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Modes de vie sains et esprit d’entreprise à Sri Lanka


Les jardins scolaires entrepreneuriaux promeuvent une alimentation saine et des pratiques agricoles modernes et ouvrent des perspectives de carrière

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Les élèves de l’école Senkadagala pour enfants handicapés commencent leur journée de cours après s’être occupés du jardin scolaire. L’école Senkadagala est une des 400 écoles sri-lankaises dans lesquelles la FAO a mis en place son programme de jardins scolaires entrepreneuriaux. © FAO

24/04/2024

Avant que la sonnerie ne retentisse pour annoncer le début des classes à l’école Senkadagala à Kandy, dans le centre de Sri Lanka, les élèves ont déjà commencé leurs cours dans le jardin scolaire.

Derrière les murs parés de bouteilles en plastique recyclées en pots hébergeant des plantes aux couleurs vives, certains élèves poussent des brouettes, prêts pour la taille, le désherbage et la récolte des fruits et légumes destinés à leur repas.

D’autres commencent leur journée dans les pépinières, où des anthuriums et des cactus en pot sont soigneusement entretenus pour être mis en vente, tout comme le sera l’excédent de la récolte des fruits et légumes du jardin scolaire. Ces jardiniers consciencieux sont les élèves de l’école Senkadagala et sont atteints de déficiences visuelles et/ou auditives.

Ici, les élèves se familiarisent avec l’écosystème qui les entoure et apprennent la valeur nutritionnelle de la végétation autochtone. Les élèves atteints de déficiences auditives bénéficient d’une éducation en langue des signes, tandis que ceux atteints de déficiences visuelles apprennent à reconnaître les plantes en utilisant le toucher et l’odorat.

L’école Senkadagala est une des 400 écoles sri-lankaises dans lesquelles le programme de jardins scolaires entrepreneuriaux a été mis en place par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avec le financement du Fonds des Nations Unies pour les ODD à Sri Lanka.

Ce programme a pour objectif de promouvoir la nutrition en mettant en place des habitudes alimentaires plus saines passant par la culture de denrées alimentaires et leur préparation. Il vise également à inculquer l’esprit d’entreprise aux élèves en les familiarisant avec les débouchés commerciaux tels que la vente de plantes décoratives et de pots peints lors d’expositions et de foires alimentaires.

Les élèves reçoivent aussi des enseignements relatifs à la diversité alimentaire et à la nutrition, et organisent leurs jardins scolaires en fonction de leurs besoins nutritionnels. Grâce à l’introduction de méthodes agricoles modernes telles que l’utilisation de paillis plastique et de systèmes d’irrigation, ils apprennent à lutter contre les mauvaises herbes et les infestations d’insectes, mais aussi à limiter l’évaporation de l’eau et l’érosion du sol afin d’optimiser la productivité de leurs cultures.

Les élèves récoltent, plantent et s’occupent de leurs cultures. Le programme vise à promouvoir la nutrition en mettant en place des habitudes alimentaires plus saines passant par la culture de denrées alimentaires. © FAO

Sasala Maduwanthi, qui enseigne l’agriculture à l’école, explique en quoi ce programme de la FAO constitue un outil d’apprentissage. «En utilisant la géométrie pour délimiter les plates-bandes et en assistant au cycle de vie des papillons, par exemple, nos élèves apprennent en même temps qu’ils jardinent,» fait savoir Mme Maduwanthi.

«Le programme est particulièrement bénéfique pour nos élèves puisqu’ils s’exercent à des compétences entrepreneuriales essentielles pour un futur emploi indépendant», ajoute-t-elle.

Theekshana Malinga, un élève atteint de cécité qui a déjà commencé à cultiver son propre jardin potager en appliquant les concepts appris à l’école, confirme ces propos en confiant qu’après avoir obtenu son diplôme, il entend «poursuivre dans le domaine de l’agriculture, voire peut-être lancer [sa] propre pépinière et cultiver des fleurs en pot pour les vendre».

Le visage rayonnant, il raconte la façon dont sa conception de la nutrition a changé depuis le lancement du programme et à quel point il est fier de consommer les aliments que les élèves cultivent eux-mêmes, car ceux-ci ne contiennent ni produits chimiques ni pesticides nocifs et ont bien plus de goût.

Piumi Madhubashini Kumarasinghe, une élève de l’école atteinte d’une déficience auditive, a elle aussi créé un jardin potager, dans lequel elle cultive des piments et des radis. Elle compte créer sa propre pépinière d’anthuriums un jour.

Kumudini Abeyruwan, la directrice de l’école, remarque que le taux d’absentéisme a considérablement diminué depuis le lancement du programme. L’embellissement des locaux de l’école a eu un effet positif sur les élèves, et les compétences entrepreneuriales pratiques qu’ils acquièrent stimulent leur confiance en eux.

«Nous servons des repas sains aux élèves, qui gagnent en confiance en sachant qu’ils consomment le fruit de leur labeur», conclut-elle.

À quatre heures environ de ses camarades de Kandy, Pamodi Bhagya, de l’école pour filles Vishaka Balika Madya Maha Vidyalaya (VBMMV), sise dans la ville de Bandarawela, déclare: «Outre des notions de jardinage, ce programme nous a appris à faire des recherches sur de nouveaux concepts par nous-même et nous a inculqué des connaissances et des compétences pratiques utiles au quotidien concernant par exemple la gestion des déchets et le recyclage, la commercialisation des produits d’un jardin et l’optimisation de l’espace dont nous disposons.»

En témoignage de reconnaissance de leurs efforts exemplaires, il a été décidé d’octroyer à ces deux écoles des fonds supplémentaires dans le cadre du projet. Grâce à ceux-ci, les élèves de Senkadagala ont fait l’acquisition de film de paillage en polyéthylène afin d’empêcher la pousse de mauvaises herbes et se sont équipés d’un système d’irrigation.

Comme à l’école Senkadagala, les élèves de l’école Vishaka Balika Madya Maha Vidyalaya apprennent à penser comme des entrepreneurs en vendant des plantes décoratives et des pots lors d’expositions et de foires alimentaires. © FAO

La FAO a mis ce programme en place en collaboration étroite avec plusieurs instances sri-lankaises: le Ministère de l’éducation, le Département de l’agriculture, le Ministère de la santé, le Département de la médecine autochtone et les secrétariats généraux des provinces concernées. Les autorités gouvernementales espèrent déployer ce programme à l’échelle nationale.

Mahesh Attanayake, instructeur en agriculture au Département de l’agriculture, déclare: «En promouvant la création de valeur ajoutée et en transmettant des notions de commercialisation, cette initiative développe les compétences entrepreneuriales des élèves, les familiarise avec les pratiques agricoles modernes et ouvre ainsi aux élèves de belles perspectives d’emploi et d’avenir». 

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