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Restauration des écosystèmes de montagne: la preuve par l’exemple


Grâce au retour de la faune sauvage et au développement des forêts en montagne, la lutte contre le changement climatique et la création d’emplois sont assurées

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Après des années de déclin, le nombre de panthères des neiges – surnommées «fantômes des montagnes» – est en hausse dans la région d’Issyk-Kul, au Kirghizistan. ©Vladislav

11/12/2023

Sur les sommets enneigés du Tianshan, au Kirghizistan, un groupe de personnes se rend à pied dans une zone reculée pour vérifier et déplacer les pièges photographiques destinés à surveiller les espèces sauvages, notamment l’insaisissable panthère des neiges, surnommée le «fantôme des montagnes». Autrefois chasseurs et pêcheurs, ces habitants travaillent aujourd’hui comme gardes locaux et patrouillent dans la réserve naturelle de Baiboosun. Établie par des villageois en collaboration avec le Partenariat pour les montagnes d’Asie centrale (CAMP Alatoo), une organisation non gouvernementale locale, cette microréserve a été mise en place pour préserver la flore et la faune locales. Conformément à des consultations menées avec les populations locales, la réserve protège 14 000 hectares de pâturages et de glaciers et impose une réglementation stricte concernant des activités comme la chasse et l’élevage.

Depuis, le nombre de panthères des neiges et de bouquetins ne cesse d’y augmenter. La population locale a saisi les nouvelles opportunités économiques qu’offre cette évolution, allant de la gestion de maisons d’hôtes à la production de fromage, en passant par la fabrication de souvenirs en feutrine. Un tourisme durable et des activités respectueuses de l’environnement, qui reposent sur l’hébergement en yourte, la production biologique, la randonnée en pleine nature et les balades à cheval, ont également vu le jour.

«Qui d’autre que nous aura à cœur de préserver ces lieux d’une beauté unique?», s’interroge Baatyrbek Akmatov, Directeur de la réserve naturelle de Baiboosun. «Tous les habitants de la région ont donc adhéré à ce projet, qui représente un cadeau précieux fait aux futures générations».

La réserve naturelle de Baiboosun, au Kirghizistan, s’inscrit dans le cadre d’un projet phare plurinational visant à restaurer les écosystèmes dans les régions montagneuses du Kirghizistan, de la Serbie, du Rwanda et de l’Ouganda. Coordonnée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le secrétariat du Partenariat de la montagne, placé sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et la Convention-cadre sur la protection et le développement durable des Carpates, cette initiative vise à restaurer les écosystèmes à grande échelle et à long terme dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

Compte tenu de sa contribution au rétablissement d’habitats et à la préservation d’espèces telles que la panthère des neiges, le gorille des montagnes et l’ours brun, l’initiative a été classée parmi les 10 premiers fleurons de la restauration mondiale par les Nations Unies. Grâce aux enseignements tirés de l’expérience des quatre pays concernés, l’initiative a permis d’explorer le champ des résultats qui peuvent être obtenus lorsque des pays unissent leurs efforts pour protéger leurs paysages montagneux. 

En haut, à gauche: D’anciens chasseurs et pêcheurs, aujourd’hui devenus gardes locaux, patrouillent dans la réserve naturelle de Baiboosun, au Kirghizistan, afin d’y surveiller la faune et la flore. ©UNEP. En bas, à droite: Les forêts de Pinus gerardiana

Dans une autre partie du continent asiatique, au Pakistan, la FAO agit en partenariat avec le Ministère du changement climatique, les services provinciaux chargés des forêts et les communautés locales pour enrayer la déforestation et la dégradation des forêts de Pinus gerardiana dans le nord-ouest du pays. Extrêmement vulnérable face au changement climatique, le Pinus gerardiana, une espèce importante et à forte valeur, occupe une place unique dans les écosystèmes des forêts tempérées sèches, puisqu’elle permet de réguler l’écoulement des eaux et de conserver la biodiversité. Ces arbres permettent aussi de contribuer à l’économie locale à hauteur de dizaines de millions d’USD, grâce à la fourniture de produits tels que les pignons, les plantes médicinales, les champignons et le bois de feu.

La FAO a distribué 600 panoplies d’outils aux comités locaux chargés de récolter les pommes de pin, ce qui a permis de recueillir les pignons en toute sécurité. Ainsi, les dommages causés aux arbres ont été réduits de 25 pour cent et il n’a pas été nécessaire de recourir à l’abattage d’arbres ni à la coupe de branches. En outre, dans le cadre de l’initiative, sept installations de transformation de pignons ont été établies à des endroits stratégiques, afin d’aider la communauté locale à produire des denrées de plus grande valeur et à générer des revenus.

Faizul Bari, conseiller de la FAO pour la gestion des ressources naturelles au Pakistan, déclare: «Adapter les méthodes de collecte des pommes de pin et promouvoir le développement de la filière locale sont autant d’éléments indispensables à une restauration et une conservation durables des forêts de Pinus gerardiana au Pakistan.»

Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Initiative pour la restauration (TRI), financée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et mise en œuvre par la FAO, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le PNUE, en vue de lever les obstacles qui entravent la restauration et de remettre en état les paysages dégradés dans 10 pays d’Asie et d’Afrique.

Au Pakistan, les femmes kalash sont très fières de décorer leurs maisons avec des objets artisanaux, fabriqués à partir de matériaux locaux provenant des forêts et de la végétation locale. ©FAO/Christophe Besacier

Les montagnes abritent de magnifiques écosystèmes, capables de procurer chaque jour de l’eau douce à la moitié de la population de la planète et de compenser les effets du changement climatique. Elles apportent un soutien direct aux 1,1 milliard d’habitants des régions montagneuses, ainsi qu’aux milliards d’autres personnes vivant dans les basses terres avoisinantes. La santé et le bon fonctionnement des écosystèmes de montagne présentent des avantages qui dépassent largement les frontières des régions montagneuses.

Pourtant, la crise climatique, l’appauvrissement de la biodiversité, le changement d’affectation des terres et la pollution contribuent à la dégradation des écosystèmes de montagne, entraînant des conséquences graves pour les conditions de vie et les moyens d’existence des populations installées en montagne ou dans les zones voisines.

Cette année, à l’occasion de la Journée internationale de la montagne, la FAO met l’accent sur la restauration des écosystèmes de montagne. Le fait de mettre un terme à la dégradation de ces écosystèmes, de la prévenir et d’inverser la tendance permet non seulement de protéger des services écosystémiques vitaux tels que la fourniture d’eau, mais aussi de contribuer à renforcer la résilience des communautés montagnardes face au changement climatique et de créer de nouveaux emplois dans les économies rurales.

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