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Répondre à la demande de lait de chamelle


Mettre à profit l’innovation et les moyens techniques pour améliorer les revenus des éleveurs de chameaux en Mongolie

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Les chameaux de Bactriane, des camélidés à deux bosses, sont très importants pour les familles mongoles vivant dans le rude désert de Gobi, car ils constituent une source de revenus et fournissent de la laine et du lait. ©FAO

10/07/2024

En Mongolie, au cœur du désert de Gobi, Nergui Ochirbat s’occupe d’un troupeau de 30 chameaux de Bactriane. Ses parents lui avaient légué quelques bêtes et il est éleveur depuis plus de 30 ans.

«Les chameaux sont des animaux plutôt résistants et dociles, qui n’ont pas vraiment besoin d’être surveillés», explique Nergui. «Ils peuvent survivre dans des conditions difficiles. Cela en fait des animaux parfaits pour l’élevage dans cette région car ils n’ont pas besoin d’une attention constante comme d’autres bêtes.» 

Ces camélidés à deux bosses sont la principale ressource de la famille: ils fournissent de la laine et du lait tout au long de l’année. Ils sont capables de survivre dans des environnements extrêmement rigoureux. Grâce à leurs capacités d’adaptation, ils comptent parmi les rares animaux pouvant supporter la rudesse de cette région mongole. Dans le désert de Gobi, l’été est synonyme d’aridité et de tempêtes de sable, tandis que l’hiver s’accompagne de vents violents et de températures négatives. 

Les chamelles produisent moins de lait car il y a moins de pâturages disponibles en raison de l’aggravation de la sécheresse dans le sud du Gobi. Cette situation est problématique pour les éleveurs car le lait est une source de revenus et d’alimentation. ©FAO

Depuis quelque temps, le sud du Gobi connaît chaque année des sécheresses extrêmes. Puisqu’il pleut peu ou pas du tout, les collines verdoyantes où Nergui faisait paître ses chameaux sont désormais brunes et désolées. Les bêtes manquant de pâturages, la production de lait a chuté de moitié. Cette situation est terrible pour les éleveurs de la région car le lait est une source cruciale de revenus et d’alimentation.

La variation des conditions climatiques et les maigres pâturages poussent de nombreux éleveurs dans la situation de Nergui à migrer dans des districts voisins, à la recherche de plus de pâturages et d’eau. Mais les «chameaux sont des créatures d’habitude, qui rechignent à quitter leur lieu de vie et qui cherchent souvent à revenir dans un environnement familier», explique Nergui, qui connaît leurs habitudes après toute une vie passée à leurs côtés.

«Les chamelles ne produisant plus autant de lait qu’avant, les éleveurs vivent aujourd’hui de la vente de viande de chameau et ceux qui ont un petit cheptel ont arrêté de s’occuper de leurs bêtes», assure Nergui avec préoccupation.

Malgré ces difficultés, Nergui ne veut pas abandonner. C’est donc fort de cette détermination qu’il a décidé d’étudier de nouvelles méthodes pour améliorer la qualité du lait de chamelle et le produire en plus grande quantité.

Nergui travaille désormais dans une ferme laitière de chamelles construite récemment dans le cadre d’un projet financé par l’Union européenne qui vise à transformer l’emploi en Mongolie en s’appuyant sur des dépenses publiques en phase avec les objectifs de développement durable. Le projet, mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), doit permettre de créer des débouchés professionnels dans cette région aride en renforçant la filière du lait de chamelle.

La ferme en elle-même constitue une initiative novatrice dans le pays. Les éleveurs viennent avec leurs bêtes et travaillent à la ferme pendant un an. Ils bénéficient des installations existantes et d’équipements permettant d’économiser de la main-d’œuvre, dont des salles de traite, des machines à traire mobiles, des espaces de stockage et des mélangeurs d’aliments. Après un an, les éleveurs ont toutes les connaissances nécessaires pour diriger leur propre exploitation. Ils peuvent ensuite continuer de travailler sur place ou créer leur propre ferme laitière et approvisionner directement une usine de transformation laitière.

Habituellement, les communautés pastorales mongoles ne donnent pas d’aliments supplémentaires à leurs chameaux et traient uniquement à la main les chamelles de septembre à février. Mais désormais, grâce aux connaissances et aux ressources apportées par le projet, Nergui et les autres éleveurs de chameaux, auparavant dubitatifs quant à l’élevage de chameaux dans une ferme, ont constaté que les chamelles produisaient plus de lait quand elles consommaient des aliments supplémentaires.

L’équipement de traite fourni a aussi permis d’améliorer la qualité du lait, tout en ayant recours à moins de main-d’œuvre que pour la traite manuelle. 

Dans le cadre d’un projet financé par l’Union européenne, la FAO fournit aux éleveurs de chameaux des installations et des équipements pour accroître la production de lait de chamelle, tout en économisant de la main-d’œuvre. ©FAO

La population de la région dépendant fortement des chameaux, il s’agit d’accroître la production de lait de chamelle et les revenus des éleveurs de chameaux. Nergui souhaite vivement partager ce qu’il a appris avec d’autres éleveurs. Il espère que, tout comme lui, d’autres personnes tireront parti de ces moyens techniques et de ces pratiques.

«Compte tenu des précipitations en baisse et des tempêtes de sable et de poussière plus fréquentes, les éleveurs de chameaux doivent découvrir et adopter de nouvelles méthodes et de nouveaux moyens techniques», assure Nergui. C’est ce message qu’il entend faire passer.

Malgré les effets du changement climatique sur le désert de Gobi, Nergui est confiant en l’avenir car il pense que l’innovation peut profiter à l’élevage de chameaux dans les années à venir. 

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