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La nourriture qu’on perd en chemin


Pourquoi nous devons réfléchir aux systèmes de transport pour réduire les pertes de nourriture

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La mise en place de systèmes de transport adaptés est essentielle pour remédier au problème des pertes de nourriture, surtout dans les endroits où l’on doit transporter consciencieusement les produits alimentaires jusqu’à la route la plus proche afin de se rendre au marché. ©FAO/David Hogsholt

26/09/2024

Le contraste des images est frappant. Dans certaines parties du monde, des camions réfrigérés dernier cri remplis de fruits s’arrêtent sur les aires de chargement des supermarchés pendant qu’ailleurs, des agriculteurs cultivant des champs à flanc de montagne portent des paniers de produits agricoles sur la tête jusqu’à l’unique route qui mène à l’infrastructure commerciale ou au marché le plus proche.

Le transport, étape décisive des chaînes d’approvisionnement en fruits et légumes, représente une part non négligeable des 13 pour cent de pertes mondiales de nourriture qui ont lieu entre le moment de la récolte et celui de la vente au détail. Pour remédier à ce problème, nous devons aborder la question du système de transport dans son ensemble et trouver des approches adaptées.

Voici quatre observations sur la question des transports, accompagnées de solutions qui pourraient permettre de réduire les pertes de nourriture:

1. Étudier le conditionnement et d’autres facteurs

La manière dont les produits sont conditionnés est bien entendu un élément important de la réduction des pertes alimentaires. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a investi des efforts considérables dans la formation des producteurs à de meilleures méthodes de conditionnement, comme l’utilisation de cagettes en plastique rigides réutilisables pour éviter d’abîmer les produits lors de l’empilage et du transport.

Toutefois, il importe tout autant de prendre en compte d’autres facteurs, comme la gestion de la température et la circulation de l’air. Les produits devraient idéalement être transportés pendant la période la plus fraîche de la journée, dans des véhicules non carrossés, à l’abri de la lumière et protégés de la déshydratation. Les initiatives de la FAO ont permis de financer des bâches aux couleurs claires pour recouvrir les camions et protéger les produits des éléments, et de contribuer à la fabrication de châssis afin d’améliorer les conditions de transport.

Dans le cadre de ses activités visant à réduire les pertes de nourriture pendant le transport, la FAO privilégie des domaines tels que les pratiques de manutention, le conditionnement, la gestion de la température et la circulation de l’air. À gauche: ©FAO/Luis Antonio Rohas; À droite: © FAO/David Hogsholt

2. Proposer d’autres méthodes de transport

Dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, on utilise des systèmes de transport conçus pour les passagers ou des camionnettes et des utilitaires pour transporter des fruits et légumes frais, ce qui peut avoir pour effet d’exposer les produits à des températures élevées ou à un stress thermique, et entraîner des pertes hydriques et une détérioration rapide des aliments.

Par ailleurs, on peut faire face à différentes difficultés en fonction du type de terrain. Les zones montagneuses, par exemple, manquent souvent de routes de desserte pour transporter la nourriture. Il faut donc tout porter, souvent sur la tête ou à cheval, jusqu’à la grande route la plus proche, à partir de laquelle on pourra acheminer les produits jusqu’au marché.

Ce sujet est d’autant plus essentiel dans les pays tropicaux, où les altitudes élevées sont favorables à la production de cultures à haute valeur nutritive comme le brocoli, les carottes, les fraises, le chou chinois ou les herbes aromatiques. Dans ce contexte, il paraît logique de recourir à d’autres systèmes de transport novateurs tels que des tyroliennes, des voies câblées ou des téléphériques, pour faciliter l’acheminement des produits vers des infrastructures commerciales ou des marchés.

La FAO dispense des formations tout au long de la chaîne d’approvisionnement en vue d’améliorer les pratiques de manutention et de réduire les dégâts dus aux erreurs humaines. ©FAO/Luis Antonio Rohas

3. Former pour éviter les erreurs humaines

Il est fondamental de fournir des formations adaptées, car les erreurs humaines contribuent également aux lésions mécaniques survenant pendant le chargement, le transport et le déchargement des fruits et légumes frais. S’il décharge les cagettes trop brutalement ou n’empile pas bien les caisses de fruits, le personnel qui manipule les aliments peut être à l’origine de pertes importantes. Les meurtrissures, la compression et l’abrasion des produits peuvent les rendre invendables, voire non comestibles, surtout lorsqu’il s’agit de fruits délicats comme les bananes ou les mangues.

Par exemple, les travaux menés par la FAO aux Philippines ont permis une réduction de 38 pour cent des pertes dans les chaînes d’approvisionnement en fruits et légumes frais en éliminant le reconditionnement intermédiaire des fruits et légumes frais destinés aux supermarchés de Manila.

La FAO propose des formations au personnel participant à chacune des étapes de la chaîne d’approvisionnement, afin de les aider à adopter de bonnes pratiques de manutention pendant le chargement et le déchargement des produits conditionnés, en soulignant les avantages économiques que permettraient ces pratiques.

4. Le rôle potentiellement déterminant des partenariats

Les partenariats public-privé peuvent souvent aider à trouver des solutions aux problèmes de transport. Pour faciliter les échanges transnationaux de cultures horticoles de valeur entre la République démocratique populaire lao et la Thaïlande, par exemple, la FAO a contribué à la construction d’un site d’emballage de fruits et légumes frais sur des terres données par le Gouvernement laotien.

Au vu du succès des premiers échanges transfrontières, le Gouvernement laotien et une entreprise thaïlandaise ont conclu un partenariat public-privé pour exploiter le site d’emballage et mis en place une chaîne du froid pour l’expédition de produits agricoles vers la Thaïlande. Selon les estimations, 40 pour cent des fruits et légumes frais étaient conformes aux normes de qualité des marchés, et les 60 pour cent restants ont été consommés à l’échelle nationale, en grande partie dans le cadre du secteur hospitalier.

La FAO s’emploie à promouvoir l’élaboration de systèmes de transport organisés, essentiels pour assurer le transfert rapide des fruits et légumes frais périssables entre les fermes et les marchés en réduisant autant que possible les pertes de nourritures dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

L’inefficacité des systèmes de transport contribue largement aux niveaux inacceptables de pertes, en particulier aux pertes de produits alimentaires riches en vitamines et autres nutriments. Dans l’intérêt des populations et de la planète, la résolution intégrée de ce problème est donc une part essentielle des travaux de la FAO et de ses partenaires. 

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