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Biodiversité des semences: l’assurance-vie de notre production alimentaire


Protection et préservation de la biodiversité alimentaire pour des systèmes agroalimentaires résilients

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Des milliers d’espèces et de variétés de plantes qui ont nourri nos ancêtres ont déjà disparu, et nous en perdons d’autres tous les jours. La diversité est l’assurance-vie de notre alimentation. © FAO/Luis Tato

17/05/2022

Nous tirons la majorité des calories que nous ingérons chaque jour d’un nombre étonnamment faible de plantes. En fait, l’essentiel de la production alimentaire mondiale vient de moins de 200 espèces de fruits et légumes, sur les milliers d’espèces qui sont cultivées pour l’alimentation. Mais que se passe-t-il si le changement climatique, les espèces envahissantes, la pollution, l’étalement urbain ou la surexploitation des terres affaiblissent ces espèces, et réduisent ainsi leurs rendements ou leur capacité de survivre à l’avenir?

Des milliers d’espèces et de variétés de plantes qui ont nourri nos ancêtres ont déjà disparu, et nous en perdons d’autres tous les jours. La diversité est l’assurance-vie de notre alimentation. C’est la biodiversité des espèces cultivées qui assure la solidité et la résilience de nos systèmes alimentaires face à ces menaces réelles et potentielles.  

Partout dans le monde, les populations autochtones et locales sont les principales gardiennes de la biodiversité agricole. Elles connaissent en profondeur et depuis longtemps les différentes variétés et la façon de les cultiver. Mais ces communautés sont elles-mêmes souvent vulnérables et vivent dans des zones particulièrement exposées au changement climatique ou à la dégradation des ressources. Le Fonds fiduciaire pour le partage des avantages, créé dans le cadre du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, adopté par la Conférence de la FAO, aide ces agriculteurs des pays en développement à sauvegarder et à exploiter la diversité phytogénétique pour assurer la sécurité alimentaire et aider ces communautés à faire face au changement climatique. Cette collaboration est également un moyen essentiel de préserver les connaissances traditionnelles et de favoriser l’accès à des variétés de cultures résilientes, adaptées aux besoins de ces communautés, et l’échange de ces variétés.

Voici cinq exemples de projets menés actuellement dans le cadre du Fonds fiduciaire pour le partage des avantages qui témoignent de l’importance de la biodiversité des semences.

1.     Protection des variétés végétales indigènes en Équateur

Dans le district de Cotacachi, dans les Andes équatoriennes, les exploitations familiales sont essentiellement dirigées par des femmes et l’agriculture familiale est la principale source d’alimentation et de revenu de la population. Du fait des cultures traditionnelles adaptées à la haute altitude des Andes que l’on y trouve, cette région est un microcentre de diversité agricole, que la FAO a récemment désigné comme Système ingénieux du patrimoine agricole mondial. Malgré l’abondance des ressources naturelles, les 45 communautés autochtones qui vivent dans cette région sont aux prises avec le changement climatique et la dégradation des terres, néfastes pour les cultures indigènes. Par l’intermédiaire de l’Union des organisations paysannes et indigènes de Cotacachi, les responsables du projet de partage des avantages travaillent avec ces communautés pour remédier à la perte de la diversité des cultures locales et trouver des variétés adaptées au changement climatique.

Il est créé dans cette région deux centres de bio-connaissance qui faciliteront l’accès aux semences adaptées aux conditions locales, et 30 agriculteurs suivent une formation pour devenir producteurs de semences. Ce projet bénéficie à plus de 1 500 agriculteurs et réintroduit des espèces végétales indigènes et mieux adaptées pour la consommation des ménages et la commercialisation.

À gauche/en haut: En Équateur, deux centres de bio-connaissance facilitent l’accès aux semences adaptées aux conditions locales. ©Unión de Organizaciones Campesinas e Indígenas de Cotacachi (UNORCAC) À droite/en bas: Des variétés de niébé résistantes à la

2.  Développement de variétés de niébé résistantes à la sécheresse et aux maladies au Ghana

Le niébé, reconnu pour ses qualités nutritionnelles et sa capacité à pousser dans des sols sableux et semi-arides, est une culture essentielle pour les communautés des savanes côtières du Ghana. Plus de 70 pour cent de la population de ce pays consomment cet aliment abordable et riche en protéines. Mais l’herbe des sorcières (Striga gesnerioides), parasite du niébé, menace gravement la production de celui-ci, réduisant les rendements de 80 à 100 pour cent.

Par l’intermédiaire de l’Université de Cape Coast, le Fonds fiduciaire pour le partage des avantages a procédé à une évaluation détaillée des différents types de niébé, qui a débouché sur le développement, l’enregistrement et le lancement de sept nouvelles variétés de niébé tolérantes à la sécheresse et résistantes à Striga. Grâce à une approche qui a réuni des chercheurs, des scientifiques, des agriculteurs, des obtenteurs, des techniciens, des producteurs et des fonctionnaires, ces variétés sont désormais cultivées et consommées par plus de 1 000 agriculteurs et leurs familles, qui ont vu leur revenu augmenter de 45 pour cent en moyenne. 

3.  Recherche d’espèces de taro résistantes en Malaisie

Le taro est un légume-racine largement utilisé depuis des milliers d’années à des fins alimentaires, fourragères et médicinales en Afrique, en Asie du Sud et en Océanie. Le changement de climat et les maladies menacent la production de taro, mais la FAO travaille avec les agriculteurs, dans le cadre de son projet de partage des avantages et par l’intermédiaire de l’Institut malaisien de recherche et de développement agricoles, pour renforcer la conservation et le recensement des variétés de taro résistantes en Malaisie et dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est.

Au titre de ce projet, la FAO crée des fermes pilotes et 20 champs-écoles des producteurs pour tester ces nouvelles variétés. Cinq banques de semences communautaires sont également en cours de création, pour que les agriculteurs soient certains que leurs semences sont protégées et peuvent être partagées avec les communautés voisines.

Deux cents petits producteurs de taro participent à ce projet et bénéficieront d’une formation sur les pratiques et les technologies permettant de traiter, stocker, transporter et commercialiser cette plante importante.

Le Fonds fiduciaire pour le partage des avantages a aidé les communautés à identifier des variétés de riz locales à haut rendement et tolérantes à la sécheresse et à l’excès d’eau. ©Institut d’économie rurale (IER)

4.  Réintroduction de variétés locales de riz au Mali

Le riz et le millet sont des aliments de base au Mali, mais les rendements ont considérablement diminué du fait que 80 pour cent des cultures pluviales de riz ont été fortement touchées par la sécheresse.

Le Fonds fiduciaire pour le partage des avantages travaille avec les producteurs locaux et les communautés de 69 villages, par l’intermédiaire de l’Institut d’économie rurale, en vue de préserver 266 variétés de riz locales et d’identifier les espèces qui donneront un rendement maximal tout en tolérant la sécheresse et l’excès d’eau. Ces variétés sont rendues plus accessibles aux agriculteurs, et ces semences ont en outre été récemment envoyées à la Chambre forte semencière mondiale de Svalbard, une banque de semences sécurisée située dans l’Arctique, en Norvège, qui constitue une garantie pour la biodiversité des semences en cas de détérioration ou de perte de collections de semences nationales ou internationales.

5.  Amélioration des variétés locales de blé et d’orge au Maroc

Le blé dur et l’orge sont des produits de base au Maroc, en Tunisie et en Algérie, mais ces pays sont devenus dépendants des importations, leurs propres cultures étant de plus en plus touchées par le changement climatique, les organismes nuisibles et les maladies. Les températures élevées et la sécheresse ont entraîné une augmentation de la salinité du sol et des eaux souterraines, ce qui rend difficile la survie de certaines espèces végétales.

Par l’intermédiaire du Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) et de partenaires locaux, des chercheurs et des scientifiques ont réussi à produire des plantes exemptes de maladies et résistantes aux aléas climatiques et à multiplier rapidement des génotypes rares grâce à des techniques de culture in vitro. Dans ces trois pays, les résultats sont diffusés au sein des programmes nationaux de sélection et aident déjà des centaines de communautés agricoles et la population en général.

Le 22 mai 2022, Journée internationale de la diversité biologique, sera lancé le cinquième appel à propositions de projets à financer par le Fonds fiduciaire pour le partage des avantages du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Cet appel est ouvert aux consortiums d’agriculteurs, de chercheurs et d’autres acteurs qui travailleront à des innovations visant à améliorer la gestion de la diversité des cultures sur les champs et dans les chaînes de valeur locales.

La biodiversité de nos fruits et légumes s’appauvrit à un rythme alarmant, ce qui a des effets dévastateurs sur l’avenir de notre production alimentaire. En contribuant à la gestion durable des ressources génétiques des plantes cultivées dans les pays en développement, le Fonds fiduciaire pour le partage des avantages a renforcé la sécurité alimentaire et amélioré les moyens d’existence de plus d’un million de personnes à ce jour. En collaboration avec les communautés agricoles qui ne sont que trop conscientes du rôle vital que jouent ces ressources s’agissant de garantir la résilience de l’agriculture, le Fonds vise à préserver d’urgence ces ressources génétiques vivantes. Ces semences sont des ressources que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre.

*Cet article est une mise à jour de la version précédente qui avait été publiée le 21 mai 2021.

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