FAO en République démocratique du Congo

La FAO améliore la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ex-combattants en RDC

Champ de maïs d'un ex-combattant (Photo : © FAO/Ndoko)
22/09/2017

Faciliter l’accès à la terre pour augmenter la production agricole

La République démocratique du Congo connait depuis plusieurs décennies des conflits armés récurrents du fait des rébellions et de l’activisme des groupes armés nationaux et étrangers qui provoquent l’insécurité et des millions de déplacés internes. Face à cette situation, le gouvernement, appuyé par la communauté internationale, exécute depuis 2004 le Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réintégration « PNDDR ». Celui-ci vise à assurer la réinsertion et la réintégration des ex combattants démobilisés dans la vie civile en leur permettant de développer une activité économique rentable.

Dans le cadre de la mise en œuvre de la troisième phase du programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), sur 1319 ex-combattants référencés par l’Unité d’Exécution nationale du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (UEPNDDR) à la FAO, 1255 ex-combattants sont déjà identifiés et encadrés par la FAO depuis novembre 2016. L’objectif principal est d’assurer une intégration effective, productive et durable des ex-combattants démobilisés avec l’aide des communautés d’accueil.

L’assistance de la FAO s’inscrit dans le cadre des filières agricoles, pêche, élevage et transformation des produits agricoles. Les 1255 ex-combattants déjà identifiés sont repartis de la manière suivante : 348 dans la filière agricole, 209 dans la pêche, 708 dans l’élevage et 10 dans la transformation des produits agricoles. Le projet prend aussi en compte les membres de communautés locales pour faciliter l’intégration des ex-combattants démobilisés au ratio de deux ex combattants démobilisés pour un  membre de communauté d’accueil.

Assistance agricole

Pour permettre aux ex-combattants d’améliorer leur production agricole, la FAO a procédé à la sensibilisation, au plaidoyer pour l’accès à la terre, au regroupement dans des associations mixtes avec les communautés d’accueil, à l’appui en maraîchage et à l’accompagnement technique au travers des appuis –conseils divers. Chaque démobilisé a reçu un kit agricole constitué de 15 kg haricot, 20 kg pomme de terre, 15 kg arachide, 10 kg maïs, 20 kg riz, une bêche, un  pulvérisateur, un  râteau, deux  arrosoirs, deux houes, 637 mètres linéaires de boutures saines de manioc et 2 kg de semences maraîchères constituées de 4carottes, gombo, aubergines, tomates et ail. Ainsi, jusqu’en juin 2017, 364 kits agricoles ont été distribués auprès des ex-combattants ayant choisis leurs milieux de réintégration dans les provinces du Haut Katanga, Haut-Lomami, Ituri, Maniema, Nord Kivu, Sud Kivu, Tanganyika et la ville province de Kinshasa.

Faciliter l’accès des démobilisés à la terre

La FAO a mobilisé ses partenaires et les Inspections agricoles locales de l’agriculture pour sensibiliser les membres des comités d’accueil (MCA), les chefs de terres, les autorités coutumières et politico-administratives, les leaders des communautés pour faciliter l’accès à la terre aux ex-combattants démobilisés. Certains notables et chef des terres ont accepté de céder gratuitement leurs terres, d’autres ont demandé 10 pour cent de récoltes. Ce qui a facilité le démarrage des activités dans les lieux de réinsertions des ex combattants.

Grâce à l’encadrement et accompagnement technique des partenaires de la FAO, les ex-combattants appliquent avec succès les techniques agricoles administrées par la FAO lors des formations qualifiantes assurées dans les Centres de Préparation à la Réintégration de Kitona et Kamina : le défrichement, le labour et le piquetage,  la confection des plates-bandes ou des butes, le semis, l’entretien des champs, la récolte et la conservation des produits récoltés.

L’impact de l’action de la FAO

Un cas, parmi tant d’autres, mérite d’être partagé est celui de la récolte du maïs dans le Haut Katanga. Le démobilisé Claude  Kapya    Kasobe, qui, avec les dix Kg de maïs Babungo servi par le projet, a semé au mois d’octobre 2016, une superficie d’un hectare. En dépit de l’attaque de la chenille ravageuse, il a réalisé une production de 1890 Kg sur un hectare. Sous l’accompagnement de son ONG d’encadrement il a gardé 100 kg de maïs épis pour les semences, 790 Kg sont utilisés pour l’autoconsommation familiale. Il a vendu 1000 kg de maïs grain et a réalisé une recette 825 USD. En contre saison, il a réinvesti 425 USD pour l’acquisition d’un bas-fond maraîcher et la main d’œuvre où il a cultivé 30 ares d’aubergine, 25 ares de piment et 50 ares de tomate.   A la vente, il a réalisé une recette de 3461 USD. Avec les 500 USD épargné de la vente du maïs et le revenu obtenu de la vente de la tomate, aubergine et piment, il voulait acheter une voiture d’occasion à Likasi.

Mais déconseillé par le partenaire GAED qui l’encadre, il a accepté d’améliorer son cadre de vie et de diversifier d’abord ses activités de production pour augmenter ses sources de revenus. Ainsi, il a d’abord réhabilité sa maison qu’il a équipée avec des mobiliers neufs, des ustensiles de ménages et a acheté des beaux habits pour sa femme et ses trois enfants. Ensuite, il a investi dans l’élevage en acquérant 4 truies et 5 chèvres dont trois porcs sont déjà gestantes. Il avoue : « Pendant que j’étais combattant je ne pouvais même pas imaginer que j’allais avoir un bon cadre de vie avec une maison bien réhabilitée, les activités de production et de sources de revenus diversifiées. Grâce à la FAO, j’ai appris à faire l’agriculture et à diversifier mes revenus. Avec la persévérance apprise dans la vie de combattant, je suis parvenu à produire une grande quantité de maïs dont la vente m’a procuré un revenu suffisant pour améliorer mon bien être».

Les ambitions de Claude ne se sont pas limitées à ce niveau. « Avec les conseils de mes encadreurs, je projette de me procurer une unité de transformation des produits agricoles grâce aux revenus des productions des saisons agricoles prochaines », a affirmé Claude. Cela m’aidera à diversifier davantage mes activités et à créer une certaine stabilité de ma famille, a-t-il renchérit.

L’assistance de la FAO à travers le projet d’accompagnement des ex-combattants démobilisés pour leur réintégration socio-économique dans le secteur agricole avec les communautés d’accueil vise à amener les ex-combattants à abandonner durablement les armes et vivre des revenus de leurs activités agricoles de filières porteuses et surtout à imprimer la réconciliation nationale, la consolidation de la paix et la cohésion sociale en RD Congo.

L’amélioration de la production par l’utilisation des semences améliorées et des techniques adaptées sous l’accompagnement de la FAO, contribue à l’augmentation de la production, améliore la disponibilité alimentaire, et par voie de conséquence, la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les zones de réintégration des ex-combattants.