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L’école mexicaine où les élèves plantent, récoltent et mangent ensemble


Les familles locales de Puebla ont une attitude saine vis-à-vis de l’alimentation, pour une #FaimZéro.

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Les élèves de Puebla apprennent ce qu’est une alimentation saine et mangent avec plaisir les carottes, les brocolis et les fruits qu’ils ont cultivés eux-mêmes. ©FAO/Fernando Reyes Pantoja

12/07/2018

Elvis Cortés Hernández attrape son plateau-repas et va s’asseoir avec ses camarades. Nous sommes à l’école General Lázaro Cárdenas, à Ajalpan, au fin fond de la province de Puebla au Mexique, et le petit garçon de dix ans parle du jardin potager scolaire, une composante de la politique alimentaire progressiste de cette école. « J’aime bien manger à la cantine parce qu’on nous donne des carottes, des brocolis et des fruits » dit-il en croquant un morceau de mangue.

L’implication des élèves dans cette initiative va bien au-delà du simple fait de s’asseoir pour déjeuner ensemble chaque jour: avec une aide occasionnelle de leurs parents, les 96 écoliers participent également en cultivant eux-mêmes des aliments dans le jardin potager de leur école. Des  planches de semis surélevées ont été créées par le Ministère national de l’agriculture selon la méthodologie de la FAO, suite à une étude de l’ONG locale SURCOS, qui a mis en lumière des niveaux de malnutrition élevés au sein de la communauté Náhuatl, dans la ville d’Ajalpan. Selon cette étude, 87% des jeunes souffraient de problèmes de santé dus à une mauvaise alimentation,  découlant elle-même  des difficultés économiques auxquelles sont confrontées les familles des élèves.

Le jardin, qui produit actuellement 13 différents types de légumes et abrite aussi un poulailler, n’a pas eu pour seul avantage d’améliorer la santé des élèves. Depuis que l’école a décidé de jouer un rôle actif dans l’alimentation des élèves, leurs résultats scolaires se sont aussi améliorés. « Nous nous avons maintenant la certitude que les mauvaises notes des enfants sont dues au fait qu’ils mangent mal » déclare le Directeur de l’école, José Cirilo Cruz Peralta. « C’était le bon moment pour faire cette expérience et vérifier le lien entre ces deux aspects, pour tenter d’améliorer les choses. »

À gauche: Quoi de plus palpitant qu’un cours de maths dans un potager scolaire ? ©FAO/Fernando Reyes Pantoja; À droite: Les enfants cultivent de nombreux types de légumes différents, dont des brocolis, dans leur jardin. ©FAO/Fernando Reyes Pantoja

Des tiges de coriandre et des fanes de carottes ondulent sous la brise au sommet des billons, formant une sorte de salle de classe « verte » pour les enfants qui s’asseyent de part et d’autre des plates-bandes de légumes blanchies à la chaux. « Maître Cirilo », le Directeur de l’école, se sert de ce jardin pour enseigner à ces enfants comment prendre soin d’eux-mêmes et de l’environnement, et bien d’autres choses encore.

Deux membres du personnel de l’école, Juan Arturo Córdoba et Matilde Cruz, expliquent que le jardin leur est utile pour illustrer les cours de multiplication et de division, car les élèves y apprennent à mesurer les périmètres et les surfaces des lits de semences. Les poules, qui fournissent entre 15 et 18 œufs par jour pour les repas scolaires, donnent aussi des leçons de biologie de base.

L’école offre aux élèves le petit déjeuner et le déjeuner tous les jours de la semaine et l’enthousiasme que ressentent les enfants dans leur environnement scolaire s’est propagé jusque dans leurs foyers. Certains parents suivent l’exemple de l’école et créent leurs propres potagers chez eux.

Les jardins potagers scolaires inspirent une culture de l’alimentation saine qui se propage dans les foyers des élèves. ©FAO/Fernando Reyes Pantoja

Leticia de Jesús Carrera, dont les enfants fréquentent l’école General Lázaro Cárdenas, précise qu’avant que le jardin soit créé, elle n’avait pas assez d’argent pour acheter des légumes pour sa famille. Au fur et à mesure que ses enfants ont acquis des connaissances sur l’alimentation et la durabilité en cultivant eux-mêmes les aliments consommés à la cantine, ils ont transmis ces connaissances à leur mère. « À présent » ajoute-t-elle, « nous savons comment fabriquer du compost, cultiver des plantes, en prendre soin et les récolter. »

L’initiative de l‘école en faveur d’une politique alimentaire durable a cependant fait un perdant – le point de vente de casse-croûtes de l’école. Avant que le potager produise ses délicieux légumes (actuellement des blettes, des carottes, des épinards, des betteraves et des choux fleurs), les parents donnaient de l’argent de poche à leurs enfants pour qu’ils s’achètent de quoi manger à midi.

Au fur et à mesure que leurs connaissances nutritionnelles se sont améliorées, ils ont compris qu’un régime alimentaire à base de fruits et de légumes soutiendrait mieux leurs enfants tout au long de la journée scolaire, que des sandwiches ou d’autres « cochonneries » industriels. « Ce n’était pas bon pour eux » précise Enedina Nery Maldonado, une autre mère. Nous avons décidé de fermer le point de vente parce nous savons qu’il ne vendait que des cochonneries mauvaises pour leur santé. Ces aliments sont terriblement nocifs pour tout leur organisme, des dents jusqu’au tube digestif ».

Tout en surveillant chaque jour la poussée des légumes, les élèves se salissent les mains, en plantant des graines, ou en récoltant les produits dès qu’ils sont prêts à consommer. C’est une manière d’enseigner les sciences naturelles vitale et durable, avec une  composante pratique, qui  est malheureusement absente dans de nombreuses parties du monde. Le maître, dont le blouson de cuir noir dément les manières douces, appelle cela « une bonne solution pour remédier à la mauvaise alimentation, sans être obligé de faire venir des aliments de loin ».  « En semant des graines et en récoltant des produits sur notre propre terrain, nous avons créé une culture du « manger sain » à l’intérieur de l’école qui s’est propagée dans les foyers des enfants. » Un résultat positif avéré et appréciable !

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