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Favoriser l’accès des femmes aux services de santé animale


Les femmes para-professionnelles vétérinaires contribuent à l’autonomisation des agricultrices nigérianes

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Grâce à une formation proposée par la FAO, Blessing Andrew, l’unique femme para-professionnelle vétérinaire en activité à Sanga dans le sud de l’État de Kaduna (Nigéria), a pris conscience qu’elle pouvait jouer un rôle crucial auprès de nombreuses agricultrices ayant besoin de services de santé animale. ©FAO/Habila Umar

03/06/2024

Avec une clientèle d’environ 500 agriculteurs, Blessing Andrew est une para-professionnelle vétérinaire très active dans sa communauté. C’est la seule femme de la profession à Sanga, dans le sud de l’État de Kaduna (Nigéria).

En général, la santé animale reste dominée par les hommes dans la majorité de l’Afrique subsaharienne. Le Nigéria ne fait pas exception: on estime que les femmes représentent entre 20 et 30 pour cent de la main d’œuvre du secteur.

Bien qu’elle soit une para-professionnelle vétérinaire diplômée après deux ans d’études, des agriculteurs ont déjà mis en doute les compétences et les capacités de Blessing, en particulier quand il s’agit de s’occuper de grands ruminants. À travail égal, Blessing était souvent moins payée que ses confrères masculins et elle pouvait travailler à perte.  

À cause de ces différences de traitement, Blessing avait perdu l’envie de poursuivre dans cette voie, même si la demande était forte. 

Une formation destinée aux para-professionnels vétérinaires, proposée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en collaboration avec l’école d’agriculture et de science animale de l’Université Ahmadu Bello, a redonné à Blessing l’envie de continuer à travailler dans ce domaine.

«Avant, j’étais démotivée à cause du peu d’argent que je gagnais et j’envisageais parfois de changer de voie. Après avoir suivi cette formation, j’ai ressorti le matériel que j’avais laissé de côté et je me suis accrochée. Je suis heureuse que ça ait marché», explique Blessing.

Les femmes sont au cœur de l’approche de la FAO. L’objectif est que les participants à la formation soient conscients du mode de répartition des tâches et de prise de décision au sein des foyers et communiquent et agissent en tenant compte de la problématique femmes-hommes.

Les femmes travaillant dans la santé animale jouent un rôle crucial pour favoriser l’accès des Nigérianes aux prestations vétérinaires. ©FAO/Habila Umar

Dans la communauté de Blessing, les normes sociales pèsent sur l’accès des femmes aux prestations. Les contacts des femmes avec des hommes n’appartenant pas à leur cercle familial sont souvent limités. Cela restreint encore plus leur accès déjà limité à des prestations vétérinaires préventives. 

Les femmes sont généralement chargées de tâches quotidiennes: alimentation des animaux, nettoyage, traite ou ramassage des œufs. Elles occupent donc une place stratégique pour détecter de manière précoce les symptômes de maladies. Pourtant, la plupart du temps, ce sont les chefs de famille qui contactent les para-professionnels vétérinaires, interagissent avec eux et paient les prestations.

L’exclusion des femmes des échanges avec les para-professionnels vétérinaires de sexe masculin peut aboutir à des évaluations incomplètes ou des diagnostics inexacts.

Ce constat peut être fait à l’échelle planétaire. Bien que les femmes représentent 60 pour cent des petits éleveurs dans le monde, la FAO estime qu’elles ne bénéficient que de 5 pour cent des services de vulgarisation agricoles. Les disparités d’accès aux prestations vétérinaires empêchent les agricultrices de pleinement contribuer à l’amélioration de la production agricole et à la préservation de la santé des animaux d’élevage. 

Grâce à la formation, Blessing a pris conscience qu’elle pouvait jouer un rôle crucial auprès de nombreuses agricultrices ayant besoin de l’aide de professionnels de la santé animale.

Blessing a tiré parti de la situation actuelle pour développer son activité grâce à la clientèle féminine. Elle a également compris qu’elle pouvait susciter le changement en commençant par construire des relations avec les ménages agricoles et changer d’approche.

Après la formation de la FAO, Blessing a commencé à prendre le temps d’expliquer à ses clients l’intérêt de laisser leur femme assister à la prestation de services. Elle les a également incités à investir dans la vaccination des chèvres et des poules gardées par leur femme.

À mesure que les agriculteurs ont pu constater les effets positifs des conseils de Blessing, ils ont changé de regard. Cette dernière a progressivement développé son activité grâce au bouche-à-oreille. 

Blessing s’attache à construire des relations avec les ménages agricoles et plaide pour la participation des femmes aux décisions concernant la santé des animaux. ©FAO/Habila Umar

L’influence du genre dans les prestations vétérinaires est souvent sous-estimée. Si les para-professionnelles vétérinaires peuvent jouer un rôle crucial auprès des femmes, elles sont toujours minoritaires dans la profession et, à l’image de Blessing, elles doivent travailler en composant avec des obstacles liés à leur statut de femme.

En tenant compte finement de la problématique femmes-hommes dans la formation des para-professionnels vétérinaires, la FAO facilite l’accès des agricultrices à des prestations vétérinaires de qualité. Cela est crucial pour renforcer la productivité des animaux d’élevage et améliorer les revenus et l’alimentation des ménages. 

Grâce à la formation, Blessing travaille main dans la main avec ses confrères dans la communauté, ce qui la rend fière et la motive à poursuivre son travail, qui est essentiel. Sa clientèle est passée d’environ 300 à 500 personnes. De plus, elle a doublé son nombre de clientes, qui est passé de 100 à 200 femmes. Elle a aussi multiplié par deux ses revenus mensuels, ce qui lui permet de faire vivre sa famille et d’entretenir sa maison.

Grâce à la formation de para-professionnels vétérinaires en Afrique du Sud, au Nigéria et en Ouganda, la FAO améliore la qualité des prestations vétérinaires et l’accès des agricultrices à ces prestations. À ce jour, la FAO a formé 645 vétérinaires et para-professionnels vétérinaires pour qu’ils exercent leur activité en tenant compte de la problématique femmes-hommes.

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