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Renaissance du cacao sur l’île tropicale de Sainte-Lucie


L’accompagnement des exploitants de la filière aide à relancer la filière cacaoyère et à dégager des revenus

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La filière cacaoyère de Sainte-Lucie relève la tête, en créant des perspectives nouvelles pour les exploitants de cacao. La FAO met les producteurs de cacao au contact de techniques nouvelles qui valorisent leur exploitation et aide des exploitants spécialisés comme Cuthbert Monrocq à diffuser leur savoir-faire auprès d’autres exploitants. ©FAO/Sugrim MarquitaJuanne

03/10/2024

Le cacao, qui doit son nom au mot grec Theobroma Cacao signifiant «nourriture des dieux», est omniprésent dans le tissu économique et social traditionnel de l’île caraïbe de Sainte-Lucie depuis qu’il a atteint ses rivages dans les années 1660. Que ce soit en boisson chaude ou en crème succulente, ou sous forme de bouchées de chocolat, la gamme des produits issus du cacao ne connaît pas de limites.

C’est ainsi qu’il existe un thé de cacao, boisson traditionnelle depuis des générations à Sainte-Lucie. Au fil du temps, les Saint-Luciens ont mis au point un art d’accommoder le cacao qui consiste à confectionner des bâtonnets de cacao en poudre où sont incorporées des épices fraîchement récoltées comme la noix muscade, la cannelle ou des feuilles de laurier.

L’essor de la filière bananière dans les années 1960 fut tel que la banane en est venue à éclipser la fève de cacao dans le paysage agricole de l’île. Jusqu’en 1993, les bananes des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont joui d’un accès privilégié aux marchés de l’Union européenne en raison de politiques particulières qui accordaient la préférence aux bananes des anciennes colonies. Mais des modifications importantes ont été apportées à certains accords commerciaux dans les premières années de la décennie 2000.

Quelques années plus tard, la filière bananière saint-lucienne devait subir un effondrement.

«La filière cacaoyère est passée par des hauts et des bas, mais elle est aujourd’hui à nouveau en phase ascensionnelle», s’exclame Cuthbert Monrocq, exploitant de cacao et spécialiste saint-lucien de cette denrée. Et c’est avec un sourire de fierté qu'il évoque le redressement de la filière nationale du cacao.

Cuthbert compte à son actif 24 années d’exploitation du cacao. Il a commencé comme ouvrier agricole dans une ferme de l’île mais au fil des ans, et l’expérience aidant, sa connaissance du métier s’est affinée, tout comme ses talents d’entrepreneur. 

Il est à présent propriétaire du domaine Montuzuma Family Estate, qui occupe près de 4 hectares, où il cultive des champignons et des légumes et organise des activités agrotouristiques sur son exploitation. Son activité principale n’en est pas moins l’exploitation du cacao.

Cuthbert est debout depuis 3 heures et demie du matin et, comme tous les jours, il entame sa journée en dégustant une tasse de thé de cacao bien chaud. À 67 ans, il arpente l’espace verdoyant de son exploitation à grandes enjambées de jeune homme, alors que les premiers rayons du soleil pénètrent le feuillage de ses cacaoyers géants.  

Cuthbert exploite le cacao sur son domaine depuis 24 ans. La FAO a mis à profit son savoir-faire dans l’organisation d’ateliers destinés à faire renaître la filière cacaoyère de l’île. ©FAO/Leshan Monrose

Il raconte comment il a commencé à exploiter le cacao en 2000, en soulignant qu’il emploie des techniques agricoles écologiques conformes à la durabilité. Les souches de ses arbres fournissent des greffons, car dans l’intérêt de la durabilité de la filière, le greffage est la méthode de choix pour la multiplication du cacaoyer.

Cuthbert a ensuite travaillé aux côtés d’exploitants saint-luciens, leur venant en aide dans la multiplication des pieds de cacaoyers, ce qui leur a permis d’entretenir l’offre de produits auprès d’une chaîne hôtelière qui représente le plus gros acheteur de cacao de l’île.

En 2018, Cuthbert a mis en place au sein de sa collectivité locale une organisation ayant pour vocation de former de jeunes agriculteurs. Sa passion pour le cacao est telle qu’il a déménagé de son domicile pour y installer une unité de transformation destinée à cette organisation. Pendant les travaux, il a aménagé dans une petite remise de 40 mètres carrés sur son exploitation.

Lorsque, en association avec le Ministère de l’agriculture de Sainte-Lucie, l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a décidé d’organiser un atelier destiné à relancer la filière cacaoyère dans l’île, elle a sollicité le concours de Cuthbert au regard de sa riche expérience de l’exploitation du cacao et de ses connaissances accumulées dans ce domaine. 

Cet atelier, destiné à diffuser les pratiques optimales de production et de transformation du cacao, a permis de former une quarantaine de personnes, parmi lesquelles des exploitants, des industriels de la transformation des produits agroalimentaires et des agents de vulgarisation agricole. Les exploitants se sont familiarisés à la lutte intégrée contre les organismes nuisibles, en apprenant à reconnaître les nuisibles et les maladies, à opérer des tailles sanitaires, à mettre au point un bon drainage pour maîtriser l’humidité et à appliquer les traitements requis.

Ils ont aussi acquis des outils et des techniques de récolte, dont la méthode indiquée pour ouvrir les gousses et en extraire les graines, et ont appris les étapes et les signes de fermentation et enfin les modes de séchage et de stockage des fèves permettant d’éviter les pertes.

«J’en suis honoré et demeure humble. Ayant travaillé comme agent de vulgarisation pour le Ministère de l’agriculture de 1983 à 2010, c’est avec un plaisir particulier que j’ai accepté l’invitation de participer à cet atelier», déclare Cuthbert. 

«Ce qui m’a plu particulièrement a été de voir les participants découvrir les saveurs et les arômes particuliers des différentes variétés de chocolat, qui vont de l’amer au sucré, d’une saveur de vinaigre prononcée à des arômes fruités, floraux ou intensément chocolatés.»

«Notre cacao est l’un des meilleurs du monde et se prête à merveille à la confection des chocolats fins. Il offre des possibilités idéales de procurer des revenus à Sainte-Lucie, mais aussi de donner aux jeunes un avenir dans cette filière», souligne Cuthbert.

Sainte-Lucie compte parmi les 23 plus grands producteurs de cacao premier choix au monde. La croissance rapide du marché international de ce produit représente un énorme potentiel pour les agriculteurs de Sainte-Lucie. ©FAO

Sainte-Lucie compte parmi les neuf plus grands pays exportateurs de 100 pour cent de cacao fin ou aromatisé, le Royaume-Uni étant son principal marché. Le pays compte aussi parmi les 23 plus grands producteurs de cacao premier choix au monde, selon l’Organisation internationale du cacao qui a reconnu la qualité exceptionnelle du chocolat saint-lucien.

Le marché international du cacao montre une croissance rapide qui s’explique par l’essor de la demande de chocolats premier choix, comme le chocolat «bean-to-bar», autrement dit «de la fève à la tablette», que produisent des artisans chocolatiers qui garantissent la traçabilité du produit, ou encore le chocolat biologique ou le chocolat d’origine contrôlée.

Cet essor du marché du cacao se traduit par des prix intéressants sur les marchés internationaux, qui deviennent ainsi porteurs d’énormes potentiels pour les agriculteurs de Sainte-Lucie.

Les formations dispensées par la FAO aident les producteurs de cacao de l’île à se positionner au mieux dans cette perspective. Les 43 participants à ces formations ont émis des avis très positifs sur l’atelier, et près de 90 pour cent ont estimé qu’ils avaient progressé dans tous les aspects de la production de cacao, qu'il s’agisse de l’agronomie, des récoltes, des processus de fermentation ou du stockage des produits.

Alors que le jour décline et que le soleil se couche sur sa plantation de cacaoyers, Cuthbert termine sa journée comme il l’avait commencée, avec une tasse de cacao, confiant que les amateurs du chocolat merveilleux que produit Sainte-Lucie seront de plus en plus nombreux. 

Le droit à l’alimentation est un droit humain universel. Cette année, nous défendons ce droit, entre autres. Les aliments dont on se nourrit doivent répondre à des critères de diversité, de nutrition, d’abordabilité, d’accessibilité mais aussi de sécurité sanitaire et de durabilité. Plus de 2,8 milliards de personnes n’ont toujours pas les moyens d’une alimentation saine. Alors que nous approchons du 16 octobre, date de la Journée mondiale de l’alimentation, la FAO insiste sur le fait que le droit à ces aliments, qui répondent à tous ces critères, est indispensable pour assurer à tous de meilleures conditions de vie et un avenir meilleur.

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