La FAO publie "Jeunes pasteurs en ville", une série d'enquêtes sur les trajectoires des jeunes issus de milieux pastoraux et leur contexte, au Burkina Faso et au Tchad
Le Sahel connait des transformations structurelles en milieu rural et des crises aux répercussions majeures sur les systèmes de production, les économies familiales et les conditions de vie et la sécurité des populations. Les populations pastorales sont particulièrement exposées à ces crises; toutefois, le manque d’informations pertinentes sur la jeunesse pastorale, les conditions de son autonomisation et les conditions actuelles de la reproduction des économies familiales pastorales laisse trop souvent place à des discours trop génériques sur les déterminants climatiques des crises.
C’est pourquoi la FAO a initié une étude exploratoire conduite en 2018 et 2019 auprès des jeunes pasteurs en ville au Burkina Faso et au Tchad. Une série de trois rapports (en français) et une synthèse (en français et anglais) présente et analyse des réseaux et des trajectoires migratoires des jeunes d’origine pastorale vers les villes au Burkina Faso et au Tchad, leur contexte institutionnel et les perceptions publiques dans chaque pays, en évitant les représentations binaires: migration choisie ou subie, projet individuel ou collectif, migration ou ancrage dans les territoires ruraux…
Les migrations de ces jeunes font peu l’objet d’action publique tant qu’elles n’apparaissent pas comme une source de grande vulnérabilité ni comme une menace. Pourtant elles sont révélatrices des changements structurels dans les économies pastorales, des nouvelles voies recherchées d’autonomisation des jeunes (hommes) migrants, du nouveau rôle que les villes pourraient jouer dans la résolution de crises foncières qui mettent le pastoralisme en question, dans certaines régions. Les récits de vie déconstruisent un discours globalisant abstrait sur les déterminants climatiques des crises, malheureusement courant: ces jeunes migrants d’origine pastorale témoignent de l’enjeu familial d’allier mobilité et ancrage territorial; ils témoignent aussi de l’émergence – au Burkina Faso- des revendications de droits non seulement productifs, mais aussi citoyens nouveaux pour des populations historiquement politiquement marginalisées.
Les apports et la réception de cette étude (discutée en atelier régional multi-acteurs à Ouagadougou en juillet 2019) ont ouvert la voie de collaborations entre la FAO, l’Organisation Internationale du Travail et des Etats membres pour refonder un contrat social autour du pastoralisme, notamment par l’extension de la protection sociale aux populations pastorales.