FAO en République centrafricaine

Des pistes pour une cohabitation pacifique et pour une transhumance transfrontalière apaisée en République centrafricaine

Participants au projet qui attendent de recevoir leur transfert monétaire
28/04/2023

Depuis plusieurs années, la République centrafricaine est touchée par de multiples conflits, dont militaro-politiques, les conséquences des effets du changement climatique (inondations et sécheresses) et les répercussions de la crise en Ukraine, qui ont exacerbé les conditions de vie de populations déjà vulnérables. Ces facteurs ont entraîné une baisse de la production agricole, débouchant sur de nouveaux taux d’insécurité alimentaire dans certaines régions du pays. De plus, l’importation de produits de première nécessité a été fortement perturbée par les effets du conflit russo-ukrainien. Face à ces enjeux, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a soutenu les priorités du gouvernement centrafricain et de ses partenaires, afin d’améliorer la sécurité alimentaire des populations et réduire la pauvreté, notamment par la mise en place de services de vulgarisation agricole, l’introduction de nouvelles technologies et l’amélioration de l’accès aux intrants agricoles.

Le projet intitulé «Assistance d’urgence au renforcement des capacités de production alimentaire des populations vulnérables centrafricaines touchées par l’impact des conflits internes et de la crise en Ukraine», financé par le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies pour un montant de 3,5 millions d’USD, a pour objectif de restaurer les moyens de subsistance et améliorer la sécurité alimentaire de 100 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire et touchées par les conséquences des conflits, dont des personnes déplacées internes, des retournés, des familles d’accueil et des personnes en situation de handicap. Les ménages identifiés des sous-préfectures de Bocaranga, Koui, Kaga-Bandoro, Dékoa, Kouango, Ippy et Alindao, ont bénéficié notamment d’activités de transferts monétaires afin de réduire leur vulnérabilité face aux chocs et de leur permettre de subvenir à leurs besoins alimentaires. «Grâce à ce projet, la FAO a injecté plus de 870,6 millions de XAF dans l’économie des villes bénéficiaires à travers la distribution de transferts monétaires à 14 511 ménages. Ces transferts en espèces apportent un soutien dont les populations rurales ont grand besoin. Nous sommes convaincus qu’ils peuvent avoir un impact immédiat et significatif sur les ménages bénéficiaires ainsi que sur leurs communautés.» affirme Walter De Oliveira, Représentant de la FAO en République centrafricaine.

En effet, grâce aux transferts monétaires directs, les ménages bénéficiaires ont pu acheter des produits de première nécessité, tels que des vivres, des médicaments, des vêtements ou des fournitures scolaires pour leurs enfants. Ceux-ci ont également permis d’améliorer leur accès aux soins de santé, à l’éducation et aux activités génératrices de revenus. «Avant ces crises, nous vivions bien dans notre ville, avec quelques têtes de bétail, un grand champ pour mon mari et un pour moi. Lorsque notre ville a été attaquée par des hommes armés, nous avons tout perdu. Nous avons fui notre maison pour nous réfugier sur le site de l’église catholique pendant presque cinq ans. Pendant ce temps notre maison est tombée en ruine, nos champs envahis par les mauvaises herbes et nos bétails emportés. Quand nous avons décidé de quitter le site, il a fallu tout recommencer à zéro. Pendant plusieurs mois, nous avons survécu grâce aux ramassages de bois. Aujourd’hui grâce à l’aide de 60 000 XAF que j’ai reçue, une nouvelle vie vient de commencer pour moi, mes six enfants et toute la famille. J’ai déjà investi une partie dans la production d’huile de palme et la fabrication de savon traditionnel et une partie va me permettre de cultiver un nouveau champ. J’ai aussi prévu d’inscrire deux de mes enfants à l’école. Les bénéfices que je vais récolter de la vente de l’huile et du savon vont nous permettre de nous nourrir afin d’avoir la force d’aller au champ.» témoigne Amina Sidonie, une participante aux activités de transferts monétaires à Alindao.  

Pour Djénaba, présidente de l’Association des veuves d’Alindao, ce projet est une bénédiction pour toutes les femmes qui ont perdu leurs maris pendant la période de crise: «La guerre et les maladies ont emporté nos maris et nos braves garçons. Depuis plusieurs années, nous nous battons nous-mêmes pour subvenir à nos besoins et ceux de nos familles dont nous sommes désormais les responsables. Beaucoup d’entre nous vivent dans des maisons en piteux états. Cet argent va nous aider à réparer nos maisons, une bonne partie va être utilisée pour augmenter la quantité de nos animaux pour le petit élevage, pour nos cultures maraîchères et pour nos champs.» La réussite des activités de transferts monétaire du présent projet a également reposé sur une innovation apportée à travers l’outil Identification, Delivery and Empowerment Application (IDEA), développé par la FAO pour l’enregistrement biométrique et la reconnaissance faciale des bénéficiaires de projets, lors des distributions de transferts monétaires, d’intrants agricoles ou de foires aux animaux. L’outil IDEA permet ainsi d’identifier de manière fiable et rapide les personnes éligibles à recevoir une assistance de la FAO, tout en minimisant le risque de fraude ou de doublons.

«L’enregistrement biométrique des bénéficiaires, permet de détecter les cas de doublons et les fraudes, et assure que l’aide est distribuée de manière équitable aux personnes qui en ont réellement besoin. Les données collectées par IDEA, sont stockées de manière sécurisée et confidentielle sur un serveur. IDEA est simple à paramétrer et peut être utilisé sur des smartphones ou des tablettes. Cet outil permet de faire une reconnaissance faciale biométrique des bénéficiaires, au moment de la distribution des transferts monétaires, des intrants agricoles ou des foires aux animaux. L’outil est également doté de fonctionnalités d’analyse de données qui permettent de suivre les progrès d’un projet et de prendre des décisions éclairées en temps réel.» explique l’expert en transferts monétaires de la FAO en République centrafricaine. Le projet a eu un impact positif sur la vie des populations assistées, en leur permettant de recouvrir leurs capacités productives et leurs moyens d’existence afin de subvenir à leurs besoins alimentaires et participer activement à la vie économique et sociale de leurs communautés. Les transferts monétaires fournis ont ainsi permis d’améliorer le niveau de vie des ménages et réduire leur vulnérabilité.