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Les difficultés de gestion d'une exploitation agricole


La FAO aide un agriculteur palestinien, véritable héros de l’alimentation, à améliorer la sécurité alimentaire de sa communauté à Gaza.

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Faute de matériel adapté pour le stockage des récoltes, Mohammad et d’autres agriculteurs du nord de Gaza étaient souvent contraints de vendre leur production à bas prix, ce qui leur faisait perdre de l’argent et nuisait à la sécurité alimentaire. ©FAO/Mohammed Nehro Al-Thalathini

15/09/2022

Il y a trois ans, Mohammad Jaffar Edris Khudair, un agriculteur palestinien de 34 ans, n’aurait jamais imaginé qu’il jouerait un rôle central dans la sécurité alimentaire de sa communauté. Il travaillait depuis vingt ans dans la même exploitation située dans la ville de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, et avait peu d’espoirs de développer son activité.

Mohammad avait quitté l’école en 2002 pour aider son père sur le domaine agricole et contribuer à couvrir les dépenses du foyer. Même si ses pommes de terre et ses carottes lui permettaient de subvenir modestement à ses besoins et à ceux de sa femme, de leurs trois enfants et de ses parents, l’idée de parvenir à l’autonomie dans son activité lui semblait inatteignable.

Mohammad et les autres agriculteurs locaux étaient confrontés à un problème majeur: ils n’étaient pas équipés pour stocker et conserver leurs récoltes, ce qui les contraignait à se dépêcher de vendre leur production à des négociants pour éviter les pertes. Le marché local était donc saturé dans les semaines suivant la récolte et les exploitants devaient accepter de vendre leurs produits à des prix sacrifiés.

Faute de capacités de stockage, les agriculteurs ne pouvaient pas moduler les ventes de leurs récoltes tout au long de l’année. D’août à novembre, l’épuisement des récoltes de produits de base, comme la pomme de terre, provoquait une envolée des prix, ce qui les rendait inabordables pour beaucoup et accentuait le risque d’insécurité alimentaire. D’après le Bureau central palestinien de statistique, près de 1,5 million de personnes à Gaza, soit environ 60 pour cent des foyers, sont en situation d’insécurité alimentaire modérée à grave.

En ciblant les problèmes logistiques pesant sur la productivité et la sécurité alimentaire, le Programme multidonateurs de la FAO de soutien à l’agroentrepreneuriat a pour objet de stimuler l’activité des exploitations et des coopératives agricoles de la bande de Gaza, de renforcer leurs capacités de production et de leur faciliter l’accès aux marchés. Dans le cadre du programme, la FAO accorde des aides à l’investissement à des entrepreneurs en milieu rural dont l’entreprise présente un grand potentiel en matière d’inclusion sociale, de respect de l’environnement et de rentabilité, l’objectif étant, à terme, de les aider à obtenir des revenus stables. Il est mené en partenariat avec le Ministère palestinien de l’agriculture et bénéficie d’un financement de plus de 30 millions d’USD de la part du Danemark, de l’Espagne, des Pays-Bas, de la Suisse et de l’Union européenne.

En 2018, Mohammad a décidé de poser sa candidature et a été sélectionné à l’issue d’un processus basé sur le mérite. Comme lui, ils ont été près de 400 à recevoir une aide à l’investissement via le programme en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Son projet d’investissement ayant été accepté par le Programme multidonateurs de la FAO de soutien à l’agro-entrepreneuriat, Mohammad a pu acheter du matériel indispensable, à savoir une chambre froide, un chariot élévateur, des caisses et un hangar en ac

En 2020, la FAO a donné des fonds à Mohammad afin qu’il s’équipe d’un système de stockage et de conservation pour sa production. Il dispose à présent d’une chambre froide de 720 mètres cubes, d’un chariot élévateur et de caisses de stockage, le tout dans un hangar en acier de 310 mètres carrés. «Avant, je ne cultivais que 20 dounoums de pommes de terre», explique Mohammad. «Maintenant, j’en cultive 100 sans avoir peur de les écouler à un moins bon prix, car je peux les stocker et les vendre en fonction des besoins du marché et des prix.»

Il dit avoir triplé ses revenus annuels depuis qu’il bénéficie du soutien du programme.

Mohammad a également développé son exploitation en diversifiant ses cultures, notamment en plantant 40 dounoums de fraises. Maintenant qu’il gagne plus d’argent, il est en mesure d’acheter de meilleurs intrants agricoles, tels que les semences et les engrais, et ce en payant comptant plutôt qu’un accumulant des dettes à long terme.

Les ambitions de Mohammad ne lui font pas oublier de rendre à la communauté le soutien qu'il a reçu de la FAO. Par exemple, il se sert de sa capacité de stocker des produits agricoles de base pendant des périodes prolongées pour lutter contre les périodes de pénurie entre les récoltes et stabiliser les prix.

«En cas de pénurie, les prix augmentent et deviennent trop élevés pour la population, donc nous leur fournissons des pommes de terre», explique Mohammad. Cela maintient les pommes de terre à un prix plus abordable.

Grâce au développement de son exploitation, Mohammad a également pu créer des emplois dont le besoin se faisait cruellement sentir dans un contexte où le chômage dépasse les 40 pour cent. «Quatre personnes travaillent à plein temps toute l’année. Et nous avons pas moins de 50 saisonniers au moment des semis et des récoltes!»

Grâce à l’aide qu’il a reçue pour développer son activité, Mohammad a pu créer de précieux emplois, sachant que le taux de chômage local dépasse les 40 pour cent. ©FAO/Mohammed Nehro Al-Thalathini

Grâce à l’aide de la FAO, Mohammad se sent encore plus impliqué dans son exploitation. «Je me lève tôt pour me rendre sur le domaine et encadrer les employés et les paysans, vérifier la chambre froide et donner des instructions et des conseils aux ouvriers agricoles», dit-il.

Son ardeur n’a pas faibli malgré l’escalade militaire à Gaza. «Nous [prenons] le risque de nous rendre sur l’exploitation pour irriguer les champs malgré la menace des bombardements», assure-t-il.

En parlant d’avenir, il rêve de poursuivre le développement de son activité en achetant des panneaux solaires pour réduire ses dépenses d’électricité, ainsi qu’un véhicule pour transporter lui-même sa production vers les marchés. Il dit espérer qu’un jour il sera plus facile d’exporter des produits de Gaza et d’importer des intrants, ce qui rendrait le contexte local plus favorable pour les personnes comme lui qui vivent de la terre.

Le Programme multidonateurs de soutien à l’agroentrepreneuriat s’inscrit dans l’action menée par la FAO pour accroître la compétitivité des filières agroalimentaires en Cisjordanie et dans la bande de Gaza en facilitant l’accès des producteurs aux intrants, aux infrastructures et à la technologie.

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