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Carpe DIEM, ou comment profiter des données dès le jour de leur collecte


Opérations d’aide d’urgence en Afghanistan et au-delà: célérité accrue des opérations grâce à la plateforme de données dernier cri de la FAO

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L’outil de la FAO «Data in Emergencies» (DIEM) est un système d’information sur les situations d’urgence permettant une évaluation rapide de l’impact des sinistres et d’orienter aussitôt les équipes d’intervention vers les sites où l’on a le plus besoin d’elles. ©FAO

02/05/2024

Dans la matinée du 7 octobre 2023, deux séismes consécutifs de magnitude 6.3 ont secoué l’Ouest de l’Afghanistan, provoquant des pertes en vie humaine et faisant des blessés et des dégâts matériels d’ampleur dévastatrice dans toute la région. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, on déplore 1 384 tués et 1 853 blessés dans cette catastrophe. Plus de 21 500 habitations avaient été détruites, laissant 154 000 personnes sans abri. Les canaux d’irrigation, indispensables aux cultures, avaient été saccagés, le bétail était décimé ou affaibli, et les survivants avaient besoin d’aide pour relancer leurs semis.

Dès le surlendemain de la catastrophe, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait effectué une évaluation rapide du préjudice aux personnes, au cheptel et aux cultures, et dépêchait les équipes d’intervention d’urgence sur les lieux où elles étaient le plus nécessaire.

Cela a été possible grâce à la plateforme du système d’information sur les situations d’urgence Data in Emergencies (DIEM), qui a révolutionné la capacité de la FAO de recueillir, d’analyser et de diffuser les données dans les pays frappés par une catastrophe.

«Dans l’organisation des opérations de secours, les premières journées qui succèdent à l’événement sont déterminantes. La mise à disposition sans délai de données détaillées et exhaustives nous permet de cibler les personnes auprès de qui les secours sont le plus nécessaires», déclare M. Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO.   

Le système DIEM remplit cette fonction en associant à la télédétection, sous forme d’imagerie satellitaire, des données primaires émanant d’études et d’entretiens que des enquêteurs effectuent sur le terrain. Il en résulte une prise de connaissance rapide et fine des impacts des chocs, permettant des interventions mieux informées et d’exécution plus rapide. Les chocs analysés par DIEM comprennent les aléas naturels et ceux d’origine humaine: catastrophes liées au climat, éruptions volcaniques, organismes nuisibles invasifs, ou conflits et chocs économiques.

DIEM, qui a été créé durant la première vague de la pandémie mondiale de covid-19, a pour objectif d’éclairer les décisions à l’appui des interventions d’urgence destinées à protéger des vies et à préserver les moyens de subsistance agricoles.

Au-delà des situations d’urgence, DIEM est aussi utilisé par la FAO dans l’observation suivie des pays sujets aux catastrophes naturelles et confrontés à l’insécurité alimentaire à différents degrés. Grâce à de multiples cycles de collecte de données effectués sur plusieurs années, DIEM peut dégager les tendances qui se dessinent au fil du temps et dans l’espace. La rapidité, la finesse et la périodicité des analyses que permet cet outil rendent les données livrées particulièrement précieuses car elles permettent à la FAO, ainsi qu’à d’autres organismes des Nations Unies et partenaires dans le monde, d’opérer leurs interventions dans les délais requis. 

En associant à la télédétection, sous forme d’imagerie satellitaire, des données primaires émanant d’études et d’entretiens que des enquêteurs effectuent sur le terrain, cet outil a révolutionné la capacité de la FAO de collecter, d’analyser et de diffuser des données dans plus de 30 pays, dont le Nigeria (ci-dessus à gauche) et la Sierra Leone (ci-dessous à droite). ©FAO

Intervention à la suite du séisme en Afghanistan

Dans le cas de l’intervention faisant suite au tremblement de terre qui a frappé l’État afghan d’Herat, la FAO a achevé son évaluation rapide des impacts le 9 octobre, avant d’effectuer une évaluation supplémentaire sur le terrain le 11 octobre.

En s’appuyant sur les recommandations et les conclusions de l’évaluation rapide, qui comprenait des éléments de télédétection et une composante de terrain, la FAO a circonscrit les villages les plus impactés au regard des moyens de subsistance, de l’agriculture et du cheptel. L’ajout de cartes détaillées des périmètres les plus touchés rend particulièrement précieuses les évaluations d’impact de DIEM pour les opérations de secours.

S’agissant du préjudice causé à l’agriculture, l’évaluation a comptabilisé 577 278 hectares de terres agricoles ayant subi le séisme à ses plus forts degrés d’intensité. Les difficultés les plus importantes dans ce secteur étant celles causées par la destruction des canaux d’irrigation, dont le rôle est déterminant pour les cultures, plus particulièrement en période de semis. En outre, le cheptel avait perdu 2 072 têtes, et les 12 400 bêtes restées en vie étaient probablement affaiblies.

En se fondant sur cette évaluation, la FAO est intervenue en fournissant 12 000 litres d’eau, destinés à préserver 2 500 têtes de bétail exposées à des risques de déshydratation, et a aidé à l’acheminement du bétail vers des pâturages plus sûrs. Au total, 1 454 carcasses de bétail ont été enlevées, et par ailleurs, 268,5 tonnes d’alimentation animale concentrée et 1 364,5 tonnes de paille de blé ont été distribuées à des milliers de foyers dans le besoin.

L’aide ainsi fournie par la FAO a permis aux foyers sinistrés de s’occuper de leurs bêtes et de consacrer leurs ressources limitées à subvenir à d’autres nécessités s’imposant au lendemain du séisme.

DIEM est un outil essentiel pour les décideurs devant analyser les causes de l’insécurité alimentaire aigüe lorsque se produisent des chocs comme le tremblement de terre en Afghanistan. ©FAO

Le passé et l’avenir

DIEM a été mis au point par la FAO et son financement est assuré par l’Agence des États-Unis pour le développement international et le Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni.

Aujourd’hui, le système d’information DIEM, qui couvre plus de 30 pays, est un outil essentiel pour les décideurs devant analyser les causes des fortes pressions s’exerçant sur les moyens de subsistance lorsque se produisent des chocs comme le tremblement de terre en Afghanistan.

En 2024, DIEM a déjà effectué cinq évaluations rapides d’impacts. Ces évaluations ont porté sur les chocs qu’ont été les incendies de Colombie et le cyclone tropical de Madagascar. Ces évaluations aident à la mobilisation des ressources et guident les interventions en vue d’un rétablissement, soit très précisément ce qui a été fait en Afghanistan.

Quatre années après ses débuts, DIEM continue de mettre en évidence l’impact des chocs sur les moyens de subsistance agricole et la sécurité alimentaire, son exploitation obéissant au principe que les données sont du savoir et que savoir, c’est pouvoir.

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