FAO en République démocratique du Congo

Les femmes, piliers du développement de l'agriculture

(Photo: ©FAO/Junior D. Kannah)
30/11/2017

Dans plusieurs pays africains, l’agriculture et l’élevage occupent une place importante dans l’économie. C’est dans ces régions que les femmes rurales jouent un rôle crucial pour assurer des moyens de subsistance durables et la sécurité alimentaire au sein de leur famille. Leur travail est fondamental non seulement pour le développement du foyer et de l’économie locale, mais également pour l’économie nationale. Elles représentent environ 43 pour cent de la production agricole dans les pays en développement, produisent, transforment et préparent la plupart des aliments.

L’accès des femmes à la terre

Malgré tout, les femmes sont disproportionnellement touchées par la pauvreté et souffrent de discriminations, de violence et d’insécurité sous des formes diverses. Les agricultrices sont aussi productives et dynamiques que leurs homologues masculins, mais elles ont un accès limité aux terres, aux outils aratoires, aux semences, aux technologies climato-intelligentes, aux micro-crédits et aux marchés.

Aujourd’hui encore, moins de 20 pour cent des propriétaires fonciers sont des femmes. La gestion des ressources foncières a toujours été l’un des éléments essentiels des activités des communautés rurales. Cependant, les femmes continuent de subir toutes sortes de discriminations qui les éloignent de cette ressource précieuse qu’est la terre, indispensable à leur autopromotion et au progrès social.

En République démocratique du Congo (RDC), les femmes rurales sont  indispensables dans la lutte contre l’insécurité alimentaire à travers leur implication dans les travaux des champs. Elles contribuent de manière significative à la production agricole, à la nutrition, à la gestion des terres et des ressources naturelles. Leur responsabilité est de cultiver les champs, collecter l'eau et le bois, et prendre soin de sa famille. Ces responsabilités familiales et domestiques sont souvent prenantes et leur laissent peu de temps à consacrer aux activités génératrices de revenus. L’agriculture de subsistance occupe alors une place importante dans leur sécurité alimentaire.

Le fait de veiller à ce que ces femmes accèdent aux ressources agricoles productives autonomise non seulement les femmes, mais contribue aussi à réduire la faim et la malnutrition dans le pays. En effet, 38 pour cent de la population congolaise accusent un régime alimentaire pauvre et limité ; près de six millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. L’amélioration de l’accès des femmes à la terre pourra accroître la production agricole et diversifier l’alimentation de la population, notamment des enfants.

Les politiques de la FAO en matière de genre

Afin de lutter contre la malnutrition en République démocratique du Congo, la FAO a intégré dans ses projets quelques aspects qui visent à promouvoir une alimentation saine et équilibrée. La première est l'élevage de cobayes, en particulier par les jeunes, ce qui  permettra d'améliorer l'accès des enfants aux protéines animales. Un autre aspect est la plantation de potagers dans les écoles et par les associations de femmes. Les légumes comme l’amarante qui contient des micronutriments riches en fer et fibre, essentiels pour la santé des femmes enceintes et allaitantes.

Selon la FAO, parvenir à l’égalité des genres en termes d’accès aux terres et aux moyens de production, aiderait la RDC à accroître sa production agricole de 20 %. Cette égalité permettrait aussi aux femmes, comme aux hommes, d’adopter des techniques et des stratégies adaptées aux changements climatiques pour assurer une continuité de leur production.

Renforcer l’autonomisation des femmes rurales

En Afrique sub-saharienne, la FAO a mis en œuvre une approche d’appui communautaire qui vise à fournir des appuis multisectoriels et intégrés dans le domaine technique, financier et social. Au niveau communautaire, les associations de femmes agricultrices bénéficient d’un accompagnement qui leur permet d’accroître leurs capacités financières et leur accès au crédit rural à travers l'introduction d'Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit (AVEC).

Tchibalenza Lubinji, membre de l’AVEC Wa mama tujenge (Les mamans, construisons ensemble) dans le Sud-Kivu, nous explique comment grâce à son accès au crédit elle a pu augmenter son stock de farine de manioc. « Avant, j’acheté la farine de manioc en petite quantité. Dès que j’ai eu accès au crédit, j’ai décidé d’acheter des champs de manioc déjà arrivés à maturité. Cela m’a permis d’augmenter le stock de manioc. Vu que le manioc est un aliment de base dans la région, j’ai rapidement agrandi ma clientèle. Désormais le village a toujours accès à la farine de manioc. J’ai pu rembourser mon crédit dans moins de trois mois. »

Le volet social est abordé via l’approche des clubs d’écoute Dimitra. En effet, ces cercles communautaires offrent la possibilité aux femmes et aux jeunes d’avoir une voix au sein des organisations paysannes à travers une participation active aux échanges sur les thèmes tels que la nutrition, l’alphabétisation et la cohésion sociale.

Ces interventions s'inscrivent dans une démarche innovante appelée les «Caisses de résilience». L’objectif est d'améliorer les moyens d’existence des femmes et des hommes vulnérables qui dépendent de l'agriculture.