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Repérer et neutraliser les causes des pertes alimentaires dans les microentreprises et petites et moyennes entreprises


Encourager la lutte contre les pertes alimentaires en Thaïlande

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Un projet de la FAO en Thaïlande a permis l’introduction de moyens techniques simples dans des microentreprises et des petites et moyennes entreprises afin de contribuer à réduire sensiblement les pertes de riz complet germé au stade de la transformation et de la distribution. ©FAO/Alisa Suwanrumpha

20/04/2023

Riche en micronutriments et en vitamines, le riz complet germé produit par une entreprise communautaire de Ban Lao dans la province de Sakon Nakhon (nord-est de la Thaïlande) est prisé depuis longtemps par les consommateurs soucieux de leur santé. Néanmoins, produire ce riz efficacement n’a pas toujours été facile. Ce riz si particulier doit tremper toute une nuit pour fermenter ou germer. Il est ensuite cuit à la vapeur avant d’être séché.

«Si le riz ne séchait pas assez, il y avait de la moisissure. Si le riz séchait trop longtemps, il se brisait pendant la mouture et nous obtenions donc moins de riz», explique Natakarn Dakawong, Présidente de Brown Rice Ban Lao Community Regeneration Group.

Mais tout cela a changé grâce à un projet visant à réduire les pertes alimentaires aux stades de la transformation et de la distribution chez les microentreprises et petites et moyennes entreprises du secteur, ainsi que le gaspillage alimentaire lors de la vente au détail. Ce projet, financé par le Gouvernement japonais, a été élaboré et supervisé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il a été mis en œuvre en partenariat avec le Gouvernement thaïlandais, avec l’appui technique de l’Université Mahidol (Thaïlande).

Grâce à des moyens techniques simples fournis dans le cadre du projet, tels qu’un humidimètre pour surveiller le processus de séchage et un thermomètre électronique, la communauté a été en mesure de limiter les pertes au stade de la transformation et d’améliorer la qualité du produit fini. Les pertes en transit ont également été réduites grâce à la mise sous vide des paquets de riz et leur transport dans des caisses en plastique peu profondes. Toutes ces mesures ont contribué à allonger la durée de conservation du produit, réduire le gaspillage au stade de la vente au détail et assurer le respect de la réglementation et des normes thaïlandaises.

Ces changements permettent aux producteurs et intermédiaires des filières locales de vendre un riz de meilleure qualité et en plus grande quantité, et ainsi d’augmenter leurs revenus. Sachant que la capacité de production mensuelle s’élève à 1,5 tonne et qu’on estime que 450 kilos de pertes sont évités chaque mois, les économies réalisées s’élèvent à environ 1 000 USD (36 000 bhats).

Et ceci n’est qu’un exemple choisi parmi les 25 entreprises thaïlandaises accompagnées dans le cadre du projet dans cinq secteurs, à savoir les produits d’origine animale, les produits laitiers, les produits de la pêche, les produits à base de riz et les aliments à grignoter.

Les innovations introduites par le projet piloté par la FAO ont permis d’éviter la perte d’environ 450 kilos de riz par mois au stade de la transformation et de la distribution. ©FAO/Alisa Suwanrumpha

Enseignements tirés

Les pertes alimentaires sont souvent dues à la qualité insuffisante des matières premières, à des anomalies au cours des procédés de transformation (température, pH, teneur en eau et durée) ou encore à des défauts d’emballage et de scellage des produits finis.

En Asie du Sud-Est, les microentreprises et les petites et moyennes entreprises représentent 91 pour cent du secteur agroalimentaire, ce qui les rend incontournables.

Mais sont-elles capables d’appliquer les enseignements tirés de la lutte contre les pertes alimentaires?

«Les microentreprises et petites et moyennes entreprises ont un savoir-faire local qui est très utile pour déterminer les mesures susceptibles d’apporter des améliorations. Elles sont conscientes des problèmes et contraintes auxquels elles se heurtent et cherchent des solutions pour gagner en efficacité», explique Nattapol Tangsuphoom, responsable national du projet pour la FAO.

Agir sur ces points critiques des pertes alimentaires ne nécessite pas de grands moyens, d’après Rosa Rolle, chef de l’équipe travaillant sur les pertes et le gaspillage alimentaires (FAO). «De simples outils peuvent être extrêmement efficaces et représenter une innovation pour des personnes qui n’avaient jamais eu l’occasion de les utiliser auparavant».

Ces changements permettent non seulement d’améliorer la qualité du produit, d’augmenter les revenus et de limiter les pertes alimentaires, mais aussi de valoriser les sous-produits comme compost pour les champs ou comme aliments pour le bétail.

Le conditionnement hermétique du riz est essentiel pour réduire les pertes au cours de la distribution, ainsi que l’altération du produit au stade de la vente au détail. La photographie montre un paquet présentant un défaut d’étanchéité (à gauche) et un paquet sous vide correctement scellé (à droite). ©FAO/Alisa Suwanrumpha

Le Gouvernement thaïlandais s’est montré particulièrement proactif en matière de lutte contre les pertes alimentaires dans le secteur rizicole en fournissant un séchoir solaire à la coopérative pour rendre le séchage plus efficace. Comme l’explique Vanida Khumnirdpetch, qui travaille au Ministère de l’agriculture et des coopératives de Thaïlande, «tout le monde doit participer à hauteur de ses moyens pour que nous puissions réussir ensemble».

Cet exemple montre la voie à suivre à d’autres pays. «La réduction des pertes et du gaspillage alimentaires est essentielle pour transformer les systèmes agroalimentaires afin d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition», assure Rosa Rolle.

«Nous plaidons toujours pour que les gouvernements fassent plus s’agissant de l’élaboration de politiques et de la création de conditions propices à la réduction des pertes alimentaires. S’attaquer aux pertes alimentaires dans un secteur principalement composé de microentreprises et de petites et moyennes entreprises est crucial car ces structures jouent un rôle très important dans l’alimentation des populations», conclut Rosa Rolle.

La FAO est en train de finaliser un manuel de formation et un cours en ligne multilingues ayant pour objet la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires aux stades de la transformation, de la distribution et de la vente au détail à destination des microentreprises et des petites et moyennes entreprises. Qu’une seule entreprise puisse économiser plusieurs centaines de kilos de riz chaque mois montre que de telles mesures peuvent avoir un énorme impact à l’échelle mondiale. La FAO cherche à généraliser ces pratiques dans le reste du monde.

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