales sont donc cruciales. Grâce à ces activités, les gouvernements et les communautés dans le monde entier peuvent dresser des inventaires numériques de leurs arbres, qui, comme nous le savons, sont des acteurs essentiels du stockage du carbone. Le fait de se concentrer sur des informations pertinentes au niveau local contribue également à créer un sentiment d’adhésion et de confiance à l’égard des mesures de restauration, un sentiment renforcé par la participation de la communauté au suivi, qui permet en outre d’obtenir des données granulaires de grande qualité.

Pourquoi faut-il réaliser un suivi du couvert forestier?

«Il faut réaliser un bon suivi local pour constater les réussites et les échecs», selon Julian Fox, Chef de l’équipe de la FAO chargée du suivi national des forêts. «Ce suivi peut permettre de catalyser et d’accroître les investissements en cas de réussite et d’adapter la gestion lorsque les choses ne vont pas dans le bon sens.»

À titre d’exemple, lors d’un «cartathon» en Éthiopie, il a été constaté que, dans le district de Cue, le couvert forestier avait à peine augmenté de 2010 à 2015, un résultat très en deçà de l’objectif. Les pouvoirs publics du district de Cue ont alors intensifié leurs efforts pour redresser la barre. Dans une région de l’Inde, les participants locaux ont recensé des zones dans lesquelles un couvert forestier était présent et où l’on pourrait réussir à l’accroître. Par la suite, des efforts privés ont été déployés. Au Rwanda, le district de Gatsibo avait l’ambition d’accroître son couvert forestier pour le faire passer à 30 pour cent de son territoire. Le «cartathon» a en fait révélé qu’il y avait plus d’arbres que ce que l’on pensait autour des logements et des prairies, ce qui a montré qu’il était possible d’atteindre cet objectif et même d’augmenter encore plus le nombre d’arbres.

Les «cartathons» sont un moyen d’intégrer différentes parties prenantes, notamment les fonctionnaires gouvernementaux chargés des forêts, qui ont leurs priorités, et les petits exploitants, qui ont les leurs.

Grâce à l’utilisation d’ensembles de données satellitaires historiques, les «cartathons» permettent également aux gouvernements et aux communautés d’observer les évolutions dans le temps, comme on le voit dans cet exemple de restauration réussie au Rwanda. ©FAO

Créer une dynamique en vue de la décennie qui s’ouvre

L’année 2021 marque le coup d’envoi de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes et ces «cartathons» joueront un rôle crucial en aidant les communautés et les gouvernements à savoir quels écosystèmes sont menacés et ce qu’il faut faire pour s’attaquer au problème.

«La FAO mène des efforts visant à offrir aux pays Membres et aux communautés des solutions géospatiales ouvertes et accessibles dans le cadre d’initiatives telles que le SEPAL», a déclaré M. Fox. «Il est crucial de mobiliser les communautés et de leur donner des moyens d’agir, afin qu’elles puissent collecter et créer leurs propres informations sur la restauration des forêts, lesquelles leur permettraient de mettre en place une gestion adaptative dans un contexte de changement climatique.»

La FAO poursuit ces travaux en élaborant une nouvelle plateforme consacrée au Cadre de suivi de la restauration des écosystèmes, qui s’inspire de l’architecture de Plateforme géospatiale de l’Initiative Main dans la main. Le Cadre de suivi utilise les données géospatiales pour suivre les progrès accomplis dans la restauration de tous les écosystèmes (terrestre, aquatique, biophysique et socioéconomique) et en faire rapport. Nous devons savoir où nous en sommes pour savoir où nous allons et le suivi est une étape fondamentale au moment où s’ouvre la Décennie pour la restauration des écosystèmes.

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