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Au Népal, des femmes pratiquent l’agriculture climato-résiliente au service de rendements accrus et meilleurs


Les écoles pratiques d’agriculture ouvrent de nouvelles perspectives et contribuent à remettre en état les terres dégradées

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Dans la région népalaise de Churia, dont le bassin versant est caractérisé par une forte dégradation des terres que les effets du changement climatique aggravent, Gita Adikhari et d’autres membres de sa communauté apprennent des techniques agricoles plus efficaces et plus respectueuses de l’environnement dans le cadre d’une école pratique d’agriculture de la FAO financée par le Fonds vert pour le climat. ©FAO/ Sewa Bhattarai

15/07/2024

Gita Adikhari a compris que quelque chose avait changé en profondeur quand, dans son exploitation située dans le district de Jhapa, à l’est du Népal, elle a produit près du double de ce qu’elle obtenait d’habitude.

Mais sa récolte abondante de pommes de terre n’est pas le fruit du hasard: c’est le résultat de connaissances acquises dans le cadre d’une école pratique d’agriculture mise en place par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et bénéficiant de financements du Fonds vert pour le climat.

La plus grande production de pommes de terre «a en quelque sorte confirmé que nous étions sur la bonne voie et m’a donné envie de continuer à apprendre et à perfectionner nos méthodes agricoles pour obtenir des résultats encore meilleurs», déclare l’agricultrice âgée de 47 ans.

La région dans laquelle sont concentrées les écoles pratiques d’agriculture est le Churia, bassin versant du pays, où vivent Gita et ses camarades. Cette région est confrontée à de multiples problèmes environnementaux, notamment la déforestation, l’érosion des sols et l’appauvrissement de la biodiversité.

Ces défis, conjugués aux incidences de la crise climatique, pèsent lourdement sur les conditions de vie des membres des communautés locales. Alors que les précipitations sont de plus en plus imprévisibles et que les températures augmentent, «nous voyons que certaines cultures ont plus de mal à pousser et même ne poussent plus du tout», remarque Gita.

Afin de réduire les pressions exercées sur les forêts, les agriculteurs apprennent à cultiver des plantes fourragères et à planter des arbres sur leurs terres. Ainsi contribuent-ils à lutter contre le pâturage incontrôlé et à juguler l’épuisement des sols. ©FAO/ Sewa Bhattarai

L’un des principaux objectifs des enseignements proposés est le renforcement de la résilience des systèmes de production agricole face au changement climatique. Par exemple, afin de réduire les pressions exercées sur les forêts pour obtenir du bois de chauffe et du fourrage, l’école pratique d’agriculture permet de former les paysans à la culture de plantes fourragères et à la plantation d’arbres sur leurs terres, ainsi qu’à la collecte des excréments et de l’urine de leurs animaux, pour obtenir du compost et des engrais liquides. Ces pratiques contribuent à lutter contre le pâturage libre et incontrôlé, ainsi qu’à juguler l’épuisement des sols.

Grâce aux activités de remise en état envisagées, on obtiendra une réduction de 11,48 millions de tonnes d’équivalent CO2 au cours des 20 prochaines années.

Depuis qu’elle participe aux formations, Gita remarque qu’elle a énormément modifié son exploitation. «Avant, dit-elle, je ne savais pas grand-chose sur les pratiques agricoles. J’utilisais des engrais chimiques sans en connaître vraiment les effets nocifs, ni les bonnes quantités à utiliser. Je ne savais pas non plus quelles cultures pouvaient être associées. Maintenant, je me suis mise à utiliser le jholmol (mélange d’engrais et de pesticides domestiques et biologiques) et un compost obtenu à partir du fumier.»

Autre point important, l’école pratique d’agriculture permet de montrer comment on peut tirer parti du biocharbon, sorte de charbon de bois obtenu à partir de résidus de culture pour enrichir le sol, ainsi que des techniques de paillage en faveur de la conservation de l’humidité. Ces pratiques sont adoptées parallèlement aux cultures intercalaires pour rendre la préparation des sols plus efficace, tout en apportant de la matière organique qui fertilise les nouvelles cultures.

Les écoles pratiques d’agriculture permettent aussi aux agricultrices d’être plus sûres d’elles alors que, traditionnellement, elles n’avaient pas leur mot à dire quant aux décisions prises au sein du ménage ou de la communauté. Gita sent que la situation a changé: maintenant, elle donne son avis et s’engage. ©FAO/ Sewa Bhattarai

Plus grande confiance en soi

Le mari de Gita gère une petite boutique au sein de la communauté mais de nombreux hommes de la région travaillent à l’étranger. «Le plus gros du travail agricole, précise Gita, est assuré par les femmes. Cela signifie que nous devons mener de front les activités agricoles et les tâches domestiques. Et ça peut être dur. En plus, nous manquons souvent de bonnes infrastructures et des connaissances nécessaires pour travailler de manière efficace, ce qui nuit à notre productivité.»

Les femmes assurent l’essentiel du travail et pourtant, en raison de normes culturelles et traditionnelles, elles ont encore du mal à se faire entendre quand il faut prendre des décisions.

«Dans nos communautés rurales, explique Gita, à cause de notre culture, les femmes ont rarement la possibilité de se manifester et de faire savoir clairement ce qu’elles pensent. C’est depuis toujours comme ça et je croyais que mon opinion ne comptait pas vraiment.»

Pour cette raison, l’école pratique d’agriculture permet aux femmes non seulement d’améliorer leurs conditions de vie mais aussi d’avoir davantage confiance en elles. Ainsi, affirme Gita, «je n’ai plus peur de dire ce que je pense et d’intervenir au sein de la communauté».

Gita ajoute que la participation active des femmes à la prise de décisions dans le domaine agricole, ainsi qu’à la gestion des ressources rurales, renforce la résilience des communautés et favorise une plus grande égalité entre les sexes. À cet égard, elle joue un rôle particulièrement important, en tant que cheffe de file des 22 femmes que compte le groupe de 28 étudiants.

Malgré les difficultés, «je suis optimiste en ce qui concerne l’avenir de la région du Churia, déclare Gita. Si nous adoptons de bonnes mesures de conservation et des pratiques durables, nous pouvons contribuer au rétablissement de la santé de l’écosystème.»

Voilà l’ambition qui se trouve au cœur du projet. Grâce à une collaboration étroite avec divers acteurs, notamment à tous les échelons du gouvernement et des organisations communautaires, le projet aide Gita et les autres agriculteurs à être plus sûrs d’eux et à construire le futur de leur région.

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