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Un renouveau environnemental et culinaire en Iran


Une révolution dans la fabrication traditionnelle du pain permet d’autonomiser les Iraniennes et de lutter contre la désertification

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Grâce au projet de la FAO pour la remise en état des paysages forestiers et des terres dégradées dans la préfecture de Rigan, la République islamique d’Iran montre que la conservation de l’environnement peut aller de pair avec l’autonomisation économique. ©FAO/Mehdi Ansari Jovini

22/07/2024

Dans le paysage désertique pittoresque de la préfecture de Rigan, dans la province de Kerman, dans le sud-est de la République islamique d’Iran, une communauté assiste à un remarquable renouveau de sa tradition culinaire tout en assurant la durabilité environnementale.

Une telle transformation est le fruit du projet de remise en état des paysages forestiers et des terres dégradées, initiative menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et financée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Le projet, qui place les communautés locales et les femmes rurales en son centre, catalyse l’autonomisation économique et la conservation de l’environnement dans la préfecture de Rigan.

Connue pour la culture des dattes, des agrumes, du sésame et du henné qu’on y pratique, la préfecture de Rigan est gravement menacée de désertification. Caractérisée par ses vastes plaines surmontées de montagnes, elle connaît des températures pouvant dépasser 50 degrés Celsius lors du pic estival. La région est parsemée de palmiers dattiers et d’agrumeraies, qui prospèrent dans des zones plus tropicales.

Cependant la dégradation des terres et la perte de biodiversité y sont intenses, principalement en raison de pratiques agricoles non durables et de la déforestation. Ces problèmes sont dus au surpâturage, à la récolte excessive de produits forestiers et au déplacement incessant de sable, qui accentuent l’érosion éolienne et réduisent l’efficacité des écosystèmes de bassins versants.

En outre, les communautés ont traditionnellement recours à la coupe de bois et d’arbustes pour alimenter leurs fourneaux en terre, une pratique qui contribue aussi à la déforestation et à la dégradation de l’environnement.

Entre autres mesures, le projet de la FAO pour la remise en état des paysages forestiers et des terres dégradées a distribué 750 fours à gaz et 500 fourneaux consommant peu de bois, notamment par rapport aux fours en terre, réduisant ainsi la déforestation tout en aidant à faire renaître la fabrication du komaj, un pain traditionnel.

Le komaj, une spécialité qui exhale la douceur des dattes et l’arôme de la cardamome, complétés par une touche terreuse de cumin — épice de base dans la région — est au cœur de ce renouveau.

Le passage aux fourneaux à gaz a permis aux femmes de Rigan d’accroître la production de komaj, transformant cet aliment de base des ménages en une source de revenus. Ce changement a non seulement permis de préserver une tradition culinaire très prisée mais confère également de nouveaux débouchés économiques aux femmes de la communauté, qui peuvent écouler leur produit sur les marchés locaux, contribuant à la résilience économique de ces derniers.

La FAO a distribué 750 fours à gaz, réduisant dans une large mesure la déforestation tout en aidant à accroître la production de komaj, et transformant cet aliment de base des ménages en une source de revenus. ©FAO/Mehdi Ansari Jovini

Outre la mise en œuvre d’activités telles que la plantation de brise-vent organiques, la construction de structures de gestion des bassins versants et la mise en place de pièges à sédiments, le besoin réduit de couper des arbres et des arbustes pour obtenir du combustible a permis d’améliorer l’état des parcours et des forêts en zone aride et d’atténuer l’érosion éolienne sur près de 75 000 hectares de terres, dans les préfectures de Rigan et du Khorassan méridional.

Dans la préfecture de Rigan en particulier, le projet a aidé les villages à remettre en état 2 250 hectares de terres agricoles et de terrains de parcours en cultivant des plantes résistantes à la sécheresse et à la salinité, dont 1 650 hectares ont été plantés d’espèces pouvant être irriguées sans danger avec des eaux usées.

Le projet a associé activement la population locale à la remise en état de l’écosystème et à la mise en œuvre de pratiques de gestion durable des terres. Les communautés ont bénéficié d’une formation sur l’importance de la conservation et ont reçu les outils nécessaires à l’application de telles pratiques.

En outre, la mise en place de fonds de microcrédit locaux dans le cadre du projet a réduit la pression exercée sur les ressources forestières et naturelles. Afin que les produits forestiers ne constituent pas la seule source de revenus, le projet a encouragé la culture de la luzerne, des dattiers et de plantes médicinales, ainsi que l’élevage de dindes. Il a également soutenu un éventail de compétences manuelles et artisanales, comme le crochet, la couture et le filage des fibres de palmier.

Grâce à la formation technique et à la diffusion des connaissances, le projet a permis de transmettre ses enseignements et ses meilleures pratiques à un large public, favorisant une culture d’apprentissage et d’adaptation. Le volet d’éducation est essentiel pour assurer la durabilité des résultats du projet, en dotant les membres de la communauté des compétences nécessaires pour poursuivre les efforts déployés à des fins de conservation.

Le projet a mis en relief le rôle crucial des femmes dans le déploiement d’efforts en matière de développement durable et de conservation. La renaissance du komaj montre que les pratiques traditionnelles peuvent être repensées à l’appui des moyens de subsistance des membres de la communauté et au profit de la planète. ©FAO/Mehdi Ansari Jovini

Le projet de remise en état des paysages forestiers et des terres dégradées a montré que la conservation de l’environnement et le développement économique n’étaient pas incompatibles. La renaissance de la fabrication de komaj dans la préfecture de Rigan témoigne de cette association harmonieuse, qui montre que les pratiques traditionnelles peuvent être repensées à l’appui des moyens de subsistance et au profit de la planète.

Le rôle essentiel des femmes s’agissant de promouvoir le développement durable, tout en y contribuant, et l’importance de l’intégration du patrimoine culturel dans les activités de conservation est une preuve supplémentaire de ce succès. Lorsque les femmes de Rigan font cuire le komaj dans des fourneaux à gaz, non seulement elles perpétuent une tradition culinaire, mais elles donnent l’exemple en matière de développement rural, prouvant qu’un changement même minime peut avoir des répercussions importantes. 

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