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Tirer parti des ressources aquatiques pour stimuler la production de riz


La biodiversité des exploitations rizipiscicoles contribue à la sécurité alimentaire des populations lao.

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À cause de la dégradation de l’environnement, de plus en plus de communautés rurales peinent à subvenir à leurs besoins en ayant recours aux pratiques agricoles traditionnelles. Toutefois, avec l’aide de la FAO, les producteurs de la République démocratique populaire lao renouent avec la rizipisciculture, pratique ancienne ayant fait ses preuves depuis longtemps qui favorise la biodiversité et la diversification. ©FAO/ Xaykhame Manilasith

23/09/2021

Bunlom Phantavong appartient à une longue lignée de riziculteurs de la province de Savannakhet, située dans le sud de la République démocratique populaire lao. Il est fier de la façon dont la production de riz s’est transmise d’une génération à l’autre, mais il reconnaît avoir du mal à s’en sortir avec les méthodes agricoles habituelles.

«Avant, notre agriculture était en harmonie avec l’environnement. À présent, nous sommes confrontés à de plus en plus de ravageurs et nous ne savons pas comment y faire face.»

Bunlom et de nombreux autres petits producteurs lao ont toujours compté sur leurs rizières et sur la forêt environnante pour vivre et assurer leur subsistance. Si la rizière est au cœur de leurs communautés, ils récoltent et pêchent aussi des végétaux et des animaux aquatiques autochtones (poissons, crabes et grenouilles) pour compléter leur alimentation.

Or, à mesure que la population a augmenté, la production alimentaire a diminué. La déforestation et des pratiques agricoles destructrices ont endommagé l’environnement, et les populations rurales peinent davantage à satisfaire leurs besoins avec les pratiques traditionnelles de subsistance.

Aujourd’hui, avec l’aide de la FAO, les exploitants renouent avec une pratique ancienne qui a fait ses preuves depuis longtemps: la rizipisciculture.

Dans ce système, les poissons et autres animaux aquatiques, tels que les grenouilles, se nourrissent d’insectes et de vers et l’eau de l’étang sert ensuite comme engrais pour le riz et d’autres cultures.

Adoptée par les agriculteurs asiatiques pendant des millénaires, cette pratique est récemment tombée en désuétude, principalement car la production rizicole et l’utilisation de pesticides se sont intensifiées.

Pourtant, cette simple démarche, qui consiste à promouvoir la diversification des espèces et la biodiversité, encourage les agriculteurs à utiliser les ressources dont ils disposent déjà pour augmenter la production de riz et d’animaux aquatiques tout en ayant moins recours aux engrais et aux pesticides.

Cette simple démarche, qui consiste à promouvoir la diversification des espèces et la biodiversité, encourage les agriculteurs à utiliser les ressources dont ils disposent déjà pour augmenter la production de riz et d’animaux aquatiques tout en ayant moin

Se relever

L’Initiative régionale de la FAO sur le riz aide les communautés à rebondir face à la dégradation de l’environnement et aux effets du changement climatique, qui leur ont donné un sentiment d’impuissance.

Depuis 2013, l’Organisation collabore avec le Département de l’élevage et de la pêche, qui relève du Ministère lao de l’agriculture et des forêts, afin de mettre au point une stratégie relative à la rizipisciculture pour promouvoir la valeur des ressources aquatiques locales et aider les communautés à faire de leurs rizières un environnement plus productif et plus diversifié sur le plan biologique.

Diversifier la production permet non seulement de préserver l’environnement, mais aussi de réduire la pauvreté.

«En reconnaissant la valeur des ressources aquatiques locales et en permettant aux agents agricoles locaux de devenir des facilitateurs, nous avons aidé les producteurs à doubler leurs revenus uniquement en adoptant des méthodes simples pour diversifier leurs pratiques agricoles», explique Matthias Halwart, chef de la Sous-Division de l’aquaculture de la FAO. 

«Les agriculteurs sont incités à innover sans devoir investir massivement, et les gains obtenus sont considérables.»

Avec le concours de la FAO et du Département lao de l’élevage et de la pêche, les agents de vulgarisation agricole de l’administration locale et les anciens du village organisent des rencontres où les agriculteurs partagent leurs idées et l’expérience qu’ils ont acquise pendant des années en vue de redynamiser la production alimentaire.

Le renforcement des capacités part d’une conversation et aboutit à l’autonomisation de la communauté. Bunlom a échangé avec d’autres exploitants au sujet de sa production de grenouilles. «J’utilise une nouvelle technique qui consiste à nourrir les grenouilles dans l’étang. Ainsi, je n’ai pas à nettoyer leurs déchets. Comme moi, les villageois apprécient cette technique et ils l’adoptent car elle coûte moins cher.»

«Pour nous, la rizipisciculture est non seulement une bonne méthode, mais aussi un moyen d’aider les petits agriculteurs à faire évoluer et à perfectionner leur système d’exploitation», explique Nick Innes‑Taylor, spécialiste de l’aquaculture à la FAO, qui travaille avec des producteurs de la République démocratique populaire lao.

«Élever les animaux aquatiques au sein même des rizières aide également les agriculteurs à prendre conscience des avantages qu’ils peuvent tirer de la régénération de leur environnement agricole naturel.»

Grâce à ces pratiques, les agriculteurs ont pu, en six mois seulement, augmenter leur production annuelle d’aliments nutritifs de plus de 100 pour cent et prolonger les disponibilités alimentaires tout au long de l’année. ©FAO/ Peter Livermore

Remédier au manque d’information

Malgré les résultats impressionnants obtenus sur le front de la croissance économique ces 10 dernières années, la République démocratique populaire lao a l’un des taux de malnutrition chronique les plus élevés d’Asie du Sud-Est. Un tiers des enfants âgés de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance dû à la malnutrition, notamment dans les zones rurales reculées.

Des experts du Département lao de l’élevage et de la pêche et de la FAO ont travaillé aux côtés de communautés agricoles dans cinq provinces de ce pays enclavé afin de remédier au manque d’information et d’amener un changement.

Plus de 200 familles d’exploitants ont participé au projet, qui encourageait les communautés pauvres à échanger des informations et à élaborer leurs propres stratégies pour développer leurs systèmes rizipiscicoles. La démarche consiste à mettre l’accent sur les petits gestes que les exploitants sont en mesure d’accomplir et sur la nécessité de renforcer la coopération au sein des communautés. Elle est peu risquée et peut rapidement donner des résultats concrets.

M. Halwart affirme: «Dans certaines des communautés rurales les plus pauvres, les agriculteurs ont pu augmenter leur production annuelle d’aliments nutritifs de plus de 100 pour cent en six mois. Ils arrivent également à faire en sorte que ces aliments soient disponibles plus longtemps, tout au long de l’année, et à réduire le temps que consacrent les femmes et les jeunes enfants à la recherche de nourriture.»

Toute l’année, Bunlom élève du poisson et cultive du riz et des légumes pour sa famille et vend le surplus.

«À présent, ma famille vit dans de bien meilleures conditions. Nous possédons une belle maison, nous mangeons à notre faim et nous pouvons instruire nos enfants.»

Les aliments nutritifs supplémentaires produits dans les rizières existantes contribuent grandement à la sécurité alimentaire et à la nutrition au niveau national, les femmes enceintes et les jeunes enfants en étant les principaux bénéficiaires.

Lorsqu’il s’agit de développement durable, les petits gestes font la différence. Avec l’appui de la FAO, le Gouvernement aide ces populations et généralise les pratiques liées à la diversification des rizières pour que davantage de communautés puissent accroître leur production de riz, de produits aquacoles et de végétaux et ainsi mieux gagner leur vie tout en préservant durablement l’environnement.

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