Réduction des émissions provenant du déboisement et de la dégradation des forêts REDD+

Surveillance de l’égalité des sexes et de l’inclusion sociale dans les programmes de restauration des paysages forestiers

28/06/2024

L’ambition mondiale de restaurer les terres déboisées et dégradées a augmenté au cours de la dernière décennie, car les gens ont reconnu le rôle important que jouent les terres saines dans l’élimination du dioxyde de carbone de l’atmosphère et la mitigation du changement climatique. Cette augmentation de l’ambition mondiale peut être observée dans le Défi de Bonn, qui a porté son objectif mondial de restauration à 350 millions d’hectares d’ici 2030. Cependant, il existe une lacune critique dans de nombreux efforts de restauration que beaucoup de gens négligent souvent. Les efforts de restauration sont souvent aveugles au genre. Bien qu’ils se concentrent sur le nombre d’arbres et d’hectares, ils ne prennent pas en compte un aspect social crucial : l’implication pleine et entière des femmes et des autres groupes marginalisés dans les efforts de restauration.

Certains peuvent se demander, pourquoi est-il si important d’impliquer les femmes et les autres groupes marginalisés dans les efforts de restauration ? Les réponses sont multiples. Tout d’abord, au plus haut niveau, inclure les femmes, les peuples autochtones et les autres groupes marginalisés dans les initiatives de développement est une obligation en matière de droits humains. Les accords internationaux renforcent cet engagement. Par exemple, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) de 1979 demande que les femmes « participent au développement rural et en bénéficient ». De même, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) de 2007 souligne le droit des peuples autochtones « à participer activement à l’élaboration et à la détermination des programmes économiques et sociaux qui les concernent et, autant que possible, à administrer ces programmes par l’intermédiaire de leurs propres institutions ».

De plus, d’un point de vue plus pratique, les efforts de restauration bénéficieront des connaissances que les divers groupes apporteront. Par exemple, les femmes peuvent connaître des méthodes de lutte contre les ravageurs dont les hommes ne sont pas conscients. Les peuples autochtones peuvent mieux savoir où et quand collecter les graines d’arbres. En outre, l’implication de divers groupes tend à générer un soutien local plus large et incite tous les segments de la population à contribuer aux efforts de restauration. Cette solidarité locale, à son tour, offre de plus grandes opportunités pour améliorer le bien-être des hommes et des femmes et accroître la durabilité à long terme des efforts de restauration.

En revanche, il existe des risques à exclure les femmes et les autres groupes marginalisés ou à ne pas reconnaître leurs contributions. Les initiatives de restauration aveugles au genre peuvent exacerber les inégalités de genre en restreignant davantage l’accès des femmes à la terre et aux ressources, en sapant leur voix et leur pouvoir d’agir, et en alourdissant leur charge de travail. Il est important de reconnaître certaines des barrières que les femmes en particulier rencontrent lorsqu’il s’agit de s’engager dans les travaux de restauration. Celles-ci peuvent inclure le manque d’accès à la terre (c’est-à-dire les droits de propriété), la corvée domestique et la violence basée sur le genre. Les initiatives de restauration doivent adapter des stratégies pour surmonter ces barrières, par exemple, par la titration conjointe des terres, la sensibilisation au genre et la création de mécanismes de plaintes accessibles et réactifs, entre autres.

C’est pourquoi la FAO, avec ses partenaires du Programme ONU-REDD, soutient les pays dans l’intégration d’activités sensibles au genre dans la conception, la mise en œuvre et la réalisation de leurs actions REDD+ (réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts) afin que toutes les parties prenantes, y compris les femmes, les hommes et les jeunes (et les garçons et les filles, lorsque c’est pertinent) puissent participer de manière équitable et significative à ces activités et à d’autres.

En fait, récemment, avec le soutien de UK Pact, la FAO a publié un rapport pour soutenir le suivi de ces aspects. Intitulé Surveillance de l’égalité des sexes et de l’inclusion sociale dans les programmes de restauration des paysages forestiers, ce rapport (disponible en anglaisfrançais et espagnol) introduit le concept d’égalité des sexes et d’inclusion sociale (GESI) dans les pratiques de restauration forestière ; fournit des conseils sur ce qu’il faut prendre en compte lors de l’établissement de systèmes de suivi ; et élabore une longue liste d’indicateurs potentiels. Ces indicateurs suggèrent comment mesurer non seulement la mesure dans laquelle un programme de restauration touche les femmes, mais aussi comment il bénéficie, autonomise et transforme leurs vies. La publication souligne la nécessité d’objectifs de suivi clairs et d’objectifs et de cibles spécifiques liés à la GESI ; et l’importance d’utiliser des méthodes qualitatives et quantitatives, d’impliquer les femmes dans les activités de suivi, de minimiser les charges de rapport, d’assurer la transparence dans la communication des résultats et d’utiliser les résultats du suivi pour adapter et améliorer la mise en œuvre.

Il est important de reconnaître que, pour le succès des efforts mondiaux de restauration, cet aspect important de l’égalité des sexes et de l’inclusion sociale ne peut être ignoré, tant pour le bien-être des communautés rurales que pour notre efficacité à lutter contre le changement climatique.

 

Cet article a été initialement publié par le Programme ONU-REDD.

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