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Ils prennent en main leurs pâturages


Au Kenya, les jeunes autochtones massaïs font pousser leur propre fourrage pour la sécurité de leurs animaux et leurs moyens de subsistance

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Les peuples autochtones massaïs sont des pasteurs qui, traditionnellement, dépendaient de pâturages naturels, mais les sécheresses prolongées et l’ensilage de mauvaise qualité qu’ils ont acheté ont poussé ces pasteurs à adopter d’autres approches, comme la culture de leur propre fourrage. © FAO

16/08/2024

Jeremiah Muya Sailoji se tient au milieu du paysage aride du village d’Olteyani, dans le comté de Kajiado, au sud de la capitale kényane, Nairobi. Ses yeux sont pleins d’une peine persistante.

«On nous a vendu des camions entiers de foin et d’ensilage ici sur le marché de Kiserian. Les vaches qui en ont mangé sont mortes dans les jours qui ont suivi. Nous avons regardé nos animaux mourir, non pas de maladie, mais d’inanition, empoisonnés par leur alimentation. Cet épisode nous a poussés à l’introspection et nous avons décidé de commencer à produire l’alimentation de notre bétail nous‑mêmes sur nos fermes», confie-t-il.

Jeremiah est un jeune autochtone du peuple massaï. Le peuple autochtone massaï compte approximativement 1,5 million de personnes, qui pratiquent le pastoralisme au Kenya et en Tanzanie.

Lorsque les garçons atteignent l’âge requis , on leur apprend à s’occuper des animaux et ils se déplacent d’un lieu à l’autre en quête d’un bon pâturage. Traditionnellement, les pasteurs massaïs dépendaient donc de pâturages naturels, qu’ils considéraient comme un don du ciel apporté par les pluies.

Mais les sécheresses prolongées ont occasionné une perte dévastatrice de bétail et les ont forcés à adopter d’autres approches. Désormais, avec la crainte additionnelle d’acheter de l’ensilage de mauvaise qualité, les pasteurs aspirent à devenir autosuffisants.

Avec 12 autres jeunes massaïs, Jeremiah participe à une initiative inédite de sa communauté: la culture intentionnelle de pâturage. Parmi ces jeunes se trouve Daniel Memusi Moiko, dont la maison dans le village d’Olteyani est devenue un centre d’innovation pastorale. Le groupe, officiellement connu sous le nom de Groupe d’entraide des jeunes d’Olteyani, a adhéré au projet de commercialisation d’aliments pour animaux porté par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Lancé en partenariat avec la Fondation Mastercard, l’objectif du projet est d’assurer la disponibilité d’aliments pour animaux de qualité et abordables toute l’année, indépendamment des variations saisonnières.

La FAO leur a fourni des semences pour qu’ils puissent cultiver des herbages locaux en guise de pâturage. En plus de ces semences, la FAO a fourni du matériel pour la récolte et l’après-récolte, et a familiarisé les pasteurs avec les technologies et pratiques vertes adaptées aux exigences croissantes induites par le changement climatique.

En collaboration avec le Gouvernement du comté de Kajiado, la FAO a également dispensé au groupe des formations sur la création, l’exploitation et la préservation de pâturage.

«La FAO nous a formés et nous a donné des machines pour nous aider à récolter et à mettre en balles notre fourrage. Elle nous a donné une débroussailleuse et une presse à foin, ce qui nous aide pour la récolte», explique Jeremiah. 

Dans le cadre de son projet de commercialisation d’aliments pour animaux, la FAO fournit aux peuples et aux jeunes autochtones des semences pour établir des pâturages, du matériel pour la récolte et l’après-récolte, et forme à des pratiques résilientes face aux exigences croissantes relatives au fourrage. © FAO

Tous les membres ont obtenu des résultats positifs. Ils ont récolté plus de mille balles de foin pour une surface de 2 acres seulement et envisagent de fonder la première société coopérative pour le fourrage dans la région.

Chaque membre doit apporter 200 balles de foin à la réserve collective du groupe, constituée pour faire face aux futures sécheresses.

Bien qu’ils aient la possibilité de vendre ce foin, ils ont décidé ensemble de ne pas le faire pour l’instant. «Nous nous sommes promis de ne plus voir notre bétail mourir par manque de fourrage. Nos granges sont pleines, mais nous ne vendrons pas notre foin, car même si nous avons eu une bonne première récolte, nous ne sommes pas sûrs de tenir le coup si une nouvelle sécheresse survenait», explique Jeremiah en nous montrant la grange de son exploitation de 2 acres.

Ils rêvent en grand et prennent des mesures pour se rapprocher de leurs objectifs, mettant d’autres terres de côté pour en faire des pâturages et prévoyant de sélectionner les bons veaux pour les élever collectivement. Ils souhaitent étendre leur production de pâturages à plus de 200 acres.

La production de fourrage a aussi créé des opportunités d’emploi au-delà du groupe, pour la communauté. Des jeunes autochtones participent à différentes activités comme l’installation de clôtures autour des exploitations, le semis, la récolte, la mise en balles et la conduite de tracteurs. Grâce à ces expériences, les Massaïs sont en position d’offrir leurs services à d’autres pasteurs et peuples autochtones souhaitant se lancer dans la production de fourrage.

La production de fourrage a généré des opportunités d’emploi pour la communauté dans son ensemble. Les réussites de cette initiative communautaire créent un précédent pour ceux qui suivront. © FAO

Le projet de la FAO de commercialisation d’aliments pour animaux, mis en place au Kenya et en Éthiopie, vise à promouvoir le développement durable dans le sous-secteur de l’alimentation animale. Ses priorités sont l’augmentation de la productivité et de la valeur ajoutée, de l’accès aux marchés, de l’utilisation des aliments et des revenus grâce au développement et à la promotion de modèles d’activité viables. Ses interventions sont destinées à favoriser l’adaptation et la résilience, soutenues par des politiques qui abaissent les barrières à l’entrée et stimulent les investissements publics et privés.

Dans le comté de Kajiado, le projet est mis en œuvre dans chacune des cinq circonscriptions. des partenariats se mettent en place avec des groupes de jeunes, des groupes de femmes, des peuples autochtones, des coopératives et des entrepreneurs individuels afin de renforcer leurs capacités en matière de production et de commercialisation de fourrage.

Avec le soutien de la FAO et de la Fondation Mastercard, Jeremiah, Daniel et leurs pairs massaïs sont devenus des pionniers de la production de pâturage. En continuant d’amplifier leurs efforts, ces jeunes créent un précédent pour ceux qui suivront. Investir dans la production durable de pâturages en assurant un appui technique permet à ces communautés de peuples autochtones de s’épanouir, ouvrant ainsi la voie vers un futur plus résilient et offrant une sécurité alimentaire grandissante.

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