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À la rencontre des femmes et des hommes qui produisent le café au Panama


Des techniques de production du café durables qui s’appuient sur les connaissances traditionnelles des peuples autochtones

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Un projet au Panama contribue à augmenter les revenus des producteurs de café autochtones en améliorant la production et les ventes. ©FAO/Cecilia Calatrava

02/10/2023

Bien avant que le soleil perce au-dessus des immenses arbres de la forêt ombrophile panaméenne, Elizabeth Méndez, qui est issue du peuple Guna, se réveille au son du chant du coq. Elle vit dans une maison faite de bambous et de chaume, au cœur de la forêt luxuriante. C’est là qu’elle et sa famille cultivent le café depuis des générations.

Le puissant parfum du café frais marque le début des journées bien remplies d’Elizabeth. Pour elle, il s’agit bien plus que d’un coup de fouet matinal.

En effet, le café est depuis longtemps une importante source de revenus pour de nombreux peuples autochtones du Panama. Toutefois, depuis quelques années, ces populations peinent à préserver leurs techniques de production traditionnelles.

«Je récolte du café depuis mon enfance. Pourtant, parfois je ne comprenais pas quel était le problème des plantes quand elles semblaient malades ou n’étaient pas très productives», raconte Elizabeth.

«Notre autre grande difficulté de toujours est de savoir où et comment vendre le café. Après la récolte, nous ne savons pas toujours où vendre le café et nous vendons parfois à bas prix», ajoute Elizabeth.

Ce scénario ne devrait plus se répéter grâce à un projet novateur intitulé «Support for post-COVID economic recovery for Indigenous coffee producers» (Appui au redressement économique des producteurs de café autochtones après la covid), auquel participent des peuples Ngäbe, Guna, Emberá et Wounaan.

Le projet, fruit d’une initiative de la Banque interaméricaine de développement, bénéficie de financements provenant du Programme de lutte contre la pauvreté du Fonds spécial du Japon. Il a été mis en œuvre avec l’assistance technique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le soutien du Ministère du développement agricole du Panama, ainsi que de l’entreprise Café Durán. L’objectif du projet était d’augmenter les revenus des producteurs de café autochtones en améliorant la production, la transformation, la qualité et la vente du café issu de l’agroforesterie durable.

Plus de 150 caféiculteurs autochtones issus de quatre peuples différents se sont formés pendant une saison à des pratiques agroécologiques durables dans des écoles pratiques d’agriculture de la FAO. Ces pratiques permettent de renforcer la résilience face au changement climatique et d’améliorer la quantité et la qualité de la production, tout en respectant les connaissances traditionnelles et les pratiques culturelles des peuples autochtones et en s’appuyant sur ces dernières.

Il s’agit d’utiliser le moins possible de pesticides et d’adapter les techniques agricoles pour contrer les effets du changement climatique. Par des échanges dirigés et l’observation, les caféiculteurs ont pu devenir des experts des questions écologiques et sont en mesure de contrôler la gestion agricole de leurs propres plantations de café. La formation comprenait également des activités visant à ce que les femmes participent davantage à la production et aux prises de décisions.

«Grâce à la formation, nous avons tout appris sur la gestion du café et la manière de soigner les plantes malades. Le tout sans avoir à mettre de côté nos techniques traditionnelles et en préservant nos plantes ancestrales», déclare Elizabeth.

Grâce au partenariat avec l’entreprise Café Durán, les peuples autochtones accèdent à un nouveau marché qui est synonyme de fiabilité et de prix justes. ©FAO/Cecilia Calatrava

Le café comme tremplin

Pour Elizabeth et d’autres caféiculteurs du Panama, il ne s’agit pas seulement de produire un bon café, mais aussi de préparer un avenir meilleur pour leur famille et leur communauté.

«Le café a toujours fait partie de notre culture mais maintenant, nous le voyons aussi comme une potentielle bouffée d’oxygène sur le plan économique», explique Elizabeth.

Grâce au partenariat avec l’entreprise Café Durán et à l’apprentissage de pratiques optimales de production et de transformation, les peuples autochtones accèdent à des marchés et à des acheteurs qui sont synonymes de fiabilité et de prix justes.

Ainsi, les caféiculteurs améliorent leurs conditions de vie et ouvrent des perspectives pour les générations futures.

«D’une certaine façon, le café est un produit magique car il peut favoriser l’inclusion sociale et il se vend à bon prix à l’international», déclare le Représentant de la FAO au Panama, M. Adoniram Sanches Peraci.

«Les peuples autochtones ont une formidable richesse culturelle, sociale, linguistique, historique et territoriale. Pourtant ils doivent surmonter de grands défis pour traduire cette richesse en débouchés économiques pérennes, en particulier du fait de leur accès insuffisant à une assistance technique adaptée sur le plan culturel, aux marchés et aux financements», explique Mme Ana Grigera, Spécialiste des questions de genre et de diversité à la Banque interaméricaine de développement.

«Il est essentiel que les pouvoirs publics, le secteur privé et les peuples autochtones du Panama travaillent de manière coordonnée», ajoute Mme Ana Grigera.

Le café est de nature à permettre aux communautés autochtones de concilier durabilité économique, sociale et environnementale à long terme. C’est pourquoi, il a été choisi dans le cadre de l’initiative de la FAO intitulée «Un pays, un produit prioritaire». ©FAO/Cecilia Calatrava

Un équilibre parfait

Quand nous demandons à Elizabeth comment elle aimerait voir sa vie évoluer, elle nous répond qu’elle espère que rien ne changera. Elle se réveille toujours à l’aube pour préparer son café. «Mais maintenant, je boirai ma propre production», ajoute-t-elle dans un grand éclat de rire.

«Le café est de nature à permettre aux communautés autochtones de concilier durabilité économique, sociale et environnementale à long terme. Il constitue une source de revenus stable. Auparavant, les autochtones travaillaient dans des plantations de café. Aujourd’hui, grâce à l’expérience acquise dans les écoles pratiques d’agriculture de la FAO, ils dirigent leurs propres plantations et traitent directement avec des acheteurs tels que nous», explique M. Ricardo Tovar, Directeur des achats de café chez Café Durán.

«J’encourage les membres de la communauté, en particulier les jeunes, à se former et à cultiver le café comme il faut. Le café n’est pas un moyen de gagner rapidement de l’argent en un ou deux ans. Ce produit est un gage de stabilité sur le long terme», déclare Elizabeth.

Un pays, un produit prioritaire

Au Panama, le café fait partie du programme de la FAO intitulé «Un pays, un produit prioritaire». Cette initiative place les petits producteurs et l’agriculture familiale au centre de la production, de la distribution et de la commercialisation d’un produit dans chaque pays. Elle laisse aussi la possibilité d’une coopération fructueuse avec le secteur privé et les institutions financières, par exemple avec la Banque interaméricaine de développement.

«Nous voulons permettre l’inclusion socio-économique d’un plus grand nombre d’agriculteurs dans le processus de production, là où le secteur privé possède le savoir-faire», explique M. Adoniram Sanches Peraci.

La FAO fournit un large éventail d’assistance technique et de soutien à l’investissement. Par l’intermédiaire de son Centre d’investissement, elle facilite la transformation des systèmes agroalimentaires dans l’optique d’une croissance économique inclusive et d’un avenir meilleur.

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