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Culture du goémon: un secteur insulaire en plein essor


Avec l’introduction d’une nouvelle espèce d’algue, les producteurs dominicains voient leurs revenus augmenter.

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En Dominique, l’espèce d’algue nommée Gracilaria est généralement cultivée en vue de fabriquer des boissons, de gels et d’autres produits. Cependant, en raison de sa croissance lente, les exploitants ont rencontré des problèmes lors de sa production. La FAO a donc introduit l’espèce Eucheuma cottonii en guise d’alternative, grâce à laquelle ils ne dépendront plus des importations pour satisfaire la demande locale. ©FAO/Chris Davis

08/05/2024

Dans un petit pays insulaire situé à l’extrémité orientale des Caraïbes, il existe une espèce d’algue sauvage, ou algue rouge, appelée Gracilaria, que les Dominicains cultivent depuis toujours et qu’ils utilisent pour fabriquer des boissons, des gels et d’autres produits comme des teintures pour textiles.

À l’instar d’autres espèces, elle offre de nombreux avantages sur les plans diététique et cosmétique. Toutefois, en raison de sa croissance lente, elle a posé des problèmes de production et d’approvisionnement aux cultivateurs, et ceux-ci ont ainsi été obligés d’importer d’autres variétés en provenance des îles voisines pour répondre à la demande locale.

La culture du goémon repose sur un processus complexe qui consiste à récolter les algues, à les débarrasser des algues étrangères et des impuretés, ainsi qu’à les blanchir et à les sécher à la lumière du soleil, avant de les conditionner pour la vente.

Hélas, l’espèce Gracilaria a tendance à attirer les mauvaises algues étrangères comme les épiphytes. Alors que d’autres espèces s’auto-nettoient, le nettoyage de Gracilaria est pénible et laborieux. En outre, les rendements obtenus de sa production sont relativement faibles, puisqu’il faut compter en moyenne 18 kg d’algues fraîches pour 1 kg d’algues sèches, ce qui amoindrit les bénéfices.

«De nombreux producteurs cultivaient l’algue rouge par leurs propres moyens. La culture de Gracilaria leur a posé de multiples problèmes et les bénéfices n’ont pas toujours été au rendez-vous. Découragés, certains ont cessé leur activité», explique M. Dorian Sanford, spécialiste des pêches chargé de l’aquaculture et de la mariculture au sein de l’administration publique.

Malgré ces difficultés, de nombreux exploitants ont refusé d’abandonner la production d’algues marines.

Face à cette situation, une solution a été apportée grâce à Eucheuma cottonii, une espèce commerciale d’algue introduite pour la première fois dans la région il y a plusieurs dizaines d’années. Celle-ci a été mise à disposition dans le cadre d’un projet de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) visant à renforcer les moyens de subsistance, à soutenir le développement durable et à mettre en place des chaînes de valeur agroalimentaires résilientes.

Grâce au projet de la FAO, des formations théoriques et pratiques ont été dispensées sur la production d’Eucheuma cottonnii et sur les bonnes pratiques aquacoles. Animée par M. Thomas Nelson, un spécialiste du goémon originaire de l’île de Sainte-Lucie, la formation était destinée aux techniciens, aux agents de vulgarisation et aux producteurs de trois coopératives spécialisées dans la production d’algues.

L’espèce Eucheuma cottonii, qui pousse rapidement et s’auto-nettoie, permet de produire des algues de qualité et en quantité suffisante pour garantir une production commerciale rentable. ©FAO/Chris Davis

L’espèce Eucheuma cottonii, qui pousse rapidement et s’auto-nettoie, permet de produire des algues de qualité et en quantité suffisante pour garantir une production rentable. Elle a rencontré un franc succès à Sainte-Lucie et dans d’autres îles voisines où le goémon est cultivé à des fins commerciales.

Trois grands groupes de producteurs, situés dans les communautés de Woodford Hill, Calibishie et Grand Bay, sont passés à la culture d’Eucheuma cottonii, ce qui a entraîné une nette amélioration de la production et des rendements.

«Grâce à l’intervention de la FAO, nous avons pu inciter les groupes de producteurs à expérimenter cette espèce d’algue. Si au début certains d’entre eux ont rencontrés des difficultés, quelques mois plus tard, ils étaient ravis des nouveaux rendements obtenus et se sont montrés enthousiastes à l’idée de cultiver cette espèce. Certains groupes ont commencé à récolter entre 180 et 325 kg d’algues», explique M. Sanford, qui a lui-même été formé par la FAO et accompagne les exploitants dans la production de goémon à des fins commerciales sur l’île.

Les producteurs sont de plus en plus optimistes quant à l’avenir de leur activité depuis l’introduction d’Eucheuma cottonii.

Deux des principales entreprises agroalimentaires de la Dominique achètent le produit brut auprès des producteurs locaux. Le groupe de producteurs de Grand Bay en exporte de petites quantités aux États-Unis et celui de Woodford Hill envisage de transformer l’Eucheuma cottonii en produits cosmétiques.

La FAO entend aider la Dominique à développer davantage cette filière en reliant les producteurs et les entreprises de transformation agroalimentaire afin de stimuler les investissements dans ce domaine prometteur. ©FAO/Chris Davis

Pour continuer à accompagner les producteurs et à promouvoir le secteur, le Ministère dominicain de l’agriculture, de la pêche, de l’économie bleue et verte leur apporte son concours, comme en témoigne l’installation de séchoirs et la mise en place d’une pépinière dédiée à l’espèce Eucheuma cottonii, ce qui permettra d’aider les producteurs d’algues, qu’ils soient nouveaux ou déjà établis. Grâce à elle, les exploitants pourront se remettre plus rapidement des dommages et des pertes causés par les tempêtes, comme la tempête tropicale Bret, survenue en juin 2023. La pépinière a permis de fournir 18 kg d’algues, qui ont servi à renouveler les stocks de leurs exploitations.

En dépit des difficultés parfois causées par des phénomènes météorologiques extrêmes, la production de goémon demeure l’une des priorités du pays en matière d’aquaculture, car elle offre des perspectives de revenus intéressantes. Elle permet en effet de générer des emplois et d’améliorer la qualité de vie des producteurs et des communautés dominicaines.

«La Dominique figurera bientôt au nombre des pays producteurs de goémon», déclare M. Sanford.

Le renforcement de la production n’est que la première étape du développement de la filière. À long terme, le projet vise à renforcer les liens entre les secteurs privé et public. La création de partenariats durables peut contribuer à doper les investissements dans le secteur et à renforcer la résilience et la durabilité de la production en Dominique. 

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