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Des agriculteurs cubains redonnent vie à leurs terres


Un projet FAO-Fonds vert pour le climat vise à éradiquer une espèce végétale envahissante pour restaurer les terres agricoles, renforcer la résilience face au changement climatique et changer des vies

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Le terrain de Mariano Almeida était envahi par une plante appelée marabou. Cette espèce végétale a colonisé de vastes zones de terres dégradées à Cuba, prenant la place des animaux d’élevage et des cultures. La FAO aide Mariano et d’autres agriculteurs de trois provinces de l’île à restaurer les terres afin d’améliorer la sécurité alimentaire et les conditions de vie. © FAO/Mariano Quintero Almeida

05/06/2024

À Corralillo, dans la province de Villa Clara située au centre de Cuba, Mariano Quintero Almeida travaille dans l’exploitation El Despertar (« le réveil ») 8 heures par jour malgré la chaleur. Il ne se plaint pas, bien au contraire.

Il y a trois ans, quand Mariano a reçu ce terrain, il semblait impossible de tirer plus que le minimum vital de ces 67,5 hectares.

El Despertar était infesté par Dichrostachys cinerea, une espèce végétale envahissante, connue localement sous le nom de marabou. Cet arbuste épineux à croissance rapide forme d’épais fourrés qui rendent l’agriculture presque impossible.

«Des machines spéciales sont indispensables pour couper le marabou car c’est une plante très vigoureuse couverte d’épines», explique Mariano. «Si le travail n’est pas bien fait, le marabou va repousser et devenir encore plus fort qu’avant. En six mois, la surface envahie aura doublé.»

Mariano explique que Corralillo a connu des décennies de pratiques d’élevage non vertueuses, ce qui s’est soldé par le surpâturage, ainsi que la dégradation et l’érosion des sols. Cela a ouvert la voie à l’invasion du marabou. Au fil des années, les terrains ont été envahis les uns après les autres. Les animaux d’élevage et les cultures ont donc été déplacés et l’environnement a été transformé.

«Des emplois ont disparu. Les habitants sont partis chercher du travail ailleurs», raconte Mariano. «Tous mes voisins ont dû déplacer leurs bêtes. Ils ont commencé à produire du charbon de bois et à vendre du bois de feu car ils ne pouvaient pas travailler la terre.»

«Très peu d’exploitations sont épargnées», précise-t-il. «Peu savent comment s’attaquer au marabou. Certains ont opté pour des produits chimiques, ce qui a nui par la suite à l’élevage et à l’agriculture.»

Les agriculteurs cubains avaient du mal à couper le marabou avec leurs haches et leurs machettes. Grâce à des machines spéciales fournies dans le cadre du projet FAO-Fonds vert pour le climat, les agriculteurs réalisent en un jour l’équivalent d’un mois de travail. À gauche/en haut: ©FAO/Mariano Quintero Almeida À droite/en bas: ©FAO/Mariano Quintero Almeida

Le problème ne se limite pas à Corralillo. À Cuba, le marabou a colonisé de vastes étendues de terres auparavant productives. En 2020, pour aider à gérer la situation, le Gouvernement de Cuba et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont débuté la mise en œuvre d’un projet financé par le Fonds vert pour le climat.

La finalité de ce projet de 120 millions d’USD est de remplacer des pâturages dégradés et des zones colonisées par le marabou par des systèmes agroalimentaires plus durables et plus résilients face au changement climatique. Petit État insulaire en développement, Cuba est particulièrement sensible aux effets du changement climatique. Les provinces de Villa Clara, Matanzas et las Tunas connaissent des sécheresses à répétition et se heurtent à la dégradation et à la salinité des sols.

Dans le cadre du projet, des petits exploitants de ces trois provinces ont reçu du matériel: tracteurs, débroussailleuses, rotavators et charrues. Plus de 4 500 agriculteurs, dont 900 femmes, ont été formés. Mariano raconte que bien qu’on lui ait expliqué au préalable le fonctionnement des machines et leurs possibilités, il a été époustouflé par leur efficacité sur le marabou.

«Ces machines sont impressionnantes», assure-t-il. «Nous étions fous de joie de voir la lumière au bout du tunnel.»

Mariano explique qu’ils peuvent désormais faire en un jour ce qui leur aurait pris un mois sans les machines. Cette nouvelle méthode de travail est non seulement plus efficace mais elle est aussi bénéfique pour le sol car elle permet d’y enfouir la biomasse du marabou.

«Avant, nous coupions le marabou du matin au soir à coups de hache et de machette. Les épines nous écorchaient les bras et déchiraient nos vêtements», raconte Mariano. «Nous ne pouvions que cultiver de petits lopins de terre, qui suffisaient tout juste à nourrir nos familles. Désormais, nous pouvons travailler de plus grandes étendues de terre, ce qui profite à la communauté. Cela change vraiment les choses.»

Jusqu’à présent, les agriculteurs ont éradiqué plus de 5 100 hectares de marabou. Ils sont en train de mettre en place des systèmes forestiers, agroforestiers et silvopastoraux en plantant des arbres et des arbustes, en cultivant la terre et en pratiquant l’élevage. ©FAO/ Mariano Quintero Almeida

Dans les trois provinces, les agriculteurs ont jusqu’à présent réussi à éradiquer plus de 5 100 hectares de marabou. Ils sont en train de mettre en place des systèmes forestiers, agroforestiers et silvopastoraux sur plus de 6 500 hectares en plantant des arbres et des arbustes, en cultivant la terre et en pratiquant l’élevage au même endroit. Ces pratiques contribuent à accroître la fertilité du sol et à réduire la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ce qui participe à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à ses effets.

Les agriculteurs produisent désormais de la viande, du lait, des légumes, des fruits, des céréales et des graines dans le respect de l’environnement. À El Despertar, Mariano cultive maintenant plusieurs espèces agricoles, telles que le manioc, le maïs, la courge, le sorgho, le tournesol, le sésame, les arachides et les haricots. Il a aussi d’autres projets. Il espère planter des arbres fruitiers et avoir des vaches laitières jersiaises et des zébus, qui supporteront bien la chaleur et la sécheresse. 

«Le projet a déjà donné des résultats concrets. J’espère que le miracle va s’amplifier et ne jamais s’arrêter», déclare Mariano. «Avant nous avions des rêves et ce projet nous a appris à les réaliser».

Ce projet de la FAO est le premier du genre à être financé par le Fonds vert pour le climat à Cuba. Il compte parmi les 20 projets à fort impact du portefeuille assorti d’une enveloppe de 1,2 milliard d’USD, confié par le Fonds à l’Organisation. D’ici 2027, l’objectif du projet est d’introduire des pratiques d’agroforesterie sur 36 000 hectares, de minorer de 2,7 millions de tonnes les émissions de gaz à effet de serre et d’aider 52 000 petits producteurs cubains à renforcer leur sécurité alimentaire, améliorer leur alimentation et mieux vivre.

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